Et hop, c’est reparti pour un atelier d’écriture, j’ai rattrapé le train en marche et voici ce qu’a donné la récolte de mots cette semaine chez Olivia : soutien – famille – convivial – repas – réunion – confrérie – confrontation – humilité – orgueil – arrogance – mépriser – morgue – autopsie – trouver – réponse
La consigne était la suivante : soit vous prenez tous les mots, soit vous n’en sélectionnez que cinq et vous ajoutez la consigne suivante : un des personnages doit dire "je n’aime pas la tiédeur des sentiments".
Voici donc ma participation pour cette semaine. Previously on Honey/Cynthia’s story, le Docteur Moisan, ayant constaté que la mémoire de Cynthia revenait plus vite lorsqu’elle trichait avec son traitement, a décidé de lui faire confiance et de diminuer ses doses. Then… (désolée Olivia, je voulais faire revenir Jensen tout de suite mais les mots ne s’y prêtaient pas !).
‘Ce matin, Cynthia était assise, pensive, près de la fenêtre de sa chambre. On avait diminué la posologie de son traitement depuis trois jours et elle reprenait lentement contact avec ses sensations. Son cœur se réjouissait à nouveau du soleil qui se reflétait sur le lac et du chant des oiseaux dans le parc, sa notion du temps se faisait de plus en plus précise, et son impatience de revoir Jensen grandissait au fur et à mesure de son retour à elle-même. Ses cauchemars devenaient aussi plus oppressants, mais elle se gardait bien d’en parler au Docteur. Celui de cette nuit l’avait laissée pantelante et terrorisée, mais avec quelques respirations profondes elle avait réussi à retrouver un semblant de calme. Tout plutôt que de retrouver son espace intérieur gris et morne. Nuit après nuit, toujours ces flammes, ces cris… faute de les comprendre, elle tentait de s’y habituer et se disait que le moment venu, elle finirait bien par trouver des réponses.
Quelqu’un frappa à la porte, la sortant de ses sombres réflexions.
-Entrez.
C’était le Docteur Moisan.
-Bonjour Docteur.
-Bonjour Cynthia, comment allez-vous aujourd’hui ?
-Bien Docteur, bien mieux.
-Parfait. Nous sommes samedi, vos parents sont là. Ils m’ont demandé il y a quelques temps s’ils pouvaient vous amener chez eux le temps d’un repas. J’étais réticent jusque là mais comme je vous l’ai dit cette semaine, vous avez fait beaucoup de progrès et votre famille est impatiente de pouvoir vous apporter son soutien.
Une montée d’angoisse s’empara d’elle. Elle ne savait pas si elle était prête pour une confrontation avec le monde extérieur. Elle se sentait tellement à l’abri ici. Une maison de repos, comme on appelait sobrement la clinique des Bois Verts, n’était-elle pas la réunion de personnes souffrant de maux comparables aux siens ? Une confrérie presque conviviale où tout était mis en œuvre pour son bien-être ? Pourtant, aussi rassurante que pouvait être sa petite chambre blanche, elle ne pourrait pas y passer toute sa vie, elle en était consciente. Elle se reprit et répondit avec toute l’assurance dont elle était capable :
-Je suis sûre qu’ils vont beaucoup m’aider. Allons-y Docteur.
Papa et Maman attendaient dans le hall d’entrée. Comme à chacune de ses visites, Maman la serra très fort contre elle.
-Nous la ramènerons à 17h Docteur.
-Très bien, passez une bonne journée. En cas de problème, vous avez mon numéro de téléphone. Mais je suis sûr que tout ira bien, dit-il avec un sourire rassurant.
Cynthia monta à l’arrière de la Laguna de Papa et réalisa qu’elle allait retrouver le monde réel. Pour la première fois depuis deux mois, le paysage serait différent et ne serait plus figé, à l’image de celui qui défilait par les fenêtres de la voiture. Après vingt minutes de route, à l’approche du petit pavillon de banlieue de ses parents, elle reconnut le quartier, les rues et des flashs lui revinrent à l’esprit : le lycée tout proche, ses premières leçons de conduite… Puis la voiture s’arrêta devant la maison, la maison dans laquelle elle avait grandi. En descendant, Maman la regarda avec acuité, comme si elle voulait autopsier ses pensées.
-Oui Maman, je crois que je me souviens de la maison, lâcha Cynthia, alors que sa mère n’avait encore rien dit.
-C’est très bien, répondit Maman, les yeux humides. Viens on va entrer, l’intérieur ravivera peut-être d’autres souvenirs. Maya va bientôt arriver.
Cynthia entra dans la maison et se dirigea vers le salon. Un superbe chat sacré de Birmanie se tenait sur un des fauteuils, affichant un air orgueilleux et méprisant. Quand il aperçut Cynthia, il abandonna aussitôt sa morgue et son arrogance et se leva pour aller se frotter contre ses jambes avec humilité.
-Opale… murmura la jeune femme en prenant doucement l’animal dans ses bras.
Tenant la bête ronronnante contre sa poitrine, elle se promena dans la pièce et en étudia tous les détails en espérant en faire surgir des images du passé. Puis son regard fut attiré par la cheminée, et par les cadres qui y étaient placés. Ils étaient pleins de visages heureux et souriants, témoins d’époques plus légères. Elle reconnut Papa, Maman et Maya, mais les autres visages lui étaient pour la plupart inconnus ou très flous. Soudain, son cœur s’arrêta. Sur une photo de famille, un beau jeune homme au regard vert familier se tenait près d’elle. Elle n’en croyait pas ses yeux : c’était Jensen.’