La Gendarmerie Nationale, institution chère au cœur de votre serviteur, est un peu top souvent ignorée par les spécialistes des questions de Défense, lors même que, de par sa composition et ses missions, elle remplit des tâches essentielles pour la sécurité publique, aussi bien sur le territoire qu’à l’occasion de missions extérieures (en témoignent les déploiements au Kosovo, par exemple). De ce fait, elle sera également touchée par les prochaines réformes issues de la RGPP ainsi que par les inflexions présentées dans le prochain Livre Blanc.
N’oublions pas non plus que, selon le souhait du Président de la République, la Gendarmerie sera prochainement rattachée au ministère de l’Intérieur, une réforme (même une révolution…) qui n’est pas sans soulever quelques questions sur les conséquences et les ajustements qu’elle entrainera.
La Commission des Affaires étrangères, de la Défense et des forces armées du Sénat a présenté mercredi 16 avril son rapport d’information sur l’avenir de l’organisation et des missions de la Gendarmerie. Le lecteur pourra en consulter la synthèse pour s’informer utilement.
Sans remettre en cause la décision présidentielle, le rapport insiste sur quelques points qui méritent l’attention. Citons, entres autres, parmi les dix sept recommandations retenues :
- La reconnaissance de la Gendarmerie en tant que « quatrième armée ».
- Le maintien du statut militaire ainsi que d’une direction générale de la Gendarmerie Nationale au sein du ministère de l’Intérieur.
- La maintien, au minimum, des effectifs de la Gendarmerie à leur niveau actuel. A ce titre, le rapport alerte sur le fait que l’application du principe de non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite se traduirait par la suppression d’un poste de gendarme par Brigade Territoriale (soit 3500 personnels en tout).
- Le maintien de la montée en puissance de la réserve de la Gendarmerie.
Loin d’être une redondance anachronique, le dualisme policier, c'est-à-dire l’existence de deux forces, civiles et militaires, pour le maintien de l’ordre intérieur est une garantie d’efficacité et de sécurité pour l’Etat. Le rattachement désiré par M. Sarkozy d’avec le ministère de l’Intérieur ne doit pas ôter à la Gendarmerie sa spécificité militaire même si des aménagements rendront sans doute son efficacité plus grande encore. N’oublions pas que le gendarme est, au cœur même du territoire national, la figure de l’institution militaire qui côtoie au plus prés les réalités de la société civile et les problèmes qu’elle peut rencontrer. Il est, à ce titre, une courroie de transmission essentielle entre deux mondes qui tendent parfois à s’ignorer lors même qu’ils sont étroitement complémentaires.
Bonne lecture à tous, sachant que je vous retrouve en début de semaine prochaine pour des billets plus réguliers.
NB : Merci à Astrid Poissonnier pour son travail d’information.