On peut lire, sur le site Zazie mode d’emploi, la définition suivante : Le sélénet est une forme fixe, un couplet de 2 quatrains. Le Traité de Prosodie de Gilbert Farelly (Éd. Ichthusson - 1960) y reconnaît « une taille idéale pour s’exprimer de façon concise, intermédiaire entre le sonnet (souvent pompeux) et le haïku (trop minimal en français) ». Sélénet emblématique, le poème Au clair de la lune compte 5 syllabes par vers, rimes croisées féminines et masculines. Mais, sans rien toucher au texte, la chanson alterne vers de 6 et 5 syllabes puisque, surnuméraire, le -e des rimes féminines est prononcé :
Au-clair-de-la-Lu-NE (6)
Mon-a-mi-Pier-rot (5)
Prête-moi-ta-plu-ME (6)
Pour-é-crire-un-mot (5)
Cette définition doit sans doute beaucoup à Robert Rapilly, dont je vous avais avertis que j’y reviendrais. Et, quand on fait quelque recherche à propos du sélénet, on en trouve un exemple écrit il y a presque exactement 142 ans, en mai, par Arthur Rimbaud (il a joué avec la rime, qui sans le « e » muet commence son nom…) :
L'Éternité
Elle est retrouvéE.
Quoi ? — L'Éternité.
C'est la mer alléE
Avec le soleil
Âme sentinellE,
Murmurons l'aveu
De la nuit si nullE
Et du jour en feu.
Des humains suffragEs,
Des communs élans
Là tu te dégagEs
Et voles selon.
Puisque de vous seulEs,
Braises de satin,
Le Devoir s'exhale
Sans qu'on dise : enfin.
Là pas d'espérancE,
Nul orietur.
Science avec patiencE,
Le supplice est sûr.
Elle est retrouvéE.
Quoi ? — L'Éternité.
C'est la mer alléE
Avec le soleil.
Chantez donc ça sur l’air de « Au clair de la lune » !
Et allez-y de vos propres sélénets que vous posterez dans les commentaires ci-dessous. Merci.