C'était une ancienne hôtesse au pavillon Coca-Cola qui signait la chronique. Elle titrait ça "L'Exposition Universelle de 1964 n'était pas Terrible" (The 1964 World's Fair Wasn't So Great).
Dans cet article, elle parlait de son expérience comme hôtesse au pavillon Coca-Cola. Une horreur selon elle, pas complètement étrangère aux horreurs de nos jours, avec des placements de produits envahissant partout.
Elle soulignait que les belles filles et les jolis garçons, étaient tous placés dans des postes d'hôte et d'hôtesse dans les salons V.I.P. et autres événements importants. Jusque là, rien d'anormal. Elle disait aussi que les noirs, étaient cachés dans des postes de casse-croûte, d'entretien ménager, et d'homme-à-tout-faire. Et ce, même si les bureaux chefs de Coca-Cola, étaient (sont encore) en Georgie, à Atlanta, un état du Sud des États-Unis, largement coloré.
Mais en 1964, les noirs n'étaient pas complètement intégrés aux activités des blancs aux États-Unis. Exactement au même moment au Québec, une de mes tantes, une soeur ainée à mon père, présentait un noir comme amoureux à ses parents (mes grands-parents) et causait une lègère commotion*.
L'article de Joyce Purnick n'en est pas à une discrimination près. Plus loin, elle raconte qu'elle devait remplacer un soir, au salon V.I.P., une collègue qui avait dû s'absenter. Quand on a découvert qu'elle était juive le lendemain, elle n'a plus jamais travaillé ailleurs qu'à son poste original.
C'était une autre Amérique.
Moins éduquée qu'elle ne l'est aujourd'hui.
Une Amérique ou la maturité morale trouvait tout à fait normal de faire preuve de racisme.
Une Amérique au racisme latent, qui trouve encore quelques germes ici et là chez les plus âgés...
La semaine dernière, nous étions étrangement en 1964.
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Donald Sterling, actuel propriétaire des Clippers de L.A. dans la NBA, avait 30 ans en 1964. Il n'aurait jamais discriminé une juive car il est juif lui-même, mais il aurait discriminé un noir sans problème.
Son ancienne amoureuse, en septembre dernier, publie une photo d'elle-même sur Instagram en compagnie de l'ancienne superstar du basket Magic Johnson. Sterling, outré, s'en prend verbalement à elle.
(Question absurde, son amoureuse est elle-même d'origine mixte: latino et afro-américaine!)
"Des gens t'on dit que j'avais des noirs sur mon compte Instagram et ça de te dérange?" demande-t-elle, calculatrice.
"OUI, ça me dérange beaucoup que tu veuilles faire la promotion...que tu diffuses des images qui t'associent à des noirs!"
Il a dit tout ça probablement sans même réaliser qu'il chargeait un fusil qui allait lui sauter sur sa propre tempe. Un fusil qu'il portait sur lui depuis toujours. Un défaut de conception fatal.
Le commissaire de la ligue a agit en vrai leader en bannissant à vie le raciste de la NBA et en lui ordonnant de vendre le club.
Il fallait à la fois condamner ce que Donald Sterling est , mais aussi le remercier d'avoir tracé une ligne qu'il ne faudrait plus jamais franchir. Et lui dire aussi merci pour avoir unifié la NBA comme rarement auparavant.
50 ans après L'Exposition Universelle de Flushing Meadows, les gens ont évolué.
Don Sterling est toujours en 1964 dans sa tête.
Les fusils que l'on charge soi-même ont toujours des chances d'échapper une balle dans votre cuisse si vous ne jouer pas franc jeu en tout temps.
Sterling le sait peut-être maintenant.