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Erlendur Sveinsson,
personnage fétiche de l’écrivain islandais Arnaldur Indridason, hante la région
des fjords de l’Est, où se trouve la maison de son enfance. C’est là qu’il a
vécu l’expérience la plus traumatisante de son existence, dont il a souvent été
question dans les romans précédents : pris dans une tempête de neige, il a
perdu son petit frère au moment où leurs mains se sont séparées et l’enfant n’a
jamais été retrouvé tandis qu’Erlendur a été sauvé de justesse. La culpabilité
ronge l’enquêteur depuis ce moment, car il avait insisté pour que son frère les
accompagne, son père et lui. Sa fascination pour les disparitions dans des
tempêtes vient de là et il trouve à la nourrir dans Étranges rivages.
En 1942, dans le même
coin, un groupe de soldats britanniques a été dispersé au milieu d’averses
neigeuses. Quelques-uns sont morts mais leurs corps ont été retrouvés. Au
contraire de celui de Matthildur, une femme qui était en chemin le même jour et
aurait d’ailleurs dû croiser la route des soldats. Ils ne l’ont pas vue, elle
n’a laissé aucune trace… Des traces, Erlendur se met pourtant à en chercher,
poussé autant par son instinct de flic que par son obsession personnelle. Bien
sûr, il va en trouver.
La fragilité d’Erlendur se traduit en visions
hallucinées dont il ne sait pas si elles se produisent en état de sommeil ou
d’éveil. Mais c’est dans cette fragilité qu’il puise sa volonté d’aller
jusqu’au bout des fils tenus entre ses mains. Arnaldur Indridason n’était jamais
entré aussi loin dans l’intimité de son héros. Qui, en parallèle à ses
recherches sur Matthildur, garde l’esprit attentif à tout ce qui pourrait
rester de son frère. Cette quête-là ne sera pas vaine non plus. De quoi lui
apporter, peut-être, un peu de sérénité pour le prochain roman.