Critique Ciné : Noé, arche de bêtises

Publié le 30 avril 2014 par Delromainzika @cabreakingnews

Noé // De Darren Aronofsky. Avec Russell Crowe, Jennifer Connelly et Emma Watson.


Le thème de Noé est casse gueule mais Darren Aronofsky aurait pu s’en sortir. Son très bon Black Swan m’avait rendu confiant quand à la possibilité du réalisateur de nous dévoiler un film singulier sur une histoire que l’on a déjà l’impression d’avoir vu et revu (alors que ce n’est pas tellement le cas finalement). Le problème c’est que Noé c’est 2h20 d’effets visuels dignes d’une série B et de dialogues particulièrement pompeux. On aurait certainement pu apprécié quelque chose de beaucoup plus poétique. Lui a voulu faire dans l’heroic fantasy boudinée dans des effets spéciaux sans aucune envergure et particulièrement laids. C’est rare de ne pas voir Noé transpirer le fond vert et c’est navrant, surtout pour une superproduction comme celle-ci. Il y avait largement de quoi faire, et même de quoi surprendre le spectateur mais il ne se passe rien et l’histoire (avec les gros sabots) passe à l’as. J’aurais aimé que le récit prenne une forme plus ésotérique, peut-être même religieuse (cela aurait pu être un parti pris intéressant mine de rien) mais il ne se passe rien de tout ça. A la place on a Papa Bricole et sa famille. Autrement dit, un film torché comme un rond de serviette.
Noé, un homme promis à un destin exceptionnel alors qu’un déluge apocalyptique va détruire le monde. La fin du monde… n’est que le commencement.
Noé avait tout pour me séduire. A commencer par le réalisateur. Mais tout ce qu’il tente de mettre en place devient rapidement ridicule. Sans compter que l’on profite énormément des fonds verts particulièrement ragoûtants du film. Je m’attendais à quelque chose de bien différent. J’aurais trouvé beaucoup plus intelligent de la part de Darren Aronofsky de nous délivrer quelque chose de sombre (comme c’est le cas pour Noé) mais de beaucoup plus efficace d’un point de vue purement poétique. Car la faiblesse de cette histoire c’est justement le fait que le film s’égare dans son côté sombre pour ne jamais nous faire rêver. Le but était aussi de nous toucher avec cette aventure biblique. Il y a largement de quoi car le récit de Noé est quelque chose de beau et de singulier. Mais rien, il ne se passe rien de ce point de vue là. J’ai pu esquisser quelques émotions c’est certain mais ce n’est pas non plus suffisant à mon goût. Disons que ce film est bien la preuve que l’on ne peut pas parler de religion sans avoir un regard légèrement poétique. C’est aussi le but de la religion. Malgré tout, le personnage de Noé a beau être quelqu’un de bon, il va finir par montrer une partie plus dramatique de lui-même.
Tous les passages qui nous racontent l’histoire de la création sont particulièrement moches. Je ne sais pas du tout ce que le réalisateur a voulu faire mais n’est pas Terrence Malick qui veut. Justement, ce dernier aurait sûrement été parfait pour adapter une telle histoire. Son Tree of Life était bourré d’émotions et d’un passage plutôt religieux réussi. Côté casting, si Russell Crowe fait le minimum syndical, la grosse déception c’est Jennifer Connelly. Cette dernière est tout bonnement ridicule. Elle parvient même à devenir une sorte d’actrice de soap à un moment donné alors qu’il y avait largement de quoi faire autre chose avec elle (ou bien son talent est vraiment limité). Ce n’est que mon humble avis mais après avoir plus ou moins adoré la plupart des films du réalisateur, Noé est la plus grosse déception qu’il essuie pour ma part. Je m’attendais à autre chose, peut-être que j’avais aussi trop d’attentes de sa part mais c’est tout de même sacrément embêtant de voir à quel point tout ça est ridicule et filmé comme un étron cosmique.
Note : 0/10. En bref, d’une nullité affligeante. Une belle histoire bazardée au travers de dialogues ratés et d’effets spéciaux particulièrement laids.