Miles Davis The Bootleg Series Vol 3: Live at Fillmore. 1970.

Publié le 03 mai 2014 par Assurbanipal

Miles Davis

The Bootleg Series Vol 3

Live at Fillmore. 1970

4 CD

Columbia/ Sony Music. Legacy Recordings. 2014.

Concerts enregistrés au Fillmore East, New York City, USA, du 17 au 20 juin 1970

Miles Davis: trompette

Steve Grossman: saxophones ténor et soprano

Chick Corea: piano électrique (haut parleur de gauche)

Keith Jarrett: orgue, tambourin (haut parleur de droite)

Dave Holland: guitare basse électrique

Jack de Johnette: batterie

Airto Moreira: percussions, flûte, chant

Concert enregistré au Fillmore West, San Francisco, Californie, USA, le 11 avril 1970

Miles Davis: trompette

Steve Grossman: saxophones ténor et soprano

Chick Corea: piano électrique

Dave Holland: guitare basse électrique

Jack de Johnette: batterie

Airto Moreira: percussions

Le portrait de Miles Davis est l'oeuvre de la Dame Hélène POISSON. Toute utilisation de cette oeuvre sans l'autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales.

Cette chronique est dédiée à mon frère cadet Benoît Lagrée (1978-2013) avec qui je vis Miles Davis en concert en 1990, 20 ans après ces enregistrements au Fillmore.Au revoir, frère préféré.

Les dirigeants de Sony Music continuent de sortir des archives de Columbia Records des enregistrements en concerts de Miles Davis. Quand il existe trop d'éditions pirates sur le marché, autant faire une édition officielle afin de toucher des droits dessus.

Après le volume 1 consacré à l'an 1967, le volume 2 à l'an 1969, voici qu'arrive l'année 1970, 3e volume des Bootleg Series de Miles Davis. En 1970, Miles Davis était en pleine forme. Il avait décroché de la came, s'était remis sérieusement à la boxe, avait une nouvelle compagne, un nouveau groupe. Par rapport à 1969, le grand changement c'est le départ de Wayne Shorter, saxophoniste inamovible depuis son arrivée en 1964 dans le Miles Davis Quintet. Pour le remplacer, Miles a choisi un Blanc, un Juif new yorkais de 17 ans, Steve Grossman, qui était pétrifié à l'idée de remplacer Wayne Shorter. Miles ne s'est pas trompé. Steve a un son tranchant comme une lame de rasoir. Le Brésilen Airto Moreira ajoute ses percussions, ses rythmes, sa folie, ses couleurs à l'ensemble. 

Le groupe, comme la musique, évolue très vite.Dave Holland a quitté la contrebasse pour la guitare basse électrique. Entre avril ( au Fillmore West de San Francisco) et juin 1970 (au Fillmore East de New York), Keith Jarrett s'est ajouté au groupe même si Chick Corea reste le pilote de l'astronef. En août 1970, à l'île de Wight, devant 600 000 spectateurs ébahis, Gary Bartz aura remplacé Steve Grossman au saxophone  et à la fin de l'année 1970, Miles Davis aura piqué son bassiste, Michael Henderson, à Stevie Wonder. Il le garda jusqu'à sa retraite en 1975.

Que jouent-ils donc? Une nouvelle musique tirée d'albums enregistrés en 1969 " In a silent way " et " Bitches Brew " qui ne sont pas encore sortis dans les bacs, un standard auxquels Miles fait un dernier adieu " I fall in love too easily ", un morceau tiré de son dernier quintet acoustique " Footprints " de Wayne Shorter.

La musique est d'une énergie folle, chantant le corps électrique. Pour le peu que j'en ai compris, la physique moderne (les frères De Broglie) a démontré que l'Univers est composé d'ondes électriques en mouvement. Miles Davis en tire les conséquences dans sa musique. A un critique de Jazz qui lui disait ne pouvoir le suivre dans cete nouvelle aventure musicale, Miles répondit: " What do You want from me motherfucker? Waiting for You till you get there? ".

La guitare électrique de John Mac Laughlin est présente sur les albums du Miles de l'époque mais pas encore sur scène. Cela viendra un peu plus tard en 1970, dans les Cellar Door Sessions elles aussi recommandables.

Dave Holland pose les bases. Jack de Johnette et Airto Moreira batissent le mur du son. A eux deux, ils vous rendent déjà fous. Chick Corea et Keih Jarrett sont en pleine effervescence. L'homme américain marche sur la lune en 1969 mais avec ces deux gaillards là se faisant face, nous perdons tout repère spatio temporel. Steve Grossman joue peu mais toujours juste, incisif, tranchant. " On n'est pas sérieux quand on a 17 ans " écrivait Arhur Rimbaud. Steve Grossman prouve le contraire. Quant à Miles, c'est le Boss. Il mène la danse, le groupe, punche comme un boxeur, vous met le cul par terre et la tête à l'envers. 

Cette musique trouva son public chez les jeunes Blancs amateurs de Rock et les jeunes Noirs amateurs de Funk. " Nous jouons pour les jeunes car ce sont eux qui achètent les disques " disait Miles mais il n'y a pas dans cette déclaration que le cynisme du businessman. Il y a aussi une volonté de refuser de vieillir, de se laisser dépasser par les jeunes musiciens. " Miles ahead " toujours. 

En 1970 naquit Médéric Collignon. C'est dire si cette année fut créative.

En 1970, avec Steve Grossman (sax soprano), John Mac Laughlin (guitare électrique), Herbie Hancock (clavier), Michael Henderson (guitare basse électrique) et Billy Cobham (batterie), Miles Davis crée la musique du film " A tribute to Jack Johnson " en hommage au premier Noir champion du monde de boxe poids lourds, Jack Johnson, le seul album pour lequel Miles Davis écrivit le texte de la pochette. Rien à ajouter.