Mini forage de test réalisé dans la roche « Windjana » le 29 avril
Curiosity est prêt à forer le sol de Mars pour la troisième fois. La dalle de roche surnommée Windjana et située à Kimberley. Différente des deux précédentes études, elle est constituée de grès. Les scientifiques de la mission souhaitent comprendre « la chimie des fluides qui a collé ces grains (de silices) ensemble pour former la roche ».
Arrivé à Kimberley, début avril, Curiosity s’apprête à présent à opérer un nouveau forage dans la roche de ce site repéré depuis l’espace par la sonde spatiale Mars Reconnaissance Orbiter (MRO). Localisé au carrefour de terrains présentant des caractéristiques géologiques multiples, le site est une étape importante dans la mission de Mars Science Laboratory (MSL) qui le conduira, à terme, sur les premiers contreforts du Mont Sharp (ou Aeolis Mons), point culminant (5,5 km d’altitude) de la région.
Aussi, après enquête de terrain et moult délibérations, l’équipe scientifique s’est prononcée pour l’étude d’une dalle de grès qu’ils ont d’ores et déjà baptisée « Windjana », en référence aux gorges du nord-ouest de l’Australie, situées précisément dans la région de Kimberley (rappelons à cet égard que c’est aussi dans cette partie du monde que les géologues étudient quelques-unes des plus anciennes roches terrestres…). Il s’agit du troisième forage entrepris par Curiosity depuis son débarquement dans le cratère Gale (155 km de diamètre), le 6 août 2012 soit plus de 600 jours martiens (Sol) en arrière.
Formation des paysages du cratère Gale
Cette fois, plutôt que de creuser les dépôts d’argiles tapissant le fond d’un lac asséché depuis plusieurs milliards d’années — un milieu, par ailleurs, qui a été jugé favorable au développement de formes de vie dans le passé —, les chercheurs s’intéressent aux formations de grès présentes dans cette région. « Nous voulons en apprendre plus sur le processus d’humidité qui a transformé les dépôts de sables en grès » argue le responsable du projet à l’Institut de Technologie de Californie, John Grotzinger. « Quel était la composition des fluides qui ont liés ces grains ensemble ? » interroge-t-il, « cette chimie aqueuse est une partie de l’histoire de l’habitabilité sur laquelle nous enquêtons ». Cette étude pourrait également éclairer les chercheurs sur la construction des paysages dans le cratère où sont observées diverses mesas, notamment pour la montagne trônant au centre, édifice stratifié.
Après avoir ôté avec une brosse prévue à cet effet la fine pellicule de poussière qui recouvre « Windjana », une première approche a été effectuée avec le spectromètre APXS (Alpha Particle X-Ray Spectrometer) ainsi qu’un mini-forage par précaution. Avant d’en réaliser un plus profond, les scientifiques souhaitent, en effet, s’assurer du bon choix de la cible pour les échantillons à étudier in situ. Au cours des prochains jours, la roche prélevée devrait être introduite dans le petit laboratoire embarqué puis soumis à l’analyse chimique et minéralogique.
Premiers astéroïdes photographiés depuis Mars
Il n’y a pas que le jour que Curiosity travaille. Depuis la surface de Mars, il arrive souvent que le rover mène des opérations de nuit afin, notamment, d’étudier l’atmosphère très ténue et ses changements métrologiques au fil des saisons. Au début de la soirée du 20 avril (Sol 606), par temps clair, la caméra du mât (MastCam) photographia une partie du ciel où brillaient Cérès (950 km de diamètre) et Vesta (530 km), les deux plus gros corps de la ceinture d’astéroïdes. Plus proche de la planète rouge que de la Terre, celle-ci s’étend entre 2 et 3,2 unités astronomiques (Mars est à 1,5 UA). Les deux lunes Phobos (27 km) et Deimos (15 km) en sont probablement originaires.
Limitée à une magnitude 6-7, l’image réalisée avec un temps de pose de 12 secondes reflète assez bien ce que l’œil humain pourrait distinguer sur place, nonobstant le bruit de fond du capteur. Sur d’autres clichés, pris un peu plus tard avec un temps de pose d’une demi-seconde dans chaque cas, on aperçoit les deux planètes géantes Jupiter et Saturne, de même que ses deux minuscules satellites naturels.