Joie de la poésie

Publié le 05 mai 2014 par Theatrummundi


Ça manque de joie !

Et ça manque d’attaque, de bagarre, de pamphlet !

Et ça manque de vie et ça manque de concret et pour le dire tout net, ça ne remue plus du tout !

Oui, c’est tout à fait neurasthénique, de renécharades jacottet-de-leurs-pompes en ésotérisme nombrileux à la con, de mysticisme de salle des profs en poncifs ikéa à éculer soi-même ! C’est abstrait pour rien dire et d’une pseudo-sagesse très très frilosophique ! Et je vous passe le Moije hautement sécurisé qui se prend pour Toto-le-Momo !

Voilà, c’est laborieux, c’est chiant et on s’emmerde dans vos miniatures additionnées bout à bout… ces formats courts, hérités parfois du sonnet mais plus souvent de l’adolescence, ne valent pas, et de loin, une carte postale communément amoureuse ou un SMS cul. C’est aride et frigide, ça pose à l’hyper-technicité quand il n’y en a plus, ça tartine le néant en abscondités tartes pour masquer à tout prix qu’on a vaisselle à faire, impôts à payer, chiards à torcher ou même à élever, bref, pour aller vite, toute une retraite à prendre.

Et le silence, bordel, qu’est-ce que ça rend bavard !

Et je ne crois pas du tout que le nombre sauve.

Le fait que beaucoup de gens, même, écrivent des poèmes ne dit rien du tout en faveur de la poésie, rien du tout, rien de rien. Surtout dans un monde, une société qui empêche l’accès à l’âge adulte, plongeant ses ouailles dans un long bain d’adolescence… On ne peut défendre le raffinement érotique d’une civilisation en arguant du nombre de mecs qui se branlent devant des vidéos sur youporn.

Je tiens que les gens qui défendent les poètes en disant que leur nom est légion sont en quelque sorte des porcs par anticipation. Par la bêtise ou par le calcul. Oui, je sais, c’est une référence biblique, évangélique même, et alors ?

Je crois à la joie, à la colère, à la bagarre, à la joie de la guerre, je crois à la vie, voilà, à la vie colorée, riche, infiniment foutraque, alternant à la nuit électrique et qui recouvre tout.

Je crois même aux noms propres et qu’il faut les donner. Pas seulement le nom de poètes fascinants comme ce pauvre crétin de Rimbaud, non, le nom de sa femme, de sa maîtresse, ou du crétin d’énarque qui fait office de président. Qu’on peut les donner dans le poème. Pas à côté ! Dans le poème. Oui, on peut. Au moins. Peut-être qu’il le faut, même. (C’est pour ça que je n’en donne pas ici, ils sont ailleurs.) Les bibelots m’emmerdent et leur inanité sonore fait un barouf moderne où tout vient se noyer.

Mais l’effort, mon vieux, l’effort… L’effort pour déboucher sur le que-dalle abscons ou le un mot pour un autre dans un gros exercice à trous… Pardon mais allez-vous faire foutre avec vos efforts ! Je veux bien faire un effort, des efforts, autant d’efforts qu’il faudra, mais pas pour rien, pas pour une sous-épluchure d’aphorisme à la con. L’effort n’a pas lieu d’être, qui donne accès seulement à des banalités pusillanimes certifiées Résistance, quelle usurpation dégueulasse, ou au nombril d’un con.

« Personne, mieux que Shakespeare, n’a su comment se passe la vie » a dit un excellent auteur. Et en effet, le gars qui brasse l’univers, des plus immenses empires jusqu’à l’infime repli psychique, se tenant en chaque chose, il se tient au-dessus. Mais franchement, franchement, le côté je-suis-en-retrait – pour faire comprendre au-dessus –, le côté pas-de-côté, le côté bond-hors-du-rang-des-meurtriers – alors que Kafka ne sort de ce rang qu’en disant au mieux le meurtre –, eh bien, ces côtés et pas-de-côtés, c’est du snobisme à deux balles, de la posture, de la posture, c’est tout. Ça n’ose rien du tout. C’est niais.

C’est même une petite posture de petit salopard moderne, de m’as-tu-vu qui joue à s’éclipser, c’est la posture quasiment générique du pervers intello, cette exception culturelle industriée de série ! et ce, qu’il jouisse de passer à la téloche à 23h45 sur CanalMoncul345 ou qu’il pleurniche sa maudissure dans des invendus sur vélin tirés à 112 exemplaires.

J’aime l’ampleur, la vivacité, l’injustice et la polémique. Je crois même à la paix parfois dans les bras d’une femme. Et je crois à la haute politique, à la pensée, à la colère, je crois à la beauté du plus plat paysage, et qu’un poète devrait d’abord écrire une constitution – et viable, hein, bande de panurgiques. J’aime l’ivresse et la raison et ne veux pas trancher, je veux tout, en ordre et en désordre, je veux une œuvre fleuve, tendre, abrupte, violente, une œuvre épique, intime, tendue entre ses extrêmes et polissant la contradiction apparente ou réelle, un fleuve immense charriant ses détritus, ses déchets, ses horreurs, sa datation réelle. Je crois à la marche dans les rues de la ville, à la lecture de vieux journaux introuvables, à l’enfance la plus terne pourrie déjà de dessins animés japonais,à l’ignominie des journalistes et autres romanciers, à l’intelligence avec l’ennemi, et qu’il n’est pas d’élite politique dont un peloton d’exécution ne puisse venir à bout !

Je crois à la souveraineté du poète et je veux être souverain d’un monde très très vaste, avec des gens inconnus, des paysages, des pays, des fleuves, des femmes, une histoire plein de fois millénaire, des guerres, des émeutes, des animaux, des chefs, des songes dont on ne s’évade pas, de la haine, de la vie, de la joie, de la colère – et des hommes, hélas, des hommes, même beaux. Je crois à l’épopée et que dit l’époque la vieille expression sans rime ni raison.

Alors oui, ça manque d’ampleur, et de joie, de cruauté et d’amour aussi, et ça manque de force dans un monde qui sombre – et, comment dire ? même quand ça souffre, ça souffre petit, ça souffre bourgeois. Et ça manque de souffle parce que ça manque de courage. Les pitits poètes se font dessus, ils exposent leurs rinçures, leurs souillures, leurs intimités psychologisantes qu’ils voudraient faire prendre pour une âme à laquelle ils ne croient plus, et déjà ils s’étonnent que le chaland ne vienne pas les renifler en masse. C’est au mieux une pissotière suisse, leur poésie. Ils en déduisent qu’ils sont une élite incomprise, méprisée du commun, et pour finir, allez, maudite !

C’est un suicide aux médocs, c’est minable, jusque dans l’ambition d’un entrefilet d’un jour dedans les faits divers ou les chiens écrasés. C’est petit. Vos miniatures, oui, c’est petit, c’est mesquin, c’est même parfois sincère, mais d’une sincérité qui évacue la parole, c’est chiant, c’est nul, ça fait chier, c’est pourri de morgue et c’est bandant comme un bloc-op.

Voilà, juste, ça manque d’ampleur, de joie, de courage, de satellites-espions et d’uranium appauvri. Ça manque de s’en foutre de ce qui ne dure pas. Ça voudrait tellement de la postérité que ça n’aura pas, et oui, ça veut tellement avoir raison plus tard que ça s’empêche de tout dire et ça ne dit rien, mais dans des abstrusions inutiles et quelconques.

Ça manque de courage.


Ça manque de joie !

Et ça manque d’attaque, de bagarre, de pamphlet !

Et ça manque de vie et ça manque de concret et pour le dire tout net, ça ne remue plus du tout !

Oui, c’est tout à fait neurasthénique, de renécharades jacottet-de-leurs-pompes en ésotérisme nombrileux à la con, de mysticisme de salle des profs en poncifs ikéa à éculer soi-même ! C’est abstrait pour rien dire et d’une pseudo-sagesse très très frilosophique ! Et je vous passe le Moije hautement sécurisé qui se prend pour Toto-le-Momo !

Voilà, c’est laborieux, c’est chiant et on s’emmerde dans vos miniatures additionnées bout à bout… ces formats courts, hérités parfois du sonnet mais plus souvent de l’adolescence, ne valent pas, et de loin, une carte postale communément amoureuse ou un SMS cul. C’est aride et frigide, ça pose à l’hyper-technicité quand il n’y en a plus, ça tartine le néant en abscondités tartes pour masquer à tout prix qu’on a vaisselle à faire, impôts à payer, chiards à torcher ou même à élever, bref, pour aller vite, toute une retraite à prendre.

Et le silence, bordel, qu’est-ce que ça rend bavard !

Et je ne crois pas du tout que le nombre sauve.

Le fait que beaucoup de gens, même, écrivent des poèmes ne dit rien du tout en faveur de la poésie, rien du tout, rien de rien. Surtout dans un monde, une société qui empêche l’accès à l’âge adulte, plongeant ses ouailles dans un long bain d’adolescence… On ne peut défendre le raffinement érotique d’une civilisation en arguant du nombre de mecs qui se branlent devant des vidéos sur youporn.

Je tiens que les gens qui défendent les poètes en disant que leur nom est légion sont en quelque sorte des porcs par anticipation. Par la bêtise ou par le calcul. Oui, je sais, c’est une référence biblique, évangélique même, et alors ?

Je crois à la joie, à la colère, à la bagarre, à la joie de la guerre, je crois à la vie, voilà, à la vie colorée, riche, infiniment foutraque, alternant à la nuit électrique et qui recouvre tout.

Je crois même aux noms propres et qu’il faut les donner. Pas seulement le nom de poètes fascinants comme ce pauvre crétin de Rimbaud, non, le nom de sa femme, de sa maîtresse, ou du crétin d’énarque qui fait office de président. Qu’on peut les donner dans le poème. Pas à côté ! Dans le poème. Oui, on peut. Au moins. Peut-être qu’il le faut, même. (C’est pour ça que je n’en donne pas ici, ils sont ailleurs.) Les bibelots m’emmerdent et leur inanité sonore fait un barouf moderne où tout vient se noyer.

Mais l’effort, mon vieux, l’effort… L’effort pour déboucher sur le que-dalle abscons ou le un mot pour un autre dans un gros exercice à trous… Pardon mais allez-vous faire foutre avec vos efforts ! Je veux bien faire un effort, des efforts, autant d’efforts qu’il faudra, mais pas pour rien, pas pour une sous-épluchure d’aphorisme à la con. L’effort n’a pas lieu d’être, qui donne accès seulement à des banalités pusillanimes certifiées Résistance, quelle usurpation dégueulasse, ou au nombril d’un con.

« Personne, mieux que Shakespeare, n’a su comment se passe la vie » a dit un excellent auteur. Et en effet, le gars qui brasse l’univers, des plus immenses empires jusqu’à l’infime repli psychique, se tenant en chaque chose, il se tient au-dessus. Mais franchement, franchement, le côté je-suis-en-retrait – pour faire comprendre au-dessus –, le côté pas-de-côté, le côté bond-hors-du-rang-des-meurtriers – alors que Kafka ne sort de ce rang qu’en disant au mieux le meurtre –, eh bien, ces côtés et pas-de-côtés, c’est du snobisme à deux balles, de la posture, de la posture, c’est tout. Ça n’ose rien du tout. C’est niais.

C’est même une petite posture de petit salopard moderne, de m’as-tu-vu qui joue à s’éclipser, c’est la posture quasiment générique du pervers intello, cette exception culturelle industriée de série ! et ce, qu’il jouisse de passer à la téloche à 23h45 sur CanalMoncul345 ou qu’il pleurniche sa maudissure dans des invendus sur vélin tirés à 112 exemplaires.

J’aime l’ampleur, la vivacité, l’injustice et la polémique. Je crois même à la paix parfois dans les bras d’une femme. Et je crois à la haute politique, à la pensée, à la colère, je crois à la beauté du plus plat paysage, et qu’un poète devrait d’abord écrire une constitution – et viable, hein, bande de panurgiques. J’aime l’ivresse et la raison et ne veux pas trancher, je veux tout, en ordre et en désordre, je veux une œuvre fleuve, tendre, abrupte, violente, une œuvre épique, intime, tendue entre ses extrêmes et polissant la contradiction apparente ou réelle, un fleuve immense charriant ses détritus, ses déchets, ses horreurs, sa datation réelle. Je crois à la marche dans les rues de la ville, à la lecture de vieux journaux introuvables, à l’enfance la plus terne pourrie déjà de dessins animés japonais,à l’ignominie des journalistes et autres romanciers, à l’intelligence avec l’ennemi, et qu’il n’est pas d’élite politique dont un peloton d’exécution ne puisse venir à bout !

Je crois à la souveraineté du poète et je veux être souverain d’un monde très très vaste, avec des gens inconnus, des paysages, des pays, des fleuves, des femmes, une histoire plein de fois millénaire, des guerres, des émeutes, des animaux, des chefs, des songes dont on ne s’évade pas, de la haine, de la vie, de la joie, de la colère – et des hommes, hélas, des hommes, même beaux. Je crois à l’épopée et que dit l’époque la vieille expression sans rime ni raison.

Alors oui, ça manque d’ampleur, et de joie, de cruauté et d’amour aussi, et ça manque de force dans un monde qui sombre – et, comment dire ? même quand ça souffre, ça souffre petit, ça souffre bourgeois. Et ça manque de souffle parce que ça manque de courage. Les pitits poètes se font dessus, ils exposent leurs rinçures, leurs souillures, leurs intimités psychologisantes qu’ils voudraient faire prendre pour une âme à laquelle ils ne croient plus, et déjà ils s’étonnent que le chaland ne vienne pas les renifler en masse. C’est au mieux une pissotière suisse, leur poésie. Ils en déduisent qu’ils sont une élite incomprise, méprisée du commun, et pour finir, allez, maudite !

C’est un suicide aux médocs, c’est minable, jusque dans l’ambition d’un entrefilet d’un jour dedans les faits divers ou les chiens écrasés. C’est petit. Vos miniatures, oui, c’est petit, c’est mesquin, c’est même parfois sincère, mais d’une sincérité qui évacue la parole, c’est chiant, c’est nul, ça fait chier, c’est pourri de morgue et c’est bandant comme un bloc-op.

Voilà, juste, ça manque d’ampleur, de joie, de courage, de satellites-espions et d’uranium appauvri. Ça manque de s’en foutre de ce qui ne dure pas. Ça voudrait tellement de la postérité que ça n’aura pas, et oui, ça veut tellement avoir raison plus tard que ça s’empêche de tout dire et ça ne dit rien, mais dans des abstrusions inutiles et quelconques.

Ça manque de courage.