Le
père Carlos Mujica était né en 1930. Prêtre tiers-mondiste argentin, il a
expérimenté certaines difficultés avec une partie de la hiérarchie
catholique comme les prêtres-ouvriers en France, après la grande explosion d'initiatives pastorales en tout genre qui suivit le
Concile Vatican II. Il a exercé l'essentiel de son ministère dans
les bidonvilles de Buenos Aires, notamment à la Villa 31 du quartier
de Retiro, où il a fondé une paroisse. Plusieurs de ses projets et
chantiers sont été réalisés sous la tutelle du ministère du
Bien-Etre social mais il a dû abandonner cette partie de son travail
à la suite d'accusations de corruption, dont il se déclarait innocent,
et qui provenaient d'un responsable de la Triple A, milice soi-disant
anticommuniste (en réalité hostile à toute la gauche non
péroniste), dont il fait peu de doute qu'elle fut fondée par Isabel
Perón, sinon par Perón lui-même, à leur retour d'exil.
Carlos
Mujica était un militant de la libération nationale, une fraction
de l'ultra-gauche péroniste, celle qui allait payer le plus lourd
tribut à la répression politique de la dictature militaire des
années 1976-1983. Mais Mujica était mort avant...
Ici, extrait d'une émission du très médiatique historien sympathisant péroniste Felipe Pigna
qui présente une interview du père Mujica peu de temps avant sa mort.
Remarquez
la manière dont il se définit lui-même, si typique de
ces prêtres militants de gauche juste
après la clôture du Concile : "je suis un prêtre de Jésus
Christ" (il passait par pertes et profits la communion avec l'Eglise
universelle. C'est l'une des raisons qui ont valu à ces ministres ordonnés bien des contentieux avec les hiérarchies diocésaines un peu partout sur
le continent).
Mujica a été assassiné d'une rafale d'arme à feu le 11 mai
1974, alors qu'il sortait de la messe qu'il venait de célébrer à
Villa Luro, un autre quartier défavorisé de la capitale argentine.
L'affaire n'a jamais été tirée parfaitement au clair mais il est
très probable que les criminels aient appartenu à la Triple A et
qu'ils aient été conduits par l'auteur des accusations calomnieuses
lui-même, López Vega.
Figure
emblématique du courant social de l'Eglise argentine et
sud-américaine, l'un des premiers curas villeros dont on a tant
parlé il y a un an après l'élection de l'actuel Souverain Pontife,
présent en effigie sur de nombreux murs à Buenos Aires, tous les
ans à la même époque, la télévision et la radio publiques lui
rendent hommage.
Cette
année, pour les quarante ans de sa disparition, c'est tout le mois
de mai qui verra fêter son souvenir avec une série de soirées
musicales organisées conjointement par les deux instituions
médiatiques, chaque samedi de mai, à 18h, dans le grand studio de
la télévision situé à Palermo (Figueroa Alcorta 2977).
L'entrée
est libre et gratuite, dans la limite des places disponibles, et ça
commence ce soir avec un orchestre argentin de cumbia et la chorale
(coro) de la Villa 31 de Retiro....
Pour
aller plus loin :
lire
la dépêche de Télam
Rendez-vous
sur le site Internet de la télévision publique (autrefois connue
comme Canal 7) et sur sa page Facebook.