Les Oubliées de Juarez, de Gregory Nava [Critique]

Alors qu’il pleut ici et là, malgré l’arrivée du mois de mai, quoi de plus normal que de se passer un bon DVD …

Les Oubliées de Juarez © D.R.

Au nom d’un mondialisme que l’on voudrait porteur d’espoir, au nom d’une soi-disant entraide pour aider au développement des pays dont la population est pauvre, mal nourrie et pour la plupart analphabète, on nous endort derrière des discours prometteurs et occultant ainsi tout notre réelle objectivité et notre vision de la réalité, celle qui existe, celle qu’on ignore, celle dont on ne croit pas aujourd’hui qu’elle puisse exister, pas au XXIe siècle. Et pourtant !

Inspirée de fait réels, cette histoire relate le parcours d’une journaliste venue à Juarez, petite bourgade mexicaine où sont implantées ces usines que l’on appelles les "maquiladoras" : ce sont des usines où l’on fabrique des téléviseurs, des ordinateurs en un temps record. Pour exemple, un ordinateur y est assemblé en moins de 7 secondes. La main d’oeuvre, de pauvres ouvrirères qui gagnent au maximum 5 dollars par jour, a le droit de mener une existence des plus avilissantes qui soit, mais ces mêmes ouvrières n’osent pas se plaindre, même pas quand elles sont tuées après avoir été violées et délaissées dans une quelconque fosse commune. La loi du silence, les coupables impunis et qui plus est intouchables avec le droit de tuer et de disposer des gens librement. On croyait l’esclavage aboli avec la mondialisation, il me semble pourtant que nous n’en sommes qu’aux prémices…

Les Oubliées de Juarez © D.R.Les Oubliées de Juarez © D.R.

Au nom du pouvoir de certains hommes qui veulent le contrôle, la journaliste va pénétrer cet univers et va vouloir défendre une survivante qui a réussi à sortir de sa tombe après avoir été violée et laissée pour morte, Eva. Elle va prendre des risques inconsidérés avec l’aide de son ancien collègue, et ami, Diaz. Si elle se bat, au départ, oui c’est pour le scoop, mais elle ne s’attendait pas à la brutalité et au choc des révélations. Elle va se battre, au nom de la liberté, sa liberté d’expression en tant que journaliste tout d’abord car le monde n’a pas le droit de savoir, mais DOIT savoir… au nom de sa liberté à elle, FEMME… au nom de sa liberté de mexicaine aussi, quand bien même elle est américaine, elle sait qu’elle a été adoptée et a eu cette chance de vivre dans un pays où l’on traite les hommes à peu près en égaux.

Les Oubliées de Juarez © D.R.Les Oubliées de Juarez © D.R.

Protégeant cette jeune femme Eva (Maria Zapata), Lauren (alias Jennifer Lopez) va entrer dans la peau d’une ouvrière pour vivre ce que les femmes endurent. Elle enverra son article à son journal à Chicago, qui alors que la publication devait etre en cours, lui annonce que finalement elle est sur un sujet beaucoup trop brûlant et que telle et telle personnalités politiques ne laisseront jamais passer ce genre d’information. ON est alors loin de l’intégrité journalistique et on comprend mieux aujourd’hui pourquoi des journalistes meurent dans toutes les parties du monde lorsqu’ils touchent la vérité de près… on est loin du journalisme d’investigation, celui qui donne la vérité… on est dans ce milieu pourri où pouvoir et fric ne sont que les maitres mots.

Les Oubliées de Juarez © D.R.Les Oubliées de Juarez © D.R.

C’est un magnifique film, déroutant, désopilant. Les acteurs jouent magnifiquement (je tire ma révérence à Jenifer Lopez, impressionnante) et l’on est souvent révoltés sur son siège. On s’en prend à soi même… oui moi aussi j’ai une télé, et un ordinateur… j’en viens même à me demander si je n’ai pas du sang sur les mains après avoir vu ce film… En tout cas, je me sens concernée quelque part et veut apprendre à mes enfants la vérité et à toujours se battre pour leurs idéaux.

Cette histoire est inspirée de faits réels, la journaliste qui a pris le risque de le raconter continue toujours à exercer à Juarez et continue de se battre contre les autorités mexicaines et américaines, mais pas seulement. C’est contre toutes les multinationales de toutes nationalités qu’elle se bat et c’est par ce genre de films que nous ne pouvons que mieux comprendre que la mondialisation a déjà ses victimes et que nous ne sommes finalement que des pantins.

Ames sensibles, s’abstenir… Mais excellent film !

Bande annonce :