Il y a ceux qui aiment parler de Tanger! Ceux-là invoqueront Paul Bowles sans en avoir lu une ligne et seront persuadés que Ahmed Choukri est un monument de la littérature. En effet, cela fait tendance, cela donne un petit air d’intellectuel de “gôche”!
Il y a ceux qui aiment s’écouter parler de Tanger! Et à force, ils finissent par ressasser les mêmes phrases, à rappeler les mêmes personnages, à citer les mêmes événements. Et à force, ils finissent par croire que ce qu’ils racontent constitue la réalité de Tanger et celle des tangérois. Ils sont convaincus par exemple que c’est le statut de ville internationale et son cosmopolitisme vieillot qui ont fait de Tanger ce qu’elle a été, ce qu’elle est et ce qu’elle sera.
Il y a aussi ceux que l’on aime écouter parler de Tanger. Ils sont plus rares, bien sûr! Ceux-là ont le privilège de connaitre la ville pour l’avoir scrutée, observée, étudiée. Et bien sûr aimée! Ils peuvent l’aimer pour ce qu’elle est véritablement et non pas pour ce que la légende et les fantasmes de certains ont bien en faire.
Mohamed K. TEMSAMANI est de ceux-là : il connait Tanger, en fait “Tanja”, pas le Tanger de pacotille, celui des hôtels et des bars chics; celui des salons enfumés de douces senteurs douteuses, pas le Tanger des films à deux sous et des romans à trois balles!
Non, il connait le Tanger dont la nature a permis l’existence : car, beaucoup semblent oublier que sans le coup de pouce de la nature, jamais Tanger ne serait ce qu’elle ait.
Ce n’est ni Foulmane ni Fertelane qui ont fait Tanger, mais sa situation géographique.
Dans cet esprit, il a concocté une petit ouvrage absolument essentiel pour la connaissance de la ville de Tanger et surtout de son environnement naturel, que trop de personnes ignorent, parce qu’il n’a pas de bon ton de s’intéresser aux arbres, aux oiseux, aux roches, à la mer et à l’air, alors que les ragots, les légendes et les fantasmes sont mieux acceptés s’agissant de cette ville.
Dans “PERDICARIS-RMILAT, Un patrimoine naturel d’exception à Tanger“, publié en 2011 par la “Asociacion Cervantes de Accion Cultural y de Amistad Hipano-Marroqui“, Mohamed K. Temsamani nous fait découvrir, pays de Tanger.
Sans s’attarder inutilement sur Perdicaris, qui fait partie des “fantasmes” tangérois qui hantent les mémoires de ceux qui aiment parler de Tanger et de ceux qui aiment s’écouter en parler, Mohamed K. Temsamani nous promène à travers les sentiers du parc qui avait appartenu à cet aventurier, en nous en dévoilant sa flore et sa faune, sa diversité biologique et en ouvrant la réflexion sur l’intérêt des espaces naturels urbains.
La lecture de cet ouvrage ne vous apportera pas de scoops sur les “people” qui ont fréquenté ou qui fréquentent Tanger mais elle vous apprendra bien des mystères sur l’étonnante masse végétale de cette partie du Maroc, ancrée entre l’Atlantique et le détroit de Gibraltar.
Il n’y sera bien sûr pas question ni d’éphèbes alanguis, ni de touristes dépravés, mais, entre cyprès Lambert ”battus par les vents marins” et de chènes Zene, l’un des trésor du parc, de “printemps infini”, d’hivers durant lesquels “les rochers fleurissent”.
Le travail de Tensamani est agrémenté de très belles photographies prises par l’auteur, de dessins, de plans et cartes.
Alors un conseil : si vous allez à Tanger, ne manquez pas de visiter le Parc Percicaris qui jouxte le fameux site de Rmilat, sur la route vers le Cap Spartel. Comme le font les milliers de tangérois chaque week-end!
Mais munissez-vous de l’ouvrage de Mohamed Temsamani : vous pouvez le feuilleter en vous promenant! Vous aurez une autre idée de Tanger et nous ne le regretterez pas!