Ça s’est fait simplement. Isabelle Boutrois a laissé un message sur la Page de Vivre en Islande. Elle s’est présentée en quelques lignes, a évoqué son intérêt pour l’Islande et offert de télécharger son dernier album, Dreyma. Alors j’ai écouté. Et aimé « Dream » en particulier !
Dreyma, c’est le dernier EP du groupe Isabé, fondé en 2004. L’Islande, ses paysages, son peuple et sa culture ont inspiré ce songe musical composé par le duo Isabelle Boutrois et Hervé Vasseur.
Entretien avec cette amoureuse de l’île aux volcans.Vous vous rendez régulièrement en Islande et ce depuis votre enfance et envisagez même de vous y installer un jour; pourriez-vous évoquer votre « histoire islandaise » et expliquer les raisons de votre engouement pour la petite nation ?
Je suis allée en Islande pour la première fois, avec mon père et mon oncle, en 1982. J’avais douze ans. Nous avons fait le tour de l’île et j’en suis immédiatement tombé amoureuse. J’y retourne régulièrement depuis 2011, et y enterre à chaque fois un petit bout de mon coeur… Ses vastes paysages, tantôt féeriques, souvent inquiétants. Sa belle et hostile nature. Ses montagnes, ses chutes d’eau et ses volcans majestueux, tout cela gronde en moi, tout cela est une source d’inspiration intarissable. Je loge à la ferme bien souvent et apprécie alors l’hospitalité des gens qui y vivent…
J’aime sa culture, au sens large, sa poésie, ses musiques. D’ailleurs, en ce qui concerne le milieu de la musique en Islande, il y a moins de monde donc il me semble, moins de compétition. Les musiciens y sont de ce fait plus solidaires les uns des autres… Un musicien peut se balader d’un groupe à l’autre et je trouve cela très stimulant, inspirant et spontané…
J’aimerais en effet m’y installer quelques temps, mais pas seulement pour les beaux paysages et je me questionne beaucoup quant à savoir ce que je pourrais y apporter. J’ai un passé de danseuse interprète dans plusieurs compagnies de danse contemporaine, de danse/théâtre, et travailler comme assistante d’un ou d’une chorégraphe, comme « oeil extérieur » dans une compagnie me plairait beaucoup… Je dois pour cela y rester plus longuement et y rencontrer les bonnes personnes. Je crois que chacun trouve son endroit sur terre. Pour moi, c’est L’Islande… Je m’y sens « à la maison »… Le EP Dreyma parle aussi de voyage initiatique, de recherche identitaire. Ce EP est mon rêve d’Islande…
Parlez-vous islandais ?
Non, je ne parle pas Islandais, mais je fais un effort à chaque fois que j’y suis. « Bonjour, Merci, au-revoir », la base. La langue Islandaise et sa petite musique me trottent dans la tête et je compte bien prendre des cours dès que possible. Cela sera long, mais je suis déterminée!
Quels sont vos endroits préférés sur l’île ?
J’ai une préférence pour le nord de l’île et ses fjords, j’aime Akureyri et ses alentours, le lac Myvatn, Dettifoss (quelle puissance !quelle violence et quelle beauté!!!!), j’aime aussi Hvammstangi, où j’ai eu la chance de faire une rencontre singulière, deux phoques bien curieux, sur une plage (endroit conseillé par les fermiers chez qui nous logions
Mais j’aime tous les endroits en Islande, le paysage est si changeant selon la lumière, c’est féérique. C’est assez drôle, aussi, qu’Hervé soit de Paimpol (22), port Breton qui a une histoire très intime, très liée avec l’île. Son grand-père faisait la pêche en Islande.Dreyma est votre 4e album et le premier qui fait référence à l’Islande; comment est né ce projet ?
Mon fils de quatre ans me dit souvent au moment du coucher : « Maman, je vais faire un trou dans mon rêve, ainsi tu pourras m’y retrouver ». Cela a été un déclencheur pour moi, avec l’envie de parler du rêve, et les paysages oniriques de l’Islande se sont directement imposés à moi. Ça a été le point de départ… Dreyma existe grâce aux gens qui nous suivent, et à Ulule, site de financement participatif (Crowdfunding)… Un grand merci à eux. Dreyma est un EP 100% sans guitare, cela nous a guidé, c’était le postulat de départ, un travail différent de ce que nous avons fait auparavant, un travail sur les sons rappelant L’Islande (le vent, les solfatares, les chutes d’eau, etc). Et aussi la chanteuse Björk a publié un post sur Facebook, il y a peu de temps, disant « qu’il était grand-temps de faire des chansons sans guitare »…cela nous a beaucoup amusé. La prise de risque, comme « la mise en danger » font parties de notre façon de travailler, d’appréhender la musique. Dreyma s’inspire aussi de la littérature Islandaise (« Helga »), notamment du livre « La lettre à Helga » de Bergsveinn Birgisson, un livre qui m’a transpercé le coeur, et de diverses poésies Islandaises (livre trouvé à Reykjavik lors de mon dernier voyage). Dreyma chante les rêves, bons ou mauvais, évoque l’amour fou et cette terre d’Islande si chère à mon coeur…
Des concerts sont-ils prévus dans les mois à venir ? Avez-vous songé à vous produire en Islande ?
Oui, nous avons envie de faire quelques concerts, comme des hapennings, avec pleins d’invités, donc des musiciens différents sur chaque chanson, autour du duo que nous formons avec Hervé. Concernant des concerts en Islande, en effet ce serait le but absolu, en duo acoustique avec un ordinateur, une guitare et une voix, (et des invités islandais) :). Toute proposition sera la bienvenue.
Ce dernier opus a été auto-produits et n’est proposé qu’en téléchargement; est-ce un parti-pris commercial ou la conséquence d’une stratégie « musicale » des maisons de disque qui cadre mal avec vos souhaits en ambitions ?
En fait, seul le premier album, « A » était produit, nous étions signés chez un label indépendant. L’auto-production a commencé avec le deuxième « 2nd Floor ». Il y a eu un pressage de ces deux albums. Ensuite viennent « Errances » et maintenant « Dreyma » qui ne sont distribués que numériquement. La raison est finalement assez simple, la sortie physique d’un album a un coût, et cela devient très difficile de trouver un distributeur (physique) ou un label. En fait, nous n’avons pas véritablement cherché de label, notre envie première étant de créer, d’écrire et de jouer. Envie de faire la musique qui nous plaît vraiment, avec du recul, de la légèreté, à notre rythme.
Quels sont vos projets/vos envies pour les 10 ans à venir ?
Vivre ? c’est une bonne réponse ? Venir jouer en Islande, continuer a créer; nous travaillons déjà sur de nouvelles chansons. Même à distance, nous continuerons à travailler sur de nouveaux projets, l’envie est là et aujourd’hui c’est tellement facile avec internet. Et en effet, je rêve et pense m’installer en Islande avec ma petite famille. J’y serai de nouveau en Octobre prochain
DISCOGRAPHIE : « A » (2006) ~ « 2nd floor » (2011) ~ « Errances » (2012) ~ « Dreyma » (2014)