On ne donnait pas trop cher de la peau de ce rookie rouquin fiché par XXL après la sortie de son album Asleep in the Bread Aisle chez SRC Records (filiale d’Universal) en 2009. Avec son style d’étudiant de fac, son album a été taxé trop vite de ‘frat-rap’ et malgré quelques tubes radio, on ne voyait pas comment ce rappeur de Morrisville en Pennsylvanie pouvait espérer continuer dans cette voie. Vraisemblablement que les choix artistiques de sa maison de disque pour rendre son rap plus mainstream a muselé son véritable potentiel artistique. Il est tout de même recueilli chez Def Jam pour poursuivre ses aventures en préparant un second album et en visitant les villes du monde pour des concerts. Mais le label rap historique le fait poireauter minablement pendant trois ans. Le truc classique : des extraits dévoilés aussitôt oubliés, des noms d’album qui changent d’une année à l’autre, des prédictions de sortie repoussées…
Alors il a fait un choix radical : il a ‘rebooté’ sa carrière. Au revoir les majors, bonjour la liberté. Il rejoint le label indépendant Federal Prism Records et enregistre une poignées de morceaux avec les Blended Babies. Dix tout ronds ont été gardés pour RetroHash, qui n’est autre que l’anagramme de son nom-prénom. En effet, sa musique n’a plus rien à voir avec ce qu’il faisait précédemment. On est loin du gamin issu de la middle-class qui se faisait les dents dans des battles de rap. Du rap on est passé au chant et ça surprend dès "Parties at the Disco" avec ZZ Ward, avant de rétropédaler avec une rythmique hip-hop sur "Dude" avec le nonchalant Curren$y. Asher et les Blended Babies ont mélangé tout plein de genres : le rap, le blues, le pop/folk comme le confirment le single "Pot of Gold", "Keep Smoking" (feat Chuck Inglish) et "Fast Life" (feat Vic Mensa), avec une chouille de disco désertique comme l’excellent single "Tangerine Girl" et son refrain entêtant (loudoudou doudouuuuuu).
RetroHash est un album qui correspond bien à son auteur. Très coloré, il y en a pour tous les goûts, avec de possibles tubes à la clef (presque un comble). Les goûts et les couleurs, justement, feront que cette nouvelle approche ne conviendra pas à tous, toutefois Asher Roth s’est émancipé musicalement et il le démontre sans difficulté. Def Jam peut s’en mordre les doigts, le rappeur de "I Love College" a fait le bon choix. On est maintenant curieux de voir comment les choses vont évoluer.