Magazine Entreprise

Ali Kahlane, Président de l’Association algérienne des fournisseurs de services internet (AAFSI) à “Liberté”-“Elle a accéléré l’accès à Internet à des millions d’Algériens”

Publié le 04 mai 2014 par Ouadayazid1

Par : K. Remouche Ali Kahlane, Président de l’Association algérienne des fournisseurs de services internet (AAFSI) à “Liberté”-“Elle a accéléré l’accès à Internet à des millions d’Algériens”

Liberté : Quel est l'apport de la 3G au développement des TIC en Algérie ?


Ali Kahlane :
Il est indéniable que l'introduction du mobile a eu un impact sans précédent tant sur la société que sur l’économie de notre pays. La dérèglementation du marché des télécommunications au tournant de ce millénaire a permis à une très large proportion de la population d'accéder enfin au réseau mondial de télécommunications, comme elle ne l’aurait jamais espéré. Nos trois opérateurs mobiles Djezzy, Mobilis et Ooredoo sont classés parmi les 20 premiers en Afrique. Selon les derniers chiffres de l’ARPT, nous jouissons d’une télé-densité record de plus 102% avec un nombre d’abonnés de 150 000 en 2001, pour être multiplié par 8 en 2004 pour passer de 5 millions à près de 40 millions actuellement. Alors que la télé-densité du téléphone fixe est de 9% avec un peu plus de 3,2 millions d’abonnés.


Le lancement de la 3G en décembre dernier est en train de modifier profondément notre relation avec le téléphone qui ne sert plus qu’à la simple communication vocale, capable de se connecter à Internet, mieux encore faisant partie intégrante du réseau mondial. Capable d’emporter des centaines d’applications qui lui permettent de pratiquement tout faire dans le domaine du traitement de l’information aussi bien personnelle, régionale, nationale ou même internationale. Dans moins de 3 ans, la totalité du pays serait couverte par la 3G, et, si l’on croit les annonces tant du ministère du secteur que d’Algérie Télécom,  la 4G/LTE va même venir la renforcer (filaire en mai et mobile à la fin 2015).


Le mobile, ce véritable couteau suisse numérique et ses deux cousins muets, la tablette et la clef USB sont, à eux seuls, en train d’accélérer le développement et l’utilisation des TIC comme ne l’aurait jamais espéré les rédacteurs du programme e-Algérie en 2008.


Le nombre d’abonnés à l’internet filaire tourne actuellement autour de 1,3 million dont 4% professionnels. L’État avait prévu d’atteindre le chiffre de 6 millions de connectés à la fin de 2013. Avec Mobilis et Ooredoo opérationnels depuis décembre et l’entrée en lice de Djezzy prévue dans quelques semaines, l’internet mobile va réaliser ce chiffre mythique et certainement le dépasser en moins d’un an, c’est-à-dire bien avant le lancement de la 4G/LTE, ce que l’ADSL n’a pas réussi à faire depuis plus de 10 ans !
Comment analysez-vous la courte expérience en matière d'introduction de la 3G en Algérie ?


Cela va être difficile en l’absence de chiffres et de communications de la part tant des opérateurs, ayant lancé la 3G que de l’ARPT qui n’a pas communiqué à ce propos et dont le dernier bulletin trimestriel d’information n’est toujours pas publié.


À travers le peu d’information ayant pu filtrer et surtout le nombre et la nature des annonces ponctuées par des offres aussi alléchantes les unes que les autres, on doit reconnaître que mécaniquement, ce nombre doit être très important, sachant que les opérateurs avouent enregistrer “des milliers d’abonnés par jour” tel que Mobilis l’annonçait lors de sa dernière sortie.


Mettant pour le moment de côté Djezzy qui n’a pas encore lancé sa 3G, partant du principe benchmark incorporant toutes les données en notre possession nous pouvons avancer, sans trop nous tromper un nombre d’utilisateurs de la 3G qui devrait avoisiner les 15% de la base clientèle de Mobilis et d’Ooredoo cumulée.


Rajoutez à cela l’utilisation des clés Internet qui a le succès que nous attendions pour 2 catégories de citoyens, d’abord les mécontents de leur connexion ADSL  mais également ceux qui n’ont jamais pu avoir de connexion du tout. Nous estimons que ces deux derniers ont contribué à ce chiffre d’au moins 5%. Il est raisonnable d’anticiper que ce chiffre va faire un bond appréciable à l’approche et pendant la Coupe du Monde.
Que reste-t-il à faire pour améliorer la qualité de service de la 3G et la généraliser en Algérie ?


Tout comme l’Internet et en général, la 3G est victime de son succès. Des 42 Mbs , certes théorique, annoncés avant le lancement de la 3G, les 20 Mbps en moyenne clamés par les opérateurs et enfin les 1,2 et 5 à 7 Mbps constatés ou effectivement reçus par les consommateurs sur le terrain, le désanchantement est mitigé mais bien là. Il est vrai qu’au temps fort de l’utilisation de l’Internet, à des moments particuliers de la journée on constatait une baisse du débit de l’Internet.


Le même phénomène est constaté à l’échelle d’un pays ou d’un opérateur à l’autre, ce type de délestage est enregistré. La demande effrénée de bande passante suite au lancement de la 3G provoque des pics  le soir, le wee-kend où le débit baisse d’une manière dramatique chez pratiquement tout le monde sans distinction d’opérateurs.
Cette baisse de la qualité de service en termes de débit ne pourrait vouloir dire qu’au moins deux choses : soit que la bande passante ne suffit tout simplement pas en prendre en charge tous les consommateurs à un instant donné, soit que le fournisseur (Algérie Télécom) de cette bande passante pour tous les opérateurs n’arrive pas à en fournir suffisamment. Car, on ne peut imaginer que les opérateurs puissent limiter la consommation de la bande passante au risque de diminuer leur revenu avec une telle demande à la clef.


Comme partout dans le monde, cette demande boostée par la 3G et une mobilité qui est favorisée par l’utilisation de plus en plus importante de smartphones et surtout de tablettes, véritable phénomène de société avec les clés internet qui donne une connexion à ceux qui ne le croyait plus possible de leur vivant. La demande en bande passante ne peut qu’aller crescendo et de plus en plus vite, il est donc indispensable et urgent qu’Algérie Télécom prenne les devants pour la prise en charge de cette demande. Elle va au moins doubler d’ici janvier 2016, si nous devions rajouter à cela la 4G/LT2 fixe qui sera lancée par Algérie Télécom dès le début du mois prochain et la 4G/LTE mobile à la fin de 2015.


En plus d’une bande passante abondante et disponible partout, il reste bien sûr, pour les opérateurs de d’abord améliorer la couverture des wilayas qu’ils ont connectées à la 3G conformément à leur cahier des charges notamment par un renforcement de BTS (Stations de base permettant la couverture du réseau mobile), et ensuite et très vite effectuer des mises à jour technologique des équipements pour la prise en charge de plus d’abonnés 3G dans un périmètre donné sans détérioration de qualité. C’est le rôle de l’ARPT de veiller à la stricte application de ces dispositions que les consommateurs peuvent très bien signaler soit en communiquant directement avec l’Autorité elle-même, soit avec l’Association des consommateurs des Télécoms, APOCE.
Pourquoi faut-il accélérer l'introduction de la 4G en Algérie ?


Le lancement de la 4G/LTE est une très bonne chose et doit mériter le meilleur des encouragements pour qu’elle se réalise comme prévu et dans les meilleures conditions possibles. Cela va permettre d’abord aux professionnels, pour qui elle est destiné d’avoir une connexion à même de répondre à leur besoin en connectivité et de rejoindre enfin le concert des nations pour une communication de qualité en adéquation avec les meilleures pratiques.


Cela permettra à Algérie Télécom d’enfin différencier techniquement et surtout en termes de qualité, la connexion ADSL résidentielle de la connexion professionnelle dont la seule différence aux dires de tous les utilisateurs professionnels, jusqu’à aujourd’hui n’est que le prix, deux fois plus cher.


Ce type de connexion, sans fil, est un plus indéniable à la fibre optique. Elle peut arroser beaucoup plus facilement des endroits sans infrastructure télécoms ce qui va permettre à Algérie Télécom de remplir ses objectifs de connectivité en un temps rapide puis atteindre et écourter un peu plus les délais de couverture du pays en haut et très haut débit, tel que prévus par le gouvernement.
Pour réduire la facture numérique en Algérie, pensez-vous qu'avec l'introduction de la 3G , l'opération Ousratic n'est plus d'actualité ?


Ousratic a vécu le temps des annonces ministériels qui l’ont nourries pendant près d’une décennie. Le prix des ordinateurs et en particulier les portables (laptops), l’utilisation du mobile-smartphone, des tablettes et surtout des clés internet, rajoutez à cela le niveau de vie  de l’Algérien qui n’est plus celui d’il y a 10 ans, ont complètement changé les paradigmes qui ont présidé à l’utilisation des TIC lors du lancement d’Ousratic.


Ousratic, un programme annoncé et porté par le MPTIC (annoncé par le Président de la République lors du discours qu’il a donné au SMSI de Tunis en 2005) devait permettre à 5 millions de foyers algériens en l’espace de 5 ans d’avoir un ordinateur connecté à l’Internet. Cela devait être fait finalisé en 2010. Une chose est sûre avec ou sans Ousratic, les 5 millions d’Algériens utilisant des ordinateurs est depuis longtemps dépassés, à voir  les chiffres et statistiques des Douanes, du MPTIC et ceux de l’ARPT qui recoupent un nombre  d’unités dépassant largement toutes les prévisions faites à la fin des années 2000, bon an mal an, aussi bien  en ordinateurs qu’en portables (laptops), cela sans compter les tablettes, qui sont des ordinateurs à part entière à cause de l’utilisation qu’en fait l’Algérien et  qui sont en train d’affoler tous les compteurs en place.
Le mobile intelligent a non seulement bousculé et transformé notre manière de communiquer, de former et de se former, de travailler et de se divertir,  ce véritable couteau suisse numérique et ses deux cousines muettes, la tablette et la clef USB sont, à eux seuls, en train d’accélérer le développement et l’utilisation des TIC comme ne l’aurait jamais espérer les rédacteurs du programme e-Algérie.

A. K.
(*) Président de Satlinker, ISP Membre du Care (Centre d’action et de réflexion autour de l’entreprise)


http://www.liberte-algerie.com/dossiers-economiques/elle-a-accelere-l-acces-a-internet-a-des-millions-d-algeriens-ali-kahlane-president-de-l-association-algerienne-des-fournisseurs-de-services-internet-aafsi-a-liberte-220491


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Ouadayazid1 3105 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines