Les nomades hébreux venus de la péninsule Arabique s'installèrent en Palestine vers 2528 de l'ère hébraïque (XIII° s. av. J.-C), ils avaient pour roi Abou Sowa Bennoun.
David ( Sidna Daoud) fut roi des Juifs en 2800 (960 av. J.-C.) à l'âge de 70 ans, et son règne dura 40 ans. Il installa sa capitale à Jérusalem (ancienne forteresse chananéenne) et unifia les deux royaumes juifs (Israël et Juda). Son fils Salomon lui succéda et construisit Jérusalem en 7 ans (3028 : 900 av. J.-C).
Senacherid, roi assyrien (Sinhi-ib, roi de Sour) envahit le royaume d'Israël et l'asservit (3039 : 722 av. J.-C). Nabuchodonosor, roi de Chaldêe (Nibodgat Nisar ) se substitue à l'Assyrie et envahit les royaumes d'Israël et de Juda. Il détruisit Jérusalem en 3175 : 586 (première destruction du Temple) et emmena les Hébreux qui avaient échappé au carnage en captivité à Babylone.
C'est alors que certains émigrèrent et arrivèrent à Ifrane en 3400 (361 av. J.-C), sans doute à Ia recherche de l'endroit où souffle l'Esprit. Ils suivirent la route continentale par l'Egypte et le long du désert. A leur arrivée, ils égorgèrent les autochtones pour avoir l'autorisation de s'installer dans le pays. Ils logèrent dans les grottes et appelèrent leur Nouvelle cité la « Petite Jérusalem ». Ce n'est que bien plus tard qu'ils construisirent le Mellah à peu près à l'endroit où il est actuellement.
Titus, général romain sous le règne de son père l'empereur Vespasien, envahit la Palestine et lutta 7 ans pour prendre Jérusalem. En ?0 (9 juillet 3828 — ou 3831), il pénétra dans la ville et dévasta tout sur son passage (2ème destruction du Temple). 10.200.000 juifs périrent tués ou brûles. 16.000 furent réduits en esclavage. Ceux qui réussirent à s'échapper émigrèrent tout le tour du Bassin Méditerranéen, ils atteignirent Tétouan et le Portugal (Granda). Quelques familles seulement arrivèrent à Ifrane quoique les juifs déjà là les aient invités à venir en apprenant los persécutions dont ils étaient l'objet de la part des Romains.
Les autochtones ne pouvant s'entendre avec les juifs, il y eut des suites parfois longues et sanglantes. Les juifs se réfugieront à Agoummad, mais y restèrent relativement peu de temps (un vieux cimetière témoigne seul de leur passage). Après un accord avec les berbères, ils revinrent du Mellah actuel.
Les musulmans leur créèrent alors des ennuis ; ils les empêchèrent d’enterrer leur mort dans le cimetière ancestral (Meaara), soit volontairement, soit à cause de leurs luttes intestines perpétuelles qui rendaient toutes sortes impossibles. Ils enterrèrent donc leurs morts au lieu dit « Lemgiyra ». Au milieu du Mellah, dans une butte sur sept étages successifs, de bas en haut. Doux tombes do femmes portent les dates 5490 et 5624 à des étages différents ; ce cimetière a donc servi plus de 150 ans. Le calme est revenu, les juifs enterreront de nouveau leurs morts à l'ancien cimetière.
Plus tard, les Musulmans envahirent le Mellah et détruisirent tous les livres qu'ils purent trouver, les brûlant ou los déchiquetant (Chifer Ghouafer), écrits sur des parchemins on peau de mouton) ou les emportèrent pour les revendre ensuite. Un chleuh proposa encore récemment une moitié de Talmud au. Rabbin actuel, celui-ci ayant déclaré n'en avoir que faire, le berbère le lui offrit « pour mettre dans sa mosquée. »
Lors de ces nouvelles luttes intestines Ait Nizal et Hilala, une partie des juifs s'enfuit à Igherghar (Ait Jerrar de Taghjicht) il y a une quarantaine d'années (5663) mais y restèrent peu.
Les juifs d'Ifran
(Anti-Atlas Marocain)
Revue « Hespéris », Année 1948
Au Maroc et ailleurs, on a beaucoup parlé d'Ifran et de ses juifs. Ceux-ci seraient installés dans la région depuis des siècles. Un de leurs tombeaux porterait même une date antérieureà l'ère chrétienne. On sait que la palmeraie d'Ifran était, autrefois, placée sur une des routes commerciales du Soudan...
Les données, souvent légendaires, réunies par certains auteurs et en particulier par Nahum Slouschz, peuvent se résumer ainsi :
« Dans la longue bande de territoires présahariens qui s'étend d'Alexandrie à l'embouchure de l'oued Dra, ...on retrouve partout des traditions locales y attestant l'existence ancienne de populations sédentaires juives, auxquelles serait liée l'introduction de certaines techniques (métallurgie, forage des puits) »
Le jeudi 29 janvier 1948, je me rendais à Oufran. Le lieutenant Pellaboeuf, chef du poste des Affaires Indigènes d'Ifran de l'Anti-Atlas m'introduisit auprès du Rabbin et des anciens du Mellah, me conduisit avec eux à la synagogue, puis au cimetière, dressa le plan et prit des photos.
SITUATION ACTUELLE DES JUIFS D’OUFRAN
Le mellah ne se distingue guère des autres agglomérations voisines, en pisé, habitées par les berbères.
37 foyers seulement y subsistent, groupant 146 âmes. Cette communauté, jadis florissante, est donc bien déchue. C'est le sort des ghettos du Bani (Tamanart, Aqa, Tatn) où je n'ai plus dénombré, en 1945, que 34 familles, là où Charles de Foucauld, en 1883, en comptait 46.
Cependant, c'est toujours d'Ifran que bien des Israélites do Mogador, et d’ailleurs, tirent leur origine.
A noter que, comme je l'ai observé dans les ghettos du Bani, les Juifs d'Ifran parlent arabe (ou plutôt judéo-arabe) entre eux, berbère pour leurs relations commerciales avec les Chleuhs au milieu desquels ils vivent, hébreu pour le culte, et enfin argot hébraïque devant un goy ou étranger suspect.
LES CIMETIERES JUIFS D'IFRAN
L'insécurité, les persécutions ont amené les fidèles à changer plusieurs fois d'emplacement.
1) Au début, ils enterraient leurs morts sur la rive sud de l'oued, à moins d'un km du mellah actuel, en un lieu qui est redevenu aujourd'hui leur cimetière.
Il n'y a là qu'une faible élévation du terrain dénudé, sans mur ni enceinte, où les sépultures ne sont marquées que par des pierres disjointes dont certaines brisées et souvent déplacées, portent des inscriptions,
Trois points, cependant, sont dignes de remarque :
- à l'entrée, les deux tombes les plus anciennes : celle de Yosef bar Mimun , et celle du pseudo Elie le Galiléen ;
- sous un tertre voisin , les restes des 50 Hannisrafim, martyrs brûlés vifs on 1775 ;
Au centre enfin, un emplacement réputé et d’accès interdit à tous. Il y aurait là des tombes de rabbins vénérés. En tous cas cet endroit ne présente rien de particulier au regard.
Chassés par les persécutions, les Juifs ont ensuite enterre leurs morts à un autre endroit où l’on ne voit plus rien aujourd’hui.
d) Puis ils ont utilise le lieu dit, bu-sswab, aux portes du mellah actuel, il n'y reste plus rien non plus.
Plus tard, vient un tertre, dans l'actuel mellah, appelé Lemgira (signifiant « caverne »). Là encore, rien ne subsiste. On sait seulement, par tradition, que les morts ont été mis là sur sept couches de cadavres superposés.
Enfin et aujourd'hui encore, c'est le temps d'Elmgira.
LES ANCETRES DES JUIFS D'IFRAN
Les juifs actuels d’Ifran affirment que leurs ancêtres vinrent de Palestine par la bordure saharienne, au temps de Nabuchodonosor.
Ils auraient longtemps vécu en troglodytes. Ce sont des grottes, nombreuses dans la région, qui ont donné son nom a Ifran, ou plutôt, comme ils disent et écrivent, ufran, pluriel du mot berbère ifri, qui signifie « grotte, caverne ».
Les fidèles se sont transmis pieusement les noms et, en général, les dates de décès des plus marquants de leurs aïeux. Malheureusement, tous leurs rouleaux de parchemin (sifer) ont été pillés et brûlés par les Musulmans, certains il y a moins d'un demi-siècle.
Les rabbins voyageurs vendent, à travers le Maroc, de pieux récits, analogues à celui-ci, sous le titre, inscriptions des tombes des saints d'Oufran...
Goulimine – Paris, 1948
Vincent MONTEIL
ANNEXE
(Revue « Hespéris », Année 1948)
Casablanca, 13 février 1936
« ...Les gens d'Oufrane quittèrent la Palestine au temps de Niboghat Nissar (Naouchodonosor ) pour gagner ce point du Maroc, représenté par les traditions comme un des lieux où souffle l’esprit.
« Un prophète, Ailé Galilé (Elie lo Galiléen) leur apprit la seconde destruction du Temple.
« Ifrane, dans les traditions juives, a reçu le nom de « Petite Jérusalem » ou de « 2ème Jérusalem ».
« Les livres de la communauté ont été détruits, il y a 33 ans, ou cours de la guerre des Ait Mzal et des Hilala. Tous les mellahs furent, d’ailleurs, à cette époque, évacués jusqu'aux
Aït Baha. . .
« Les caractères que j’ai relevés a Ambed Tizmaguiden , près do Aouinet Torkoz, sont certainement des signes saints employés par les cabalistes ; de même pour de très nombreux autres signes du Djebel Taskaliouine. A noter quo los tombes qu'ils décorent abritent des saints inconnus des musulmans.
« Il serait intéressant d'avoir, auprès « Il serait intéressant d'avoir, auprès des Oufranis , quelques renseignements sur Rabbi Haïm Votal , rabbin mort et enterré on Palestine, dont le tombeau aurait disparu pour se trouver, miraculeusement, aujourd'hui sur un djebel entre Noun ot Draa , où se trouveraient également les pages égarées du Talmud de Jérusalem»
Signé : BOUTET
La Voix des Communautés N° 28 - Février / Mars 1953