Ce matin sur France Culture, chez Marc Voinchet, la chronique de Caroline Eliacheff était consacrée à la défense du secret en démocratie. Mieux, et à juste titre, à la critique des tenants de la transparence dont l'idéal politique inconscient ne serait que la ... "dictature ". Une dictature de forme orwelienne ! Pour ce faire elle prend appui sur le livre de Daniel Soulez Larivière " La transparence et la vertu ". Un livre écrit après qu'E.Pleynel est lancé sa pétition " Nous avons le droit de savoir ! , en 2013. Une sorte de manifeste universel contre le secret. La référence philosophique de tous les lanceurs d'alerte, violeurs du secret de l'instruction et autres "délateurs" . Le plus drôle est que ce même matin, dans cette même émission, juste avant Caroline, Pleynel tenait chronique aussi - je ne dirais rien de son contenu ! . On ne me fera pas croire que ce fut pur hasard. Ces deux là ont du ensuite avoir ... une sérieuse explication .
Pour ceux qui ont quelques minutes à consacrer à la réflexion sur les rapports entre " secret, transparence et démocratie ", je recommande aussi ce texte de Jean-Denis Bredin publié dans la revue Pouvoirs en 2001 . J'en donne ici les deux premiers paragraphes ; la suite dans le fichier joint .
"SECRET, TRANSPARENCE, DÉMOCRATIE... peut-on observer, en pré- ambule, la difficulté qu’il peut y avoir à être assuré du sens des mots qui se retrouvent dans la réflexion ici proposée ? Le secret, nous disent les dictionnaires, est fait « de connaissances, d’informations, que le déten- teur ne doit pas révéler ». Mais ses synonymes trahissent sa complexité, et même sa diversité. On peut y voir l’expression du silence, de l’inti- mité, de la discrétion, un mot très rassurant, ou tout au contraire un mot inquiétant, désignant ce qui est opaque, clandestin, ténébreux. Ne serait-ce pas un mot très équivoque, désignant en réalité de nombreux secrets qui n’ont rien en commun ?
N’en est-il pas de même de la fameuse « transparence » ? Elle est, nous dit le Robert, « la qualité de ce qui laisse paraître la réalité tout entière ». Elle semble se confondre avec la vérité, la clarté, la limpidité, la pureté même. « La transparence est la vertu des belles âmes », assu- rait Jean-Jacques Rousseau qui voulait rendre son « âme transpa- rente ». Voici la transparence, habillée du rassurant manteau de la vertu, ou peut-être d’un voile très léger qui pourrait nous permettre de la contempler nue. Ainsi vue, elle semble le contraire de l’artifice, du secret, du mystère, de toutes les formes de la dissimulation. Mais ne peut-on la regarder autrement ? Ne serait-elle pas aussi impudeur, indiscrétion, irrespect des autres ? Le secret et la transparence, s’il faut les confondre, seraient-ils résolument contraires, opposés comme le soleil et l’ombre, le jour et la nuit, et pourquoi pas la vie et la mort ? Ou ne pourrait-on partir à la recherche de leurs complicités, et pour- quoi pas de leurs ressemblances ?"
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