Fondamentalement, le dispositif s'avère en réalité classique : aux prêteurs potentiels est promise une rémunération attractive, avec des taux d'intérêt de l'ordre de 10%, tandis que les emprunteurs se voient malgré tout proposer un crédit relativement abordable. Même l'évaluation de la « fiabilité » des demandeurs est plutôt ordinaire, puisqu'elle recourt aux établissements de scoring, à des justificatifs de salaires, à l'historique d'activité sur Bitbond et, seule petite originalité, à un accès (optionnel) au compte Paypal.
Le fonctionnement du site est également sans surprise, avec sa liste des différentes requêtes en attente, comprenant chacune une présentation succincte de l'emprunteur et de son projet, le montant souhaité (en bitcoins, donc), le terme et le taux applicable, ce dernier étant fixé par Bitbond en fonction du score de crédit du demandeur et de la durée du prêt. Les contributeurs peuvent alors très simplement apporter leur écot, qui ne sera effectivement collecté que si la somme totale spécifiée est atteinte.
A priori, Bitbond vise plus particulièrement les entrepreneurs des marchés émergents, qui pourraient trouver là une réponse aux obstacles qui se dressent sur leur chemin lorsqu'ils ont besoin d'un financement (rareté et coût élevé du crédit, réticences des banques à prêter aux petites entreprises…). Il semblerait cependant que, pour l'instant, les utilisateurs inscrits (3 000 selon la jeune pousse) soient principalement des technophiles curieux, basés dans les pays développés.
Il n'en reste pas mois que, vis-à-vis de sa cible privilégiée, le choix du bitcoin comme monnaie d'échange introduit deux avantages inestimables pour la plate-forme. En effet, celle-ci devient ainsi « automatiquement » internationale, ouverte de fait sur un marché gigantesque, sans aucune frontière, et, en théorie du moins, elle est totalement indépendante des circuits financiers habituels, pouvant s'adresser à quiconque dispose d'une connexion internet, bancarisé ou non.
Bitbond était demi-finaliste au challenge Innotribe organisé par Swift à Londres. Elle en est repartie bredouille, peut-être parce que sa solution était trop disruptive pour le jury. Il est vrai que, au-delà de ses avantages pour les emprunteurs du monde entier, et en dépit de sa conformité affichée au droit civil allemand (la startup étant basée à Berlin), dont elle applique les articles sur le prêt d'objets, son modèle de crédit en bitcoin échappe à la réglementation financière et peut donc légitimement (?) inquiéter…