Depuis le 15 avril 2014 le Parlement Européen à mis en place un nouveau dispositif, obligeant les entreprises cotées de plus de 500 salariés à publier leur compte « extra comptable » et ce, malgré la forte opposition de certains Etats et Organisations tels que Business Europe ou l’Association française des entreprises privées (AFEP). Ce résultat est à mettre entre autre à l’actif d’Eurosif (le Forum pour l'Investissement Durable et Responsable Européen), même si son Directeur Exécutif François Passant reste tout de même insatisfait suite à la « Réduction de Puissance » du texte initial.
La RSE, une arme d’influence utilisée par les anglo-saxons
L’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) ne cesse de se battre contre les barrières non tarifaires. Or, de nouvelles formes de protectionnisme continuent de parasite la multitude d’accords commerciaux entre Régions et entre Etats. Aujourd’hui, la compétition sur l’échiquier international se joue de manière offensive sur le bilan social, sociétal et environnemental formalisé par la RSE et non plus seulement sur le bilan financier des entreprises. Ce bilan extra-financier où l’on impose ses normes et ses valeurs, devient même une exigence sur des marchés internationaux financés par des bailleurs de fonds tels que la BAD, la BEI, la Banque Mondiale, la SFI, des Fonds d’Investissements, etc… ou tout simplement un outil d’appréciation ou de sanction sur les différentes places financières du monde. La RSE est devenue une arme de guerre économique du « soft power », entre les entreprises dans la conquête de marchés sensibles où la compétition est de plus en plus exacerbée, et où les anglo-saxons ont acquis l’art de l’utiliser.
Cependant, cette RSE rendant les entreprises plus vertueuses, a longtemps été l’apanage des pays européens et américains, mettant ainsi leurs compétiteurs hors des courses (pour exemple : Michel Doucin, ambassadeur en charge de la bioéthique et de la RSE pour la France a présenté, lors d’une présentation à l’EGE, le cas du Français Total qui fut initialement exclu du label anglo-saxon de la « Voluntary Principles on Security and Human Rights », puis intégré au dit label une fois que des intérêts franco-anglais en Birmanie furent en jeu.
La réappropriation de la RSE par des économies émergentes
Certains pays du BRIC’S (Brésil, Inde, Chine, Afrique du Sud) ont décidé de créer leurs propres normes RSE, notamment pour la conquête des marchés Africains. Avec pour chacune d’entre elles ses propres critères. Ce qui donne lorsque l’on regarde les classements des entreprises par pays par rapport à leur propre RSE, un résultat où l’on retrouve les Entreprises Publics et Privées nationales en tête ! Par conséquent, l’on pourrait se poser la question sur quelle RSE est la plus « éthique » ou la plus « écologique » ? Et quelle RSE est prise pour référence lors des compétitions ? Et quels sont les abus dans l’utilisation du Label ? Ce qui expliquerait l’existence d’une police de la « Greenwashing » pour traquer les fraudeurs à la RSE !
L’exemple de la chine illustre bien ces propos, sa RSE est entretenue par une vingtaine de centre de recherche et pas moins de deux centres de notation, pour l’ensemble des Entreprises publics-privées nationales. Avec la bourse de Hong Kong qui tient entre autre pour référence la « RSE » chinoise comme seul élément d’appréciation d’hors bilan. La velléité de la chine pour l’Afrique n’est plus à démontrer, le plan d’action de Beijing (2013 – 2015) de la 5eme Conférence Ministérielle du Forum sur la Coopération Sino-Africaine nous donne une idée sur la stratégie économique chinoise en vue de favoriser un développement « harmonieux » de l’Afrique. De même la quatrième conférence s’est terminée par la publication d’une déclaration sur la responsabilité sociale des entreprises chinoises.Les marchés africains sont de plus en plus sollicités par les pays du BRIC’S. Les pays occidentaux s’emmurent de leurs côtés dans des engagements d’hors bilan de plus en plus contraignants pour l’accès à ces marchés. Là où les BRIC’S ont mis en place une RSE ajustée au profit de leurs clients africains.