Frappés par la guerre et la peste pendant les années 1526 et 1527 les napolitains en appellent à l’un des sept grands saints patrons de la ville, San Gennaro (ou Saint Janvier). Par contrat dûment réalisé devant notaire, le saint, bien que mort en 304, s’engage à protéger la ville de la peste et des éruptions du Vésuve, en échange de quoi le peuple de Naples lui constitue un trésor. Cet extraordinaire ensemble d'une richesse inouïe - on dit que sa valeur équivaut à celle des joyaux de la couronne d'Angleterre - est présenté au musée Maillol jusqu’au 20 juillet.
Ceux qui apprécient le travail d’orfèvrerie du XVIIème siècle et les pierres précieuses seront comblés.Il leur faudra cependant passer par un portique de sécurité à l'entrée et à la sortie du musée ...
On commence la visite par une série de bustes-reliquaires monumentaux, en argent, représentant les saints patrons de Naples – il y en eut jusqu’à 51 ! – chacun portant en médaillon, comme il est d’usage, un petit morceau d’os sous une vitre. Lorsqu’il n’y a pas de relique, on a mis un énorme rubis … Ensuite, c’est une foule de calices et d’objets sacerdotaux, certains en or massif, offerts par les grandes familles et les rois en signe de joyeux avènement, pour se ménager une bonne communication auprès du peuple de Naples, propriétaire de cette fantastique collection.
Les deux pièces les plus spectaculaires sont sans conteste :
La mitre de San Gennaro. 8 kilos d’or et d’argent, 3 890 diamants, 198 émeraudes et 168 rubis ! L’émeraude symbolise l’union de San Gennaro à l’éternité, les rubis, le sang du martyre qu’il a subi, et les diamants, sa foi inébranlable. Mais pour les gemmologues, la mitre de San Gennaro est la plus extraordinaire collection de pierres en provenance des mines précolombiennes.
Le collier de San Gennaro. C’est à partir de 1679 que les héritiers des grandes familles aristocratiques gardiennes du trésor du saint patron de la ville réunissent les plus belles pierres précieuses pour réaliser un collier sur 13 rangs de chaîne en or massif, destiné à orner le buste de San Gennaro. Au fil des siècles, le collier est enrichi par les dynasties régnantes d’Europe, qui honorent le saint avec 700 diamants, 276 rubis et 92 émeraudes. Cet objet a été réalisé à l’aide des dons de Charles V de Bourbon, Joseph Bonaparte, Marie-Caroline de Habsbourg, sœur de Marie-Antoinette, ou encore la reine Marie-Amélie de Saxe, auxquels ont été ajoutés ceux de Napolitains anonymes. Sa plus jolie « breloque » est la croix offerte par Joseph Bonaparte, visible à droite ….
Chaque année, le samedi qui précède le premier dimanche de mai, on promène le reliquaire contenant le sang de Saint Janvier par toute la ville, ce sang qui se liquéfie à nouveau périodiquement. C’est le miracle de San Gennaro qui se reproduira vraisemblablement demain …
L’origine de cette tradition, respectée dans toutes les communautés italiennes comme à Little Italy de New York, remonte aux premiers siècles de notre ère. San Gennaro, ou Saint Janvier, mort en martyr en 304 des persécutions de Dioclétien, est le grand saint patron de la ville. Il fut jeté aux lions mais les apprivoisa, ensuite il fut décapité. Son sang, recueilli dans deux ampoules, se liquéfie ou même parfois entre en ébullition trois fois par an, aux mêmes dates depuis des siècles, un phénomène que même aujourd’hui la science ne peut expliquer et que l’église catholique refuse d’homologuer comme miracle. La croyance populaire considère en tous cas comme un bon présage que le phénomène se déroule rapidement, et en revanche, redoute une catastrophe s’il se produit avec retard ou pas du tout …
A cet égard, l’exposition montre un tableau tout à fait drôle du peintre, musicien et écrivain E.T.A. Hoffmann (celui qui écrivit Casse-Noisette et les contes) : le général français occupant Naples pour Napoléon s’est placé juste à côté du desservant qui montre les ampoules contenant la sang sacré. Il l’a prévenu : si le sang ne se liquéfie pas dans les 10 minutes, il le passera au fil de l’épée. Ce que le sang fit quelques instants après ….
MUSEE MAILLOL 59/61, rue de Grenelle, 75007 – exposition ouverte tous les jours de 10h30 à 19h00. 13€. Jusqu’au 20 juillet.