PARENTALITÉ et développement: De l'inefficacité de la fessée – The Journal of Family Psychology

Publié le 03 mai 2014 par Santelog @santelog

Encore aujourd’hui, près de la moitié des parents ont recours au châtiment corporel, à la gifle comme à la fessée. Cette étude américaine l’atteste, sur un petit échantillon et démontre, à nouveau, que la punition n’est suivie d’aucun effet sur le comportement de l’Enfant. Ces conclusions, présentées dans le Journal of Family Psychology de l’American Psychological Association, apportent, s’il en fallait, de nouveaux arguments contre la fessée.

Si la fessée ou la «  violence éducative  » est illégale dans de nombreux pays, dont 22 en Europe, ce n’est pas encore le cas en France. Certains parents y ont donc plus facilement recours, à supposer qu’une interdiction légale ait un effet notable. Pourtant, toute violence, même une gifle laisse ses marques sur l’enfant. Tenter, avec l’enfant, de comprendre les causes de son comportement devrait être le principe unanimement reconnu.

Les chercheurs de l’Université Southern Methodist ont suivi 33 familles américaines, dont les mères étaient, en moyenne, âgées de 34 ans, avec enfants âgés de 2 à 5 ans –dont 13 filles) et, au-delà des simples déclarations des parents, a surveillé le recours aux châtiments corporels, par enregistrements audio à domicile. Les chercheurs ont évalué tous les incidents en fonction de lignes de « bonnes pratiques « , recueillies à partir de la littérature et de 5 sources différentes, en supposant que dans certains cas, la punition corporelle puisse être justifiée :

• la punition corporelle doit être utilisée très rarement

• de façon sélective

• pour inconduite grave, comme une agression par exemple,

• en dernier recours

• elle doit être administrée dans le calme et pas sous le coup de la colère

• avec un nombre limité de coups ( !)

• elle doit faire mal ( !)

• elle ne doit porter sur les fesses

Cette observation constate que,

·   le recours à ces punitions est effectif chez 50% des familles suivies.

·   La seconde est que le recours se fait parfois en dehors de fautes graves et souvent sous le coup de la colère : C’est le cas aussi dans 50% des cas.

·   Enfin, dans les 3 quarts des cas, l’enfant recommence à mal se comporter dans les 10 minutes qui suivent, suggérant que la punition n’est pas du tout efficace !

Précisément,

Au total, sur 4 à 6 jours (selon les participants),

41 punitions corporelles au sein de 15 des 33 familles (45%) ont été infligées.

Chez ces 15 familles, dans 6 seulement 1 seule punition corporelle a été infligée, certaines ayant été le lieu de 10 incidents…12 mères étaient impliquées dans 32 incidents, 5 pères dans 7 incidents, une grand-mère dans 2 incidents.

• Dans 51% des incidents, le son de la gifle ou de fessée était clairement perceptible et confirmé par des indices contextuels dont les mises en garde ou des justifications des parents et les cris de l’enfant,

• Dans 44% des incidents, le son était ambigu mais les indices contextuels soutenaient l’existence de la punition,

• Dans 5 % des cas, il n’y avait aucun bruit lié à la punition elle-même mais l’information contextuelle était explicite.

En regard des «  principes  » de base retenus,

• Le recours n’est pas forcément rare : 1 cas pour 5 heures d’enregistrement

• il est généralement «  sélectif  » : Dans 40 sur 41, la faute de l’enfant est identifiée,

• utilisé en dernier recours, après, en moyenne, un avertissement avant de punir,

• dans 49% des cas, sous le coup de la colère,

• peu répétitif, 1 seul geste de violence audible dans 83% des cas,

·   modérément douloureux dans la moitié des cas (48,8 %), peu douloureux (29,3%) et très douloureux (9,8 %). Dans 12,2 % des cas, la punition n’a donné lieu à aucune réaction audible de l’enfant.

·   Dans les trois quarts des incidents (73 %), les enfants ont recommencé dans les 10 mn qui suivaient la punition.

Bien que portant sur un petit échantillon, cette étude a deux intérêts majeurs, des résultats très détaillés et qui s’appuient sur 2 sources de données, l’enregistrement et les déclarations des parents. Certes, l’enregistrement peut influer sur le comportement des parents, néanmoins, les auteurs précisent que mises en regard des enregistrements, les auto-déclarations étaient relativement fidèles.

Une contribution donc précieuse au débat public autour des punitions corporelles.

Source:Journal of Family Psychology April 14 2014Eavesdropping on the family: A pilot investigation of corporal punishment in the home

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