Monk pour tous.
En dix albums.
1954, Thelonious Monk Trio.
L'album est quelque fois rebaptisé du tître original que Monk, un incorrigible homme las, voulait lui donner: Monk's Moods. Art Balkey, Max Roach, Gerry Map & Percy Heath sont aussi sur cet album. Les images sonores de ce mathématicien des sons travaillant des formes géométriques sur son clavier ne durent que 35 petites minutes mais ils contiennent les premiers enregistrements studio de deux de ses plus fameux morceaux: Blue Monk et Bemsha Swing.
1957. Thelonious Monk with John Coltrane.
Lancé 4 ans après avoir été travaillé avec Coltrane, l'album contient trois morceaux studios enregistrés en juillet 1957, alors que le quartet de Monk (qui comprenait Coltrane) avait résidence au légendaire club Five Spots de New York pendant 6 mois. On y a collé deux morceaux non retenus pour l'album Monk's Music (sorti en 1957), un autre non retenu pour un autre album lancé aussi en 1957 et un morceau de piano solo "fonctionnel" de Monk en solo au final.
8.
1959. 5 By Monk By 5.
Le titre fait référence au format de quintet du band. Monk au piano, Thad Jones (frère d'Elvin et de Hank) à la trompette, Sam Jones (rien à voir avec l'autre)à la basse, Charlie Rouse au sax tenor et Art Taylor à la batterie. Cet album contient son plus fameux morceau: Straight, No Chaser.
7.
Comme le tître le souligne, on y trouve ici 8 compositions du grand Duke Ellington. La nouvelle pochette de 1958 (et des années qui suivront) est fantastiquement belle. La musique aussi. Puisque sa musique, comme mon fils le disait, était jugée peu accessible pour le grand public, on a proposé subtilement au las Thelonious d'enregistrer le plus "grand public" des jazzmen. Délicat et mélodique, jazz grand public.
1958. Misterioso
En format quartet, avec Coltrane au sax, Ahmed Abdul-Malik à la basse et Shadow Wilson à la batterie, cet album, avec son tître mystique et ses sons énigmatiques a contribué à donner une réputation de musicien "peu accessible" pour le non-amateur de jazz. Enregistré principalement en spectacle, l'album en est un de Hard bop où Monk y joue moins de manière introvertie, et avec beaucoup plus de vivacité selon les réactions de la foule.
1968. Underground.
Voilà un album dont j'ai adoré la pochette depuis toujours. Je le voulais en poster pour mettre dans ma chambre au sous-sol au 902 chemin St-Louis à Québec. Mon quartier général, pré-ado/ ado.L'album contient la seule valse composée par Monk à vie, un blues extraordinairement simple mais avec une dissonance mélodique étonnante, deux hommages à sa fille Barbara dont un avec une structure harmonique non orthodoxe et un hommage à son ami Bud Powell sur lequel Jon Hendricks pose sa voix.
1947 et 1952. Genius of Modern Music Volumes 1 & 2
Tout premier album de Monk, et troisième de celui-ci. Les deux avec Monk pour la première fois en plein contrôle de son art et comme leader, tout ce qu'il y a de plus moderne. Album comprenant un certain Humph et qui met aussi en vedette (entre autre) Art Blakey et Max Roach à la batterie, Kenny Dorham à la trompette et Milt Jackson au xylophone
3.
Année importante que celle des 40 ans de Thelonious où il lance pas moins de 8 albums (!). L'album ne sera toutefois public que deux ans plus tard et sera le tout premier ne contenant que des morceaux composés de sa main. Monk, tout à fait lui-même, oui. Un de ses morceaux enregistré 10 ans plus tôt sera repris des mililards de fois dans l'univers du jazz.
1956. Brilliant Corners.
Monk y joue du célesta et la chanson titre était si complexe qu'elle ne fût jamais joué intégralement en studio mais plutôt montée de toute pièce à la production parce que les musiciens n'en pouvaient plus de tenter de jouer l'impossible pour Monk. Certains musiciens étaient si écoeurés de la réenregistrer qu'ils mimaient leur jeu sur instrument, convaincu que des 24 prises précédentes, au moins une serait jugée bonne. Le résultat est brillant de tous les coins. La structure sonore de ce seul morceau désorganise le jazz, le blues et la musique africo-américaine avec de complexes accents rythmiques et les réinvente. Pas une musique pour tous, mais pour moi, oui.
1962. Monk's Dream
Le meilleur Monk de l'avis général. Avec Jonh Ore à la basse, Charlie Rouse au sax tenor, Frankie Dunlop à la batterie et bien sur Monk au piano et aux commandes. Peu de gens comprennent encore aujourd'hui le niveau de complexité de la musique de Monk et cet album offre 4 paires d'oreilles presque télépahiques. Monk envoie des frisbees sonore dans le studio et les autres comblent l'espace de manière fort ingénieuse. Méchant beau pique-nique sonore.
Monk marque.
Mon oreille du moins.
Moins celle de Monkee.