En dépit du « fameux » stéréotype des garçons réussissant mieux en mathématiques et en sciences, les filles obtiennent de meilleures notes que les garçons tout au long de leur cursus scolaire et cela dure depuis près d’un siècle, révèle cette analyse de l’Université du Nouveau-Brunswick (Canada). Faisant fi des schémas stéréotypés encore influents sur les comportements des élèves des 2 sexes, cette analyse porte sur les résultats scolaires même des enfants, qui traduisent plus fidèlement des performances de long terme, alors que les tests standardisés, généralement pris en compte dans les autres études, évaluent les capacités à un moment donné dans le temps et dans un contexte psychologique qui peut entraîner un biais.
Cette méta-analyse a analysé les notes scolaires, recueillies par 308 études, durant près d’un siècle (de 1914 à 2011), pour plus d’un million d’élèves et d’étudiants, soit 538.710 garçons et 595.332 filles, du cours élémentaire à l’université, dans 30 pays puis a évalué les différences de réussite scolaire selon le sexe. 70% des données venaient des États-Unis, les autres données d’Afrique, d’Allemagne, d’Arabie saoudite, d’Australie, de Belgique, du Canada, d’Estonie, de Finlande, d’Inde, d’Iran, de Jordanie, de Hong Kong, d’Israël, de Malaisie, du Mexique, de Norvège, de Nouvelle-Zélande, des Pays-Bas, du Portugal, de République tchèque, du Royaume-Uni, de Serbie, de Slovaquie, de Slovénie, de Suède, de Taiwan et de Turquie.
L’unité de mesure de la taille de l’écart adoptée ici est celle de la différence moyenne de performance normalisée (« d de Cohen, Cohen, 1988 »). Cette mesure de l’ampleur a été calculée ainsi : (moyenne des notes pour les filles – moyenne des notes pour les garçons)/écart type total. Une formule qui tient compte dans sa construction (filles-garçons) de l’hypothèse que les filles,- à la lecture des différentes études prises en compte-font la plupart du temps mieux que les garçons. Enfin, les facteurs de confusion (âge, matériel de cours, nationalité, ethnie…) ont été pris en compte.
L’analyse révèle,
· une réussite scolaire supérieure chez les filles vs garçons, dans la plupart des matières dont les langues, mathématiques et sciences contrairement aux résultats obtenus via des tests de capacités ponctuels.
· Cette supériorité scolaire est constatée sur toute la période étudiée.
· Précisément, sur l’ensemble des données, un avantage féminin d : 0,225,
· un avantage clair pour les filles/femmes en mathématiques et en sciences à partir du milieu du collège, contrairement à l’idée reçue, et globalement : d : 0,069
· un avantage plus important pour les filles/femmes pour les cours de langues : d : 0,374
· une augmentation de l’écart entre les sexes du primaire au collège, puis une réduction de cet écart au lycée et à l’université.
Un phénomène mondial bien caché ! En conclusion, le Pr Daniel Voyer, de l’Université du Nouveau-Brunswick et auteur principal de l’étude, conclut à une « suprématie » des filles, stable sur l’ensemble du cursus et des matières scolaires. « Le fait que les filles obtiennent généralement de meilleurs résultats que leurs homologues masculins à travers l’ensemble de la scolarité obligatoire dans la plupart des pays semble être un secret bien gardé. C’est pourtant « un phénomène mondial ».
Sur les comportements parentaux, prétendre que les garçons sont meilleurs en maths et en sciences, a peut-être l’effet inverse et encourage en fait les filles à s’investir davantage dans leurs études, ce qui pourrait contribuer à expliquer cet avantage féminin.
Mettre l’accent sur la maîtrise produit généralement de meilleurs résultats que mettre l’accent sur la performance, concluent les auteurs.
Source: Psychological Bulletin April 28, 2014 DOI: org/10.1037/a0036620Gender Differences in Scholastic Achievement: A Meta-Analysis (Visuel© grafikplusfoto – Fotolia.com)