Il ne faudrait pas que cela devienne une habitude, mais…

Publié le 30 avril 2008 par Francois155

ENCORE UN BILLET D’HUMEUR !

Décidément, chaque jour qui passe le gouvernement de la France apporte au citoyen des motifs de stupéfaction et d’ahurissement ! Pour ne rester que dans les affaires diplomatiques et de défense, c’est quotidiennement carnaval et Mardi Gras : volte-face, pieds dans le tapis, bourdes, incohérences, j’men foutisme, gamelles et autres incongruités viennent meubler notre morne routine et donner aux observateurs des sujets de sarcasmes et/ou d’inquiétude.

Les dernières maladresses et décisions en date (il devient, du reste, de plus en plus difficile de faire la part des unes et des autres tant les deux se mêlent et changent de nature au gré des sondages ou des réactions horrifiées qu’elles suscitent), comme l’enterrement programmé du PA2, la polémique sur la vente de 120 Leclerc, j’en passe et des meilleurs, inspirent deux commentaires à votre hôte : l’un sur l’Europe, l’autre sur le gouvernement français.

- L’Europe va-t-elle devenir le boulet de l’Occident en matière de Défense ?

Pour réaliser une union transatlantique solide et efficace, il n’y a pas trente-six solutions : les deux partenaires (UE et OTAN) doivent consentir chacun des efforts significatifs et se tirer l’un l’autre vers l’avant. L’Europe ne doit pas se placer en position de soumission ou se bercer benoîtement d’illusions qui se traduisent en actes de mauvais aloi jusqu’à métamorphoser l’allié utile en boulet qu’on traîne comme un âne mort.

Or, il faut bien constater que nos gouvernants du Vieux Continent semblent faire peu de cas de la nécessité de bâtir une Europe de la défense digne de ce nom et non un vague conglomérat de forces plus ou moins efficace et diversement prêt à assumer les risques et les devoirs qui lui incombe. Ahuris par le fantasme d’une sécurité éternelle sous prétexte que les foyers de tension se situent au loin ; accablés par un consternant manque de culture stratégique ; pris à la gorge par des contraintes budgétaires traitées par le petit bout de la lorgnette ; tétanisés par les possibles réactions d’une opinion à qui on s’est permis de faire croire que la guerre appartenait au passé (ou à des tribus arriérées qui s’agitent insolemment, et pour des motifs mystérieux, dans leurs contrées miséreuses), les hommes politiques européens pratiquent un discours original, assez novateur, et unique au monde : désarmons à tout va !

Avec une telle attitude, l’Europe est en train de devenir ce parasite bien connu des cours de récréation qui, incapable de se défendre lui-même par lâcheté, va se cacher dans les jupons du gros dur de l’école. Il achètera la protection qui lui est offerte en multipliant les signes d’obéissance, les gestes de soumission et, trop stupide pour employer la ruse, comptera sur la bassesse pour rester dans les bonnes grâces de son maître. Mais les caïds ont le cœur aussi dur qu’ils sont musclés : arrive fatalement le jour ou, pour une raison quelconque, le protégé devient souffre-douleur avant d’être rejeté comme la mauvaise graine qu’il est en fait. Malheur alors à l’imprudent qui n’a pas su, par intelligence ou par force, se faire respecter : il récoltera avec les intérêts les roustes qu’une éphémère protection lui avait épargnées pour un temps.

Bon, j’exagère un peu mais, pour en revenir à la situation présente, je propose que nous en finissions une bonne fois pour toutes avec ce regrettable manque de cohérence stratégique qui se traduit par une gabegie de moyens. Allons jusqu’au bout de notre logique postmoderne et déclarons solennellement (et unilatéralement…) la paix à l’univers ! Profitons-en pour bazarder enfin tout ce métal couteux et encombrant ainsi que les agaçants personnages en uniforme qui le servent et nous ennuient avec leurs valeurs passéistes et fascisantes. Conservons tout de même quelques dizaines de chars et d’avions, juste de quoi disperser les bandes dépenaillées qui menaceraient les amis potentats qui nous fournissent en énergie, et bâtissons une gigantesque ligne Maginot tout autour du continent pour dissuader le reste du monde de venir troubler notre douce quiétude. Voilà qui devrait suffire à assurer la sécurité de nos habitants pour l’éternité ! Tremblez zennemis de l’Europe !

Qu’est ce que vous dites ? Cela ne suffira pas ? Arrière trouble-fête, suppôt du militarisme, les caisses sont vides on vous dit !

- La République Française expérimente le principe de Peter in vivo !

Passons maintenant à notre deuxième contingent de têtes à claques, moins fourni mais dont la persistance dans l’effort mérite d’être saluée : le gouvernement de la France.

Pour bien comprendre ce que nous vivons, tentons une triviale analogie. Imaginons que, lassé par votre vieux magnétoscope et impatient de profiter des DVD alléchants que l’on vous a offerts pour votre anniversaire, vous vous soyez enfin décidé à faire l’acquisition d’un lecteur dernier cri. Séduit par un vendeur persuasif vous cassez votre tirelire et craquez pour le dernier modèle, bardé de toutes les options possibles et imaginables. Rendu à votre domicile, vous défaites impatiemment le luxueux emballage et, stupeur, en ressort une misérable camelote visiblement assemblée au marteau-piqueur par des réfugiés du Sichuan dans une cave sordide de Shanghai. Furibond vous retournez chez votre détaillant et, en fonction de votre véhémence, en ressortez non seulement avec le bon produit mais avec quelques cadeaux en sus, histoire de vous faire oublier votre mésaventure.

Curieusement, la République ne fournit pas ce genre de service. Pas satisfait, pas remboursé ! Ou alors au bout d’un interminable purgatoire de cinq années au cours duquel votre catastrophique lecteur hors de prix aura bousillé tous vos DVD au point de vous faire amèrement regretter ce bon vieux VHS…

En démocratie, une élection ne devrait pas être une loterie, voire un jeu de bonneteau, mais un contrat d’embauche sérieux et en bonne et due forme au cours duquel les citoyens confèrent des pouvoirs étendus à des personnes choisies pour leurs compétences. Ces dernières ne doivent pas faire l’objet de falsifications grossières sous peine de voir l’embauche entachée de sévères irrégularités, mensonges qui, dans le secteur privé, justifieraient un renvoi illico.

Le drame c’est qu’on nous a promis des professionnels et que nous nous retrouvons avec des amateurs, peu doués et pas du tout désireux d’apprendre qui plus est ! L’ignorance n’est pas, Dieu merci, un crime en soi et découvrir que gérer un pays de 60 millions d’habitants est un peu plus compliqué qu’administrer une bourgade cossue de l’ouest parisien devrait inciter à une modestie du meilleur effet. Se former sur le tas, soit, à l’extrême rigueur… Mais persister avec acharnement dans l’erreur, en enrobant le tout d’autosatisfaction et d’arrogance, voilà un spectacle des plus ridicules.

Car le drame, dans les affaires internationales, c’est que les hommes qui occupent les fonctions suprêmes, en particulier dans un système aussi imprégné de traditions monarchistes que la France, incarnent le pays qui les ont élus et, ce faisant, ils parent ce dernier de leurs propres qualités ainsi, hélas, que de leurs défauts. Bien sur, la haute fonction publique et des diplomates compétents permettront d’atténuer, pour une part, les bourdes de ces grands personnages mais, s’ils inspirent à beaucoup l’inimitié voire le mépris, il en restera toujours quelque chose.

De même, lorsqu’on a la charge de questions diplomatiques et de défenses, il est nécessaire de raisonner sur le long terme, en s’appuyant sur une solide expérience enrichie par des connaissances théoriques fréquemment remises à jour. Faire est long et difficile, mais défaire prend peu de temps et demande un minimum d’efforts. Devinez donc, entre ces deux options, ce que nos dirigeants ont choisi ? Bien sûr, ce travail acharné d’autodestruction se décline sur un mode pseudo raisonnable, avec comme fond sonore des considérations géopoliticobudgétaires « forcément » indépassables. Comme le bon peuple, peu ou mal informé, se contrefiche de ces questions et que les seules voix intelligentes prêchent courageusement sous les huées des beaux esprits, on raisonne en rond et on tricote hardiment des lendemains qui déchantent en s’imaginant grossièrement bienfaiteurs de l’humanité.

La cruelle réalité c’est que Toto est au pouvoir et que, super content, il a invité tous ses potes à la fête. Les autres puissances, pas du tout contaminées par notre aveuglement, se désolent ou ricanent et, dans dix ou vingt ans, il faudra probablement tout reconstruire, dans l’urgence et à un prix faramineux, si du moins on nous en laisse le temps.