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[Portrait d’innovateur] Catherine Barba veut "accompagner l’e-commerce et encourager l’entrepreneuriat en France"

Publié le 02 mai 2014 par Pnordey @latelier

Rencontre avec Catherine Barba, pionnière de l'Internet en France et spécialiste de l'e-commerce.

Une innovatrice ? Oui ! Et surtout une avant-gardiste ! En effet, Catherine Barba nous raconte son arrivée dans le numérique…il y a 18 ans ! "En 1996, l’Internet c’était très calme en France, il y avait moins de 200 000 internautes. Or, j’avais fait un stage de six mois aux Etats-Unis, où évidemment tout le monde avait déjà une adresse AOL." Fraîchement diplômée de l’ESCP, Catherine vient alors de terminer son mémoire de fin d’études sur l’arrivée d’Internet en France et la lecture de la presse. « J’avais eu l’idée de ce mémoire suite à une annonce dans Télérama d’un concours organisé par le Syndicat de la presse » dont elle gagne le premier prix. La présidente de ce jury était la présidente d’OMD, filiale du groupe Omnicom (qui a fusionné depuis avec Publicis) spécialisée dans l’achat d’espaces publicitaires. Elle repère donc Catherine et lui propose de rejoindre OMD. Catherine entre ainsi dans le monde du numérique en tant qu’intrapreneuse. "Il a fallu tout implanter, tout était à défricher, à inventer : aller formater des systèmes, se documenter sur les règles d’achats d’espaces en ligne, etc. ». Puis en 1999, Catherine rencontre le patron d’I-France qui était dans le top 15 des sites français du moment. Elle rejoint alors cette société pour y développer la croissance des revenus du site.  "C’est véritablement là que j’ai voulu devenir entrepreneuse". En 2001, Catherine se lance et crée sa première entreprise, CashStore, qu’elle revendra en 2010 à son principal concurrent. Elle ne s’arrête pas là. Elle crée en parallèle une agence d’e-commerce. "Nous fabriquions des sites d’e-commerce, nous faisions de l’achat d’espaces, nous travaillions à générer du trafic sur les sites que nous convertissions en ventes. Nous avions aussi commencé à former petit à petit les professionnels du retail à la culture internet". Cette entreprise, elle l’a revend en 2011 au fondateur de vente-privee. Depuis, elle dirige CB Group. Elle est également business angel. "C’est très important, explique -t-elle, de partager et c’est pourquoi je soutiens des entreprises comme Leetchi, Frenchweb, etc."

L’idée disruptive ? Aujourd’hui Catherine défend l’idée que la transition numérique est cruciale pour le secteur du retail et doit être bien géré. Elle reprend ainsi très souvent l’expression de Gilles Babinet "la révolution numérique" pour décrire le phénomène en cours. Pour répondre à cette tendance, celle-ci a fondé CB Group dont la vocation est d’accompagner les entreprises dans leur transition numérique et de les aider à répondre  aux nouvelles problématiques qui en découlent. Forte de toutes ces années dans l’e-commerce, Catherine décide de mettre l’expertise qu’elle a accumulée au service des acteurs traditionnels du commerce. "Ma démarche englobe l’ensemble du marché, aussi bien les grandes enseignes, les grandes marques que les petits commerçants de proximité". Les missions de conseil permettent ainsi de répondre à des questions telles que “Quelles ressources (internes et prestataires) doit-on dédier à notre projet e-commerce ? Quelle solution e-commerce nous faut-il ? Qui faut-il consulter ? Quelles sont les bonnes pratiques en SEO ?”

Pourquoi s’y intéresser ?  "Quand j’ai commencé dans le digital, les sites d’e-commerce étaient naissants. Mes clients étaient la Fnac, Alapage, Aquarelle, c’était mon quotidien. Je voyais bien que ça représentait une nouveauté, une innovation, raconte Catherine. Elle estime avoir contribué à développer ce secteur en testant des choses nouvelles. "Aujourd’hui cette transition vers le numérique est fondamentale, c’est là que je vais créer de la valeur". Selon elle, la distinction entre commerce et e-commerce disparaît. En somme, nous allons vers la disparition inévitable du "e". "Quand j’ai commencé dans le e-commerce il y a quelques années c’était un secteur à part entière, une bulle dans un coin. Aujourd’hui le digital est absolument partout, dans toutes les entreprises, dans tous les secteurs, dans tous les métiers. Ce « e » fait partie du job de chacun,  ça doit être l’engagement personnel quotidien de chacun". Aujourd’hui, quelle que soit la taille du commerçant ou la nature de ses produits, la dimension internet devient de plus en plus présente dans l’activité commerciale, "tout simplement parce que les clients sont connectés 24/24".

Pourquoi ça nous impacte ?  "Je parle de commerce connecté pour désigner un mode de distribution qui mixe harmonieusement des réseaux physiques et des réseaux digitaux". En effet, aujourd’hui, un commerçant peut se déployer sur un magasin physique, un site e-commerce, un site mobile, une application, les réseaux sociaux, le téléphone, le mail et tous ces canaux sont autant de points de contact avec le client qui créent des occasions de parler avec son client et lui proposer ses produits ou services. Ce commerce connecté avec une dimension sociale entraîne de facto des changements de comportements, des besoins. "Le mobile est le nouveau compagnon de tous mes achats, il me permet d’avoir plus d’informations sur un produit, de comparer les prix, de lire les avis clients, je vais prendre une photo et la poster à des amis". Les consommateurs sont tout le temps connectés, le digital s’invite tout le long du parcours d’achat : avant, pendant et après. Catherine observe que la confiance a un peu changé de camp. "Aujourd’hui avant de faire un achat on aime regarder ce qu’en disent les consommateurs davantage que ce que les marques déclarent sur elles-mêmes". Mais le consommateur a aussi souvent envie de s’exprimer sur les réseaux sociaux à propos des produits ( "like", commentaires). Ce besoin d’expression est extrêmement présent et les sites d’e-commerce. C’est vrai qu’en magasin c’est rare que l’on me demande l’avis du client et cela peut être parfois vécue comme une frustration. "Ce qui a également changé c’est qu’on aime bien avoir le choix". Désormais le consommateur peut choisir de faire les magasins parfois mais aussi d’autres fois simplement se faire livrer chez soi. Ainsi, l’internet a développé l’exigence du choix."

Et à l’avenir ? "Paradoxalement, plus il y a du digital plus on va vers un vrai retour au réel avec un besoin de vrais vendeurs sympas, qui nous conseillent". Si l’on a longtemps cru que le e-commerce allait tuer le commerce physique, on observe tout le contraire. "Plus il y a de digital plus on a besoin de lien social, de lien humain et ça c’est la bonne nouvelle pour l’avenir". Catherine prévoit de continuer à soutenir le commerce de demain et d’observer très attentivement toutes les évolutions du commerce (digitalisation des points de vente, web-to-store, etc.). Mais aussi de soutenir l’entrepreneuriat en France. "Que ce soit en organisant des évènements comme la Journée de la Femme Digitale, en investissant dans des startups, en allant parler dans les écoles avec 100 000 entrepreneurs pour encourager les jeunes à entreprendre". Dernier projet en cours : un programme court sur une grande chaîne de télévision.


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