Malgré l'énervement suscité par cet heureux événement, elles ont eu la gentillesse de m'accorder une entrevue.
PF from Bruno Barriere on Vimeo.
1. Quelle réflexion vous a poussé à démarrer votre magazine? Pourquoi la famille? Vous en donnez les prémisses sur votre site, mais comment s'est produit le déclic?Mariève: C’est par frustration comme parent d’abord, de lire que des trucs, des conseils et des recettes. Il y a des sujets fouillés qui touchent la famille qui ne sont pas abordés par les magazines destinés à la famille. Et aussi par frustration comme journaliste. Parce qu’on nous refusait parfois des sujets parce que c’était trop controversés, ou on préférait des témoignages au débat de fond de la question. Donc c’est venu sur la table dans un lunch entre deux amies, journalistes indépendantes… Mais on a eu le goût de poursuivre cette idée.
Sarah: Mariève le résume très bien. Je dirais aussi que j'ai eu la confirmation qu'on avait raison lors du dernier congrès de la FPJQ (Fédération des journalistes). AUCUN média destiné aux parents n'était présent, alors que des médias spécialisés y sont. Est-ce à dire que tout ce qui touche aux enfants, à la famille, aux parents (bref, à pas mal de monde!) n'entre pas dans le milieu journalistique? La famille, c'est un gros sujet de société, il faut s'y intéresser comme tout autre sujet: politique, environnement, santé, etc.
Journaliste indépendante depuis 2005, Mariève Paradis travaille sur plusieurs plateformes (web, magazines, hebdomadaires, radio et télévision).
2. Quels sont les sujets sur la famille qui méritent le plus d'attention selon vous? Mariève: On a tellement de sujets qu’on veut aborder! Mais entre autre l’école primaire est le prochain dossier. Les garderies aussi est un sujet qui nous intéresse. L’utilisation des technologies numériques en famille, la vaccination, l’immigration… Notre terrain de jeux est immense! Le plus important c’est qu’on veut que chaque thématique contienne des articles fouillés, basés sur des études scientifiques, des rapports, des recherches. On retourne à la base pour offrir du contenu fouillé.Sarah: Je dirais que tout sujet peut être traité selon l'angle famille, et selon l'approche Planète F. Prenons l'exemple des devoirs. Ailleurs, on le traiterait "micro": comment faciliter les devoirs, des trucs pour faciliter le retour à la maison, etc. Nous, on le traitera "macro": D'où vient la tradition des devoirs,Eest-ce que des chercheurs, des pédagogues les remettent en question, Comment ça se passe ailleurs dans le monde, Peut-on revoir la manière dont en pense l'école et les devoirs à la maison, etc. 3. Le sujet de la famille est souvent abordé dans une perspective très féminine. Comment accrocher les hommes sur ce sujet?Mariève: Justement, ça fait partie de la volonté de Planète F d’inclure les parents comme une équipe. Et comme on sort de la gestion quotidienne de la famille (lunchs, siestes, lavage, etc.), et qu’on aborde plutôt des dossiers de société, je crois que les pères pourront trouver leur compte!
Sarah: C'est vraiment un travail de longue haleine, je crois, de démontrer que les sujets familles s'adressent aux pères. En fait, ce n'est pas que ceux-ci ne s'intéressent pas à la famille (au contraire!), mais on leur réserve habituellement un "spécial papas" une fois par an, ou on les met dans des cases: les activités papa-fiston, les films de gars... Ce n'est clairement pas ça Planète F! Comme le dit Mariève, les sujets de société les intéressent au même titre que les mères. On veut qu'ils sachent que ce magazine s'adresse à eux autant qu'aux mères.
Sarah Poulin-Chartrand est journaliste indépendante depuis 2011, et diplômée en journalisme de l’Université de Montréal.
4. Quel est selon vous le sujet le plus tabou en lien avec la famille?Mariève: Il y a beaucoup de tabou en santé. Beaucoup d’information erronée circule. Mais la parentalité c’est tabou en général parce qu’on parle beaucoup d’expériences personnelles, de vécu. Et l’interprétation n’est pas la même pour tout le monde. C’est surtout pas TOUJOURS une extraordinaire expérience où tout le monde est fin, tout le monde est gentil, et où les fleurs poussent en bonbon… Planète F ne veut pas imposer de trucs, de conseils, de manière de faire ou de penser. Nous souhaitons exposer des situations. Le lecteur est assez intelligent pour faire l’interprétation de l’information.Sarah: on dirait qu'à chaque nouvelle petite «controverse» au Québec, on se rend compte que les sujets tabous liés à la famille ne manquent pas: l'allaitement (bonjour Mahée Paiement!), les pères porteuses (bonjour Joël Legendre!), tout finit par être le tabou de quelqu'un. J'ai donc de la misère à en choisir un. Pour nous, c'est ça qui rend Planète F intéressant: un sujet dérange? On va le creuser! Mais le sujet qui me fait le plus réfléchir en ce moment, c'est le fait de ne PAS avoir d'enfant. J'aimerais trouver une place pour ça sur Planète F. Les filles sans enfants sont constamment jugées à mon avis. Est-ce devenu le tabou numéro un? Peut-être...
Un abonnement de 25$ permet de consulter tous les contenus du magazine en ligne Planète F
5. Pendant longtemps, les questions familiales étaient de l'ordre de la sphère privée et associées exclusivement aux femmes. Comment cette thématique est-elle devenu un enjeu de société? Enfin, croyez-vous que c'est un enjeu de société qui concernent tous les citoyens? Même ceux qui n'ont pas d'enfants?Mariève: La famille, c’est pas juste un sujet pour les parents, c’est aussi un sujet de société… Et tout le monde devrait s’y intéresser. Même ceux qui n’ont pas d’enfants. D’ailleurs, c’est un sujet qui nous intéresse ça… Il y a des gens (hommes ET femmes) qui ne veulent pas d’enfants. Et on les écoute peu. Quand on sort de la gestion quotidienne, des trucs et des conseils, ça conseille tout le monde! Les enfants sont les futurs citoyens. Il faut aussi justement offrir du contenu plus large pour intéresser tout le monde.Sarah: ah ben zut, j'avais pas lu la dernière réponse de Mariève ;) Mais oui, la famille, c'est pas juste des parents et des enfants, c'est pas seulement un noyau étanche. Les enfants de la DPJ, les enfants de la secte Lev Tahor, etc, j'ose espérer que ça vient chercher tout le monde ces histoires-là! Faut-il être parent pour s'intéresser aux conséquences de nos politiques sociales, économiques, éducatives, sur les enfants? Je ne crois pas. On s'intéresse aux aînés avant d'en être un, non? C'est vraiment un changement d'habitude à faire: voir la famille comme faisant partie de la société, pas comme des petites cellules qui font chacun leurs trucs de leur côté. Mamamiiia! - L'état de la mère ou la mère dans tous ses états http://www.mamamiiia.com