Je suis un combattant, un guerrier anonyme contre l’incivisme: un homme comme un autre, invisible. Mais j’ai toujours pressenti ma différence: l’impression de ne pas appartenir complètement à votre monde, comme si quelque chose d’infime, mais de suffisamment fort, m’empêchait d’intégrer la cohorte indifférente de mes contemporains.
Jusque-là, j’ai toujours subi en silence les agressions continuelles d’un monde de dépendance et de contrariétés: la liberté des uns se termine là où etc. etc. Devant les mille désagréments de cette promiscuité avec les sans-gênes, les grossiers, les bruyants, les puants, les agressifs, les dangereux, faudrait-il attendre passivement et supporter l’aliénation de sa propre liberté, de son espace vital ?
Je ne prétends pas détenir une vérité, ni sauver l’apparence du monde, encore moins le rendre meilleur. Ma part semble dérisoire, mais pour moi incontournable. Mes interventions sont souvent plus impulsives que véritablement réfléchies. Elles s’imposent d’elles-mêmes: coordonnées, précises, sans risques. Je ne me considère pas comme un meurtrier: je ne tue pas par goût, ni par nécessité, je tue par civisme.