Trois hommes sont jugés à Versailles pour des agressions sexuelles répétées pendant près de 20 ans sur des fillettes de leur cercle familial (photo) ©FRANCK FIFE / AFP
"Perversité et déviance sexuelles étaient omniprésentes" dans cette famille: deux frères de 30 et 33 ans et leur père de 59 ans sont jugés vendredi à Versailles pour des agressions sexuelles en série commises ces vingt dernières années sur sept fillettes du cercle familial.Il aura fallu près de 20 ans pour briser la loi du silence dans cette famille des Yvelines où l’on savait... Un père, Romuald, et ses deux fils, Jean-François et Gilbert, sont poursuivis devant le tribunal correctionnel pour des faits d’attouchements et de corruption de mineurs sur cinq nièces et cousines, entre 1993 et 2013. Jean-François est en outre jugé le même jour pour des agressions sexuelles sur ses filles de 3 et 6 ans commises en mars 2013.
La justice rattrape le trio lorsque, le 19 mars de l’année dernière, la mère de ces deux dernières petites filles porte plainte contre son époux Jean-François avec qui elle est en instance de divorce. Les fillettes disent avoir été agressées sexuellement par leur père pendant les vacances de Pâques à son domicile en Loire-Atlantique. La mère révèle alors aux gendarmes que trois autres membres de la famille lui ont confié avoir été victimes dans le passé d’attouchements de la part de Jean-François et Romuald. Dès lors, la parole se libère: une quatrième fille de la famille porte plainte contre Romuald, puis une cinquième contre Gilbert.
Les deux frères ont déjà été condamnés le 1er avril dernier par le tribunal pour enfants de Versailles pour des agressions sexuelles, commises entre leurs 13 et 18 ans, sur certaines de ces nièces et cousines: Jean-François a écopé de 4 ans de prison dont un avec sursis, notamment pour des viols sur sa cousine par alliance, et a fait appel. Son frère, déficient mental, a lui été condamné à 8 mois avec sursis. Un an plus tôt, c’est leur père qui avait été condamné à deux ans avec sursis pour avoir agressé en 2012 ses petites-filles.
"La perversité et la déviance sexuelles étaient omniprésentes dans ce cadre familial", remarque une source proche de l’affaire, soulignant "le manque d’éducation". Dans les années 1990, Mireille, l’épouse et la mère des prévenus, depuis décédée, garde comme nourrice non déclarée de nombreuses petites filles à son domicile de Bonnières-sur-Seine, ainsi que des nièces et des cousines, les seules à avoir dénoncé des abus. Sous ce toit, caresses forcées, "chantage aux jouets" et menaces du martinet se répètent, selon l’accusation: Romuald, le "papi", se promène en peignoir et se masturbe devant des fillettes en regardant des films pornos ; Jean-François ne permet à une enfant de jouer aux Playmobilque si elle "se plaçait sur lui", son frère Gilbert plaque une autre petite fille contre le mur pour se caresser contre elle. Certaines fillettes dorment dans la chambre de Jean-François, alors âgé d’une dizaine d’années qui leur impose des caresses, voire des viols répétés sur l’une d’elles.
Les parents de cette enfant apprennent la vérité quelques années plus tard, mais ne portent pas plainte, à cause du "qu’en-dira-t-on". "Parce que c’est une histoire de famille"... Jean-François, "plus pervers" que les autres, selon une victime, minimise les faits, tout en reconnaissant avoir eu des moments d’excitation au contact de ces enfants. "Mais cela ne fait pas de lui un prédateur", soutient son avocat Me Denis Solanet, notant que "les agressions sexuelles cessent pendant 13 ans à partir du moment où il quitte le domicile de son père". Le frère et le père ont reconnu leurs actes, ce dernier admettant "avoir un problème avec les petites filles". Des petites filles, dont certaines qui devenues femmes, ont connu tentative de suicide, dépression, problèmes sexuels.FG