Le début en résumé :
La vie de Catherine Salernes semble bien morne et monotone dans son élégant appartement du 17e arrondissement de Paris. Le contact avec ses deux enfants est difficile. Son mari ne la regarde plus. Son odieuse belle-mère lui rappelle sans cesse qu’elle est née pauvre. Lorsqu’elle prend un jeune amant, bien que folle amoureuse, elle n’a qu’une crainte : que quelqu’un apprenne sa liaison avec Olivier, qu’elle soit contrainte de divorcer et de retrouver son ancien statut social. Un matin, elle reçoit la lettre anonyme d’un maître-chanteur, et tout bascule…C'est un bijou parce que Dominique Dyens a pétri ce livre dans le pot de la bourgeoisie où se complaisent des personnages à la psychologie empesée à qui l'on souhaite de perdre leur superbe. Parce qu'il est épicé d'autres personnages qui parviennent (avec plus ou moins de bonheur) à se libérer de cet univers comme Catherine Salernes dont le premier acte de rébellion sera d'ouvrir une boutique de cadeaux dans le 7ème arrondissement de Paris avant de parvenir complètement à "oser être ce qu'elle est".
S'il fallait le résumer à travers une question j'interrogerai : qu'est-ce qu'une salope ? En fait je devrais le formuler au masculin : qu'est-ce qu'un salaud ?La vie étriquée de Xavier Bizot, le banquier de la jolie dame, nous est décrite (p. 62-63) en des termes qui ne susciteront aucune empathie chez le lecteur en apprenant que le fil qui tenait leur amour commun a cassé. Et si cette petite phrase provoque une appréhension c'est parce qu'on a compris que l'homme fera payer une innocente pour toutes les autres (guère plus coupables d'ailleurs). On découvrira plus tard l'horrible chose vécue par la fille de Catherine. Il y avait de quoi en faire une dépression ou sombrer dans une folie capable d'emporter tout sur son passage, enfin presque.
Ne vous étonnez pas d'y trouver des francs, c'était encore la monnaie officielle en 2000. J'ignore comment le roman fut accueilli lors de sa première parution cette année-là. J'imagine que la crudité de certaines scènes a dû faire sensation. Le roman a une dimension érotique qui est bien dans le ton de l'album, Erotisme, Cantique 25.7, de Daniel Chenevez qui faisait l'objet du billet publié hier.
Il y a certes une victime principale mais elle n'est pas la seule à souffrir et personne ne sortira réellement gagnant dans l'histoire. Je peux bien vous le dire, il y aura un meurtre ... et plusieurs crimes, au sens juridique du terme. Le lecteur les constatera au fur et à mesure, imbriqués l'un dans l'autre comme des matriochkas. Rien d'étonnant pour une histoire qui s'enracine dans un contexte familial.
On entend des voix. Dominique Dyens nous livre le récit des faits tantôt par de son point de vue, tantôt de celui d'Henriette, la fidèle gouvernante, qui "laisse trainer ses oreilles partout mais garde les yeux dans la poche de son tablier"(p. 93).
Les indices sont difficilement décodables et cela participe au plaisir de lecture. La psychologie de l'inspecteur de police m'a laissé entrevoir un autre dénouement. Du coup l'épilogue apporta une ultime surprise.
Catherine et Olivier seront-ils des amants maudits ? Je gage que la Femme éclaboussée donnera envie de découvrir d'autres livres du même auteur comme Lundi noir, avec lequel on peut trouver des points communs et que j'avais chroniqué en octobre dernier.
La Femme éclaboussée de Dominique Dyens, éditions Héloïse d’Ormesson, ressort en librairie le 7 mai 2014