Source : Tvasports.ca
Il y a maintenant Ginette à Montréal, mais il y a Rene depuis une éternité à Boston. Depuis 1976, Rene Rancourt chante les hymnes nationaux au Garden, d'abord dans celui aujourd'hui détruit, puis dans l'actuel Garden.
Rancourt n’a jamais chaussé les patins, il n’a jamais revêtu l’uniforme des Bruins, mais il fait tout de même partie des légendes de cette organisation. À la fin de l’hymne américain, il soulève la foule avec ses nombreux moulinets et petits coups de poing, dont le nombre varie selon son humeur ou l’importance du match.
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Avant le premier match de la série entre le Canadien et les Bruins, l’Américain originaire de Lowell au Massachusetts a raconté son parcours au Journal de Montréal dans une loge du TD Garden.
Avant de décrire sa petite histoire, le sympathique chanteur a offert un message à sa nouvelle rivale de Montréal, la grande Ginette Reno.
«Si vous parlez à Ginette, pouvez-vous lui dire que je suis un de ses plus grands admirateurs, a raconté Rancourt. Je la connais bien, je connais ses chansons. Elle a une fabuleuse voix. Je n’ai jamais eu la chance de la rencontrer. Si je croise un grand chanteur ou une grande chanteuse, je suis toujours le premier à faire la file dans l’espoir de lui serrer la main. Je sais à quel point c’est un métier difficile.»
Voilà pour le petit message.
En remplacement de Kate Smith
Rene Rancourt n’a pas fait ses débuts à Boston dans le paysage des Bruins. Il a appris son métier avec les Red Sox de Boston, au Fenway Park.
«Peu de gens connaissent mon histoire, mais je suis devenu le chanteur des Bruins grâce aux Red Sox, a expliqué l’ancien étudiant en opéra à l’Université de Boston. J’avais gagné un concours de chanteur et le prix était d’obtenir la chance d’interpréter l’hymne des États-Unis au Fenway Park.
C’était à la fin des années 1960. J’ai fait des matchs d’ouverture au Fenway Park pendant six ou sept années d’affilée.»
«Je me souviens aussi d’un autre grand moment avec les Red Sox, a-t-il poursuivi. C’était en 1975. Kate Smith, celle qui chantait le God Bless America pour les Flyers de Philadelphie, devait chanter au Fenway lors de la Série mondiale. Elle s’était absentée pour une rencontre puisqu’elle était malade et les Red Sox m’avaient choisi comme remplaçant.»
«Je garderai toujours ce match en mémoire. Carlton Fisk avait frappé l’un des plus célèbres circuits de l’histoire. Il soufflait sur sa balle pour qu’elle reste dans le bon territoire. C’était le sixième match de la Série mondiale entre les Reds de Cincinnati et les Red Sox. Boston avait gagné le sixième match, mais les Reds avaient finalement remporté les grands honneurs.»
Un an après la Série mondiale de 1975, Rancourt a finalement déménagé pour de bon.
«John Kiley, le célèbre organiste des Bruins, mais avant des Red Sox, m’a demandé de venir chanter pour les Bruins, a-t-il dit. Je ne savais même pas où les Bruins jouaient. Il m’avait répondu : tu dois prendre le métro et tu sors à North Station. Tu trouveras l’édifice. J’ai finalement trouvé l’édifice assez rapidement. Aujourd’hui, c’est pratiquement ma deuxième maison même si ce n’est plus le vieux Garden.»
Une bonne réplique
Dans les rues de Boston, Rancourt passe rarement incognito.
«On me reconnaît dans les rues de Boston. Très souvent, les gens vont me chanter le «Ô Canada». Ils croient toujours qu’ils sont les premiers à faire cette blague. Je les écoute chanter pour 30 secondes et je finis par répondre: «Ô Canada, ne quitte pas ton emploi régulier.»
Des racines francophones
Comme des milliers d’Américains de la Nouvelle-Angleterre, Rene Rancourt ne parle pratiquement plus la langue de Molière.
«Je sais que ma famille, mes ancêtres, sont originaires du Québec, a-t-il dit. Je n’ai malheureusement pas fait de recherches pour savoir de quelle ville mes ancêtres proviennent.»
Né à Lewiston au Maine en 1939, le mythique chanteur des Bruins a grandi dans un univers assez francophone.
«Mes parents et mes grands-parents me parlaient en français à la maison, a-t-il raconté. Ce n’était pas le français parisien, ils mélangeaient des mots en anglais et en français.»
«Je n’ai pas la chance de parler souvent français aujourd’hui, a-t-il expliqué en anglais. Mon vocabulaire est pratiquement inexistant aujourd’hui. Si je vivais à Montréal, je serais capable de réveiller la portion francophone de mon cerveau. Juste en écoutant la radio ou la télévision, je sais que mon français reviendrait.»
De la radio en français
Dans la loge du TD Garden, Rancourt a glissé quelques mots en français, mais il revenait très rapidement à sa langue de tous les jours.
«Quand j’ai appris l’hymne national du Canada, je le savais uniquement en français, a-t-il expliqué avec le sourire. J’ai découvert les mots anglais uniquement à mon arrivée à Boston.»
D’une grande gentillesse, l’homme de 74 ans a raconté une petite anecdote.
«Je me souviens d’un match entre les Bruins et le CH à Boston, il y a plusieurs années. Le gars de la radio de Montréal m’avait fait une demande pour une entrevue entre les périodes. Trente secondes avant d’entrer en ondes, il m’a prévenu qu’on faisait l’entrevue en français. C’était un cauchemar. Il avait posé toutes les questions en français.»