Au XIXe siècle, des habitants du nord-est des Etats-Unis eurent la surprise d’observer une tempête d’étoiles filantes en novembre ; l’essaim météoritique des Léonides produisit plusieurs milliers de météores par heure !
Plusieurs spécialistes estiment très probable que la nuit du 23 au 24 mai soit le théâtre d’une exceptionnelle pluie d’étoiles filantes dont l’origine seraient les nuées de poussières essaimé par la comète 209P/Linear entre 1803 et 1924.
On connait tous (ou, du reste, en a-t-on entendu parler) les Perséides, traditionnelle pluie d’étoiles filantes qui parsème d’étincelles les douces soirées autour du 12-13 août. Loin d’être le seul rendez-vous météoritique de l’année à ne pas manquer, les essaims sont nombreux à animer nos nuits chaque mois, à l’instar des récentes Lyrides de la fin avril ou les myriades de Léonides (novembre) et Géminides (décembre). Bien sûr, il arrive que l’activité de chacun d’entre eux soit plus faible que prévu, différée de quelques heures, voire favorable aux observateurs situés dans une autre région du monde. Le contraire peut également se produire pour la plus grande joie de celles et ceux qui se sont préparés à les admirer. Rappelons que dans chaque cas, à l’origine, il s’agit de comètes qui se sont délestées d’une partie de leur gaz, poussières et petits grains lors de leur approche périodique du Soleil. Aussi la fuite et abandon de débris sont-ils inégaux et parents de courants de densité variables. Lorsqu’il arrive que la Terre croise ces essaims, leur chute dans l’atmosphère provoque alors des accès de fièvre météoritiques que l’on aime tant surprendre. Bientôt, vraisemblablement dans la nuit du 23 au 24 mai, peut-être essuierons-nous une exceptionnelle tempête d’étoiles filantes. Pourquoi un tel phénomène et à quoi faut-il s’attendre ? Voici quelques éléments de réponses.
Courants de poussières éssaimé par la comète 209P/LINEAR entre 1803 et 1924 et position de la Terre (orange) – diagramme de Jérémie Vaubaillon
Les premiers à évoquer la possibilité d’une tempête météoritique à cette date sont des spécialistes internationaux de la question. Dés 2012, Esko Lyytinen, Peter Jenniskens (NASA) et Jérémie Vaubaillon (IMCCE) ont en effet réalisé, après calculs, que les courants de débris émis par la petite comète 209P/LINEAR entre 1803 et 1924 devraient en parte pénétrer notre atmosphère au cours de la nuit du 23 au 24 mai. De tailles minuscules pour la plupart, il faut souligner que seuls les plus gros grains seraient visibles. Aussi, s’ils sont en grand nombre, comme le prédisent les chercheurs, nous pourrions alors assister à une véritable tempête météoritique comme il y a longtemps que nous n’en avons pas vu…
Courants de débris laissé par la comète sur son orbite de 1903 mis en perspective par Jérémie Vaubaillon
Pluie ou tempête ?
Corroborant leurs calculs, d’autres experts tempèrent néanmoins leur optimisme et préfèrent parler d’un pic d’activité entre 100 et 400 météores par heure. En deçà des 1.000 pour former une tempête, il est tout de même énorme en comparaison avec les illustres Perséides qui ont coutume de nous émerveiller avec 100 à 150 météores par heure (selon les années). Quoi qu’il en soit, tous préviennent que l’activité reste difficile à anticiper car les veines de débris de cette comète découverte seulement en 2004 (programme Linear) sont encore mal connues. Petite (la taille de son noyau est estimée entre 0,8 et 1 km) et très difficile à observer, sa période orbitale n’est que de 5 ans. Ce 6 mai, l’astre chevelu (queue de gaz et de poussières) atteindra sa distance minium avec le Soleil ou périhélie laquelle est de 145 millions de kilomètres (soit 0,9 UA, une distance presque égale à celle qui nous sépare de notre étoile). Le 29 mai, elle ne sera qu’à 8,2 millions de kilomètres (0.0554 UA) de la Terre.
« Camelopardalides »
Si son activité se confirme, l’essaim devrait avoir pour radiant la Girafe (Camelopardalis), petite et délicate constellation proche du pôle Nord céleste, coincée entre Cassiopée et la Grande Ourse. Cette position circumpolaire est très profitable aux observateurs de l’hémisphère nord et garantit une visibilité pour toute la nuit. En outre, la Lune ne représentera aucun gène car le fin croissant, en conjonction avec l’étincelante Vénus, ne se lèvera pas avant 04h30 du matin. Afin d’optimiser la contemplation, il ne vous restera plus qu’à trouver un site dégagé et relativement épargné par la pollution lumineuse envahissante de nos villes, à vous installer confortablement puis patienter et compter. Naturellement, le suspense demeurera jusqu’à cette soirée du pic d’activité des Camelopardalides. Bonne observation !