Une invitation à goûter au plaisir de la Jaguar F-Type, ça ne se refuse pas. Certes, on ne peut pas littéralement parler d’un essai, puisque nous n’avons en tout et pour tout roulé qu’une petite heure à bord des deux modèles mis à notre disposition. Autant dire qu’il ne fallait pas commencer à chipoter avec toutes les configurations de châssis, direction et autres paramètres en tout genre, sous peine de passer à côté de ce petit moment de plaisir automobile, cheveux au vent.
Nous voilà donc un beau matin d’avril au garage Jaguar à Drogenbos. Le concessionnaire y présente la nouvelle F-Type Coupé à ses clients les plus chanceux…et fortunés.
Petite piqûre de rappel, tandis que la commercialisation du cabriolet débutait il y a maintenant plus d’un un, le coupé a été dévoilé au grand public au Salon de Los Angeles, en novembre dernier.
À l’instar du cabriolet, trois motorisations sont au programme, à savoir le V6 (340 ch), le V6S (380 ch) et le V8R, qui profite d’une sympathique cure de protéines pour culminer à 550 ch, là où son homologue découvrable « plafonne » à 495 ch, excusez du peu. Parmi les principales évolutions, on note une rigidité de torsion accrue de 80 %, des freins en carbone-céramique en option, au cas où certains ne résisteraient pas à la tentation d’une petite arsouille sur circuit, un différentiel actif électronique revu ainsi qu’un inédit répartiteur de couple au freinage. En fonction de la vitesse d’entrée en virage, ce dernier freine les roues individuellement pour contrecarrer un éventuel sous-virage, histoire d’offrir une plus grande agilité. Notons finalement que le coupé, au même titre que le cabriolet, n’a rien d’une ballerine, puisque son poids culmine à 1650 kg en version R, soit 200 kilos de plus qu’une certaine Porsche 911 Carrera S, tout de même !
Au niveau des tarifs, tandis que les modèles V6 et V6S sont affichés à respectivement 68 800 et 80 400 €, soit 7 000 € de moins qu’en version découvrable, le haut de gamme se négocie contre un chèque de 106 000 €, ce qui représente une hausse de 3 200 € par rapport au V8S cabriolet.
Assez parlé des détails techniques, il est temps de prendre le volant de nos deux divas. À défaut de mettre la main sur une F-Type Coupé R, il nous est proposé de goûter au V8 cheveux au vent, avant de prendre les commandes du coupé en version V6S.
Dès le démarrage, le V8 5.0l suralimenté sort ses griffes, d’autant plus que nous ne nous privons pas d’ouvrir les clapets d’échappement à l’aide d’un petit bouton sur la console centrale. Pour être tout à fait honnête, la sonorité est telle qu’on se demande comment Jaguar a réussi à passer les tests d’homologation. Ne vous y méprenez pas, nous ne boudons pas pour autant notre plaisir ! D’ailleurs, il est indéniable que cette fabuleuse bande sonore constitue le trait de caractère le plus marquant de cette F-Type.
Nous quittons la concession pour nous faufiler dans le trafic bruxellois. J’en profite pour mettre tous les paramètres en mode ‘dynamique’ et prendre les commandes de la boîte de vitesses ZF à huit rapports à l’aide des palettes au volant. Quel pied mes amis ! Même à 50 km/h, ne fut-ce que rétrograder de deuxième en première se transforme en moment d’anthologie. Le V8 pétarade dans tous les sens, sa sonorité claquant contre les parois des maisons, le tout procurant un effet de réverbération pour le moins réjouissant, au risque de choquer l’un ou l’autre passant.
À bord, le confort reste correct malgré le réglage de suspension le plus ferme tandis qu’on aurait aimé une direction électrique plus informative et un rien moins artificielle. La position de conduite est pour sa part irréprochable et les commandes tombent bien sous la main.
Alors que nous abordons une bretelle d’autoroute, je décide de lâcher toute la cavalerie, histoire de voir ce qu’elle a dans le ventre. En un rien de temps, nous voilà propulsés à des vitesses inavouables, leV8 crachant toute sa puissance à l’approche des 7 000 tr/min. Le bruit s’intensifie encore d’un cran et le paysage défile à toute allure, nous sommes bel et bien dans une véritable voiture de sport !
De retour au garage, il est temps de prendre les commandes du coupé. Encore plus somptueux que le cabriolet, ce dernier est le digne héritier de l’illustre Type E, icône de la marque dans les années 60. Plus abordable que le V8R, le V6S n’en est pas pour autant avare en sensations. Son V6 pousse sans relâche et gratifie ses passagers d’une sonorité envoûtante, dans un style un tantinet moins agressif que le V8. Bénéficiant notamment d’un autobloquant, cette version semble être un bon compromis entre le V6 de base et le tonitruant V8. Cela étant, niveau comportement, difficile de distinguer les deux sur un tel parcours, nous ne nous prononcerons donc que lorsque nous aurons eu l’occasion de réaliser un essai digne de ce nom.
Au final, que retenir de cette courte prise en main ? Indéniablement, Jaguar a réussi son pari de rivaliser avec la 911. Plus gratifiante en conduite de tous les jours, la F-Type offre une expérience riche en émotions et sa ligne somptueuse fait d’elle une véritable supercar. Sans doute n’offre-t-elle pas la rigueur de sa concurrente sur circuit mais au fond, est-ce si important ? Ce qu’il convient de retenir, c’est que vous n’aurez jamais le temps de vous ennuyer à son volant.
Nous, on en redemande !
A.J.
Crédit photos : N.F.