Un jour de grand froid dans une forêt sombre
J'ai trouvé une grotte pour me mettre à l'abri
Dans ce glauque refuge soudain je vis une ombre
Inquiétante et difforme d'un vieillard assis
Avachi dans les bras d'un poussiéreux crapaud
L'ancêtre me détaille de ses yeux nébuleux
Il n'ouvre pas sa bouche implantée de chicots
Des nuées de vermines nichent dans ses cheveux
Je lui glisse un rictus en guise de sourire
Qu'il me rend d'un juron sortant de son rectum
Comme s'il se vidait d'un surplus de soupirs
Sous sa barbe ancestrale il n'a plus rien d'un homme
La teinte de sa peau est indéfinissable
Verdâtre et hâlée de trop de négligences
La vue de cette crasse n'étant plus supportable
Je fus pris de nausées de l'excès d'effluences
Ce n'est qu'un peu plus tard dans cette ignominie
Que j'ai craché mes tripes d'une gerbe de fiel
Mais l'ermite mité ne fit cas du vomi
Se mis à m'imiter d'un jet surnaturel
Devant cette immondice j'ai voulu déguerpir
Mais sa chauve-souris prohiba ma retraite
Se jetant à mon cou comme un petit vampire
Devant l'air amusé de son galeux de maître
Puis inopinément la bête répugnante
S'envola dans un cri déchirant mes entrailles
En m'arrachant la peau de ses griffes tranchantes
Toujours devant l'œil de l'odieuse canaille
Ce dernier se leva et je fus étonné
De voir devant moi un petit vieux très beau
Sa répugnante allure est métamorphosée
Sur sa tête il porte un amusant chapeau
Son regard attachant me toisât gentiment
Puis me dit en riant à peu près ces paroles
Désolé de sourire mais vous êtes étonnant
Avec votre frousse je vous trouve bien drôle
Rares sont les humains qui pénètrent ici
Il faut être inconscient pour me rendre visite
J'aime votre culot et vous m'avez surpris
Bienvenue dans mon antre c'est moi qui vous invite
Avachi dans les bras d'un poussiéreux crapaud
J'émerge doucement d'un sommeil agité
Au ciel de la grotte une chauve-souris
M'atteste que dehors le jour s'est levé