Le magazine Prog-résiste existe depuis 1995 et, depuis plusieurs années, organise un événement s'étalant sur deux jours, combinant musique/ conférences/ entrevues/ expositions sous le label Convention Prog-Resist.
Dans le passé la Convention se tenait au Spirit verviétois, depuis l'an dernier, l' Espace Victor Jara de Soignies accueille les amateurs de progrock.
Une salle superbe à l'excellente acoustique, un espace réservé aux marchands, une buvette/snack aérée et en prime une équipe souriante et qualifiée, Bernard et tous ses collaborateurs ont soigné la clientèle aux petits oignons.
Tête d'affiche le 26 avril: The Flower Kings.
Des potes présents ont vanté la qualité exemplaire de la prestation.
Le dimanche, ce sont les Allemands ( Augsburg) Carpet qui ouvrent la partie musicale du happening.
Tu palabrais insouciamment avec les Daffodils lorsqu'une charmante hôtesse te prévient, ça a commencé, monsieur!
Effectivement, Maximilian Stephan -- guitar, vocals/Jakob Mader -- drums, percussion/Sigi Perner -- Rhodes, Hammond et Hubert Steiner -- bass ont entamé leur première plage, 'Elysean Pleasures', que tu peux entendre sur l'album du même nom, sorti en 2013.
Du early Pink Floyd aérien auquel succède 'Nearly Four',un progressive rock musclé, immergé dans un univers King Crimsonien ( 21st century schizoid man) bourré d'éléments jazzy, un autre géant des glorieuses seventies, Gentle Giant, s'impose à tes neurones et, comme ton esprit est en verve ( le Cava), il te propose Gong en prime.
A fuzzy guitar combinée à un son de clavier dense se plaquant sur un tissu rythmique brut, c'est le genre de combinaison qui impressionne dès les premières notes.
La plage 'Fuckin Harmonix', un rondo animé, n'est pas reprise sur l'album.
'Serpentine', son piano somptueux, ses crissements sur les cymbales et ses vocaux doux rappelant les Zombies, est propice à la rêverie en mixant coloris ambient et touches champêtres.
La suivante ( 'Birds' nest') nous ramène à nouveau vers King Crimson et plus spécialement vers les fabuleux Mike Giles et Ian McDonald, de fantastiques musiciens ayant abandonné assez rapidement le fantasque Robert Fripp.
'For the love of Bokeh', une longue plage obsédante, à l'ossature complexe aura ravi tous les fans de musique élaborée, ceux qui apprécient aussi bien Genesis que Sigur Ros.
Même texture épanouie pour 'In tides' et ' Man changing the atoms' ( Hubert a hérité de la guitare du chanteur se concentrant sur les parties vocales) qui achèvent le set.
We can play one more song, annonce Maximilian, en fait une suite, 'Smoke signals' et le rocailleux 'Behold'.
A magic carpet ride!
Séquence interview à l'étage.
Direction la Ligurie, Genova, pour un des nouveaux apôtres du prog "école italienne": La Coscienza di Zeno!
D'où sort ce patronyme?
La coscienza di Zeno è un romanzo di Italo Svevo, pubblicato nel 1923 a Trieste.
Le groupe naît en 2007, a sorti deux albums, le premier éponyme en 2011 et ' Sensitivita' en 2013.
Genre?
On t'a dit école italienne, donc du symphonic progressive rock, style Banco del Mutuo Soccorso ou Premiata Forneria Marconi.
Sont six à fouler la scène hennuyère: le charismatique Alessio Calandriello: Voice/ Gabriele Guidi Colombi: Electric Bass./Andrea Orlando: Drum and Percussion./ le maestro, Stefano Agnini: Solina, Sintorchestra and Synth; Lyrics./Davide Serpico: Electric, Classic and Acoustic Guitar et il professore, Luca Scherani: Piano, Synth, Mellotron.
Tous ces braves gens ont un passé, on cite au hasard: Malombra, Klepsydra, Finisterre, Hidebehind, Narrow Pass etc...).
Une ouverture au pianoforte, ' La Citta di Ditte' démarre de manière majestueuse, un ou deux coups de baguettes appuyés indiquent un changement de cap, la voix ample et poignante d'Alessio emmène l'auditeur sur des sentiers escarpés semblant issus de l'imaginaire de Caspar David Friedrich.
Une longue plage, +/- 10 minutes, complexe et raffinée.
Le passionné 'Chiusa 1915' et ses climats poético-dramatiques séduira tout autant.
A tes côtés certains noms sont murmurés tels Marillion, Camel ou Rick Wakeman, ce n'est guère surprenant, les envolées de synthé ou de mellotron, la richesse orchestrale de l'exposé renvoient forcément vers ces petits maîtres du rock symphonique.
Exit Alessio pour 'Nei Cerchi del Legno' du premier album, une intro instrumentale de près de 10' mixant pastoralisme et raffinement, avant l'intervention finale du vocaliste.
Ils poursuivent avec le titre donnant son nom au dernier album, l'épique, intense et éminemment lyrique 'Sensitivita'.
'Pauvre Misère' présente des accents plus jazzy, la guitare prenant des accents Robert Fripp prononcés.
Place au virevoltant et effervescent ' Il Paradiso Degli Altri' , suivi par la dernière salve, ' Colofonia', une plage enregistrée sur l'album' The Stories of H P Lovecraft', un concept album ( triple CD ) enregistré par la crème du symphonic rock.
Une prestation appréciée à sa juste valeur.
Seconde séquence interview.
Puis une intervention de deux anciens combattants invités pour célébrer la Ferme V, haut lieu rock'n roll bruxellois ( Woluwe Saint-Lambert) ayant connu une histoire mouvementée mais surtout, ayant accueilli Genesis pour leur tout premier concert hors UK: Piero Kenroll et Philippe Grombeer.
Que dit Wiki?
Génitif du latin médiéval lazulum ( azur).
Et Prog Archives?
LAZULI are a French rock ensemble, currently recognized as an arousing, enchanting and vigorous prog rock value.
Naissance: Alès, 1998 - six albums, le dernier ' Tant que l'herbe est grasse', 2014.
Dominique Leonetti ( chant, gt.), Claude Leonetti ( léode... wat is dat? Claude s'est confectionné cet étonnant simili stick Chapman après un accident de moto), Gédéric Byar ( guitare), Romain Thorel ( keys, marimba et cor) et Vincent Barnavol ( batterie, marimba).
Du prog provençal?
Euh, en tout cas pas du symphonique, Lazuli est nettement plus rock que les prédécesseurs, du heavy/electro/celtico/ethno/folk/ prog si la dénomination est acceptée par les encyclopédistes.
Pas de doute à avoir, Lazuli a conquis les coeurs de l'assemblée, Soignies leur a fait un triomphe au terme d'un set magistral.
Une grosse claque dès l'entame, 'Déraille', titre incisif et rock qui étrenne 'Tant que l'herbe est grasse'.
La suivante, une ballade apaisée, 'Une pente qu'on dévale', joue la corde mélodique , tandis que 'Homo Sapiens' reprend la piste rock.
On ne veut insulter personne mais ce titre c'est comme si De Palmas virait ethno/ French rock au lieu de se prélasser dans la mièvrerie.
Vincent derrière le marimba, 'Le miroir aux alouettes', aux accents tribaux déchirés par les sons stridents de la léode, fort comparables à ceux du theremin.
Première excursion de Dominique qui déambule parmi nous.
Soignies, on dit 'santé' ici?
Oui, en buvant de la bière, rétorque un quidam toisant la barbichette avalant un liquide incolore.
Une histoire de lumière carnivore, 'Film d'aurore', précède le fabuleux 'L'Arbre' et ses accents Afrique noire.
Retour vers le dernier effort discographique avec 'Prisonnière d'une cellule mâle' qui illustre le proverbe " l'homme est un loup pour l'homme".... et surtout pour la femme , pour compléter la réplique devenue culte grâce à Dirty Dancing.
Plus intimiste et sensible 'Tristes moitiés' nous prouve que Lazuli a plus d'une corde à son arc.
... Fils, je te laisse ce monde
Comme on laisse un fardeau,
Fils, je te laisse mes rêves
Comme on laisse un radeau....
Le lucide 'Je te laisse ce monde' cogne à nouveau, à tes côtés des crânes, pas toujours garnis, se secouent en cadence.
C'est toujours l'anniversaire de quelqu'un, aujourd'hui c'est celui de Vincent...
Applaudissements, puis l'héroïque 'Abîme' suivi par le vindicatif et coloré 'Multicolère'.
'Les malveillants' et ' Les courants ascendants' achèvent ce set musclé.
Public debout, acclamations nourries et double bis: 'On nous ment comme on respire' puis un étonnant '9 hands around the marimba' comme apothéose d'un concert historique.
Interview.
The Watch plays "Foxtrot" ( Genesis).
Après une présentation florale burlesque, c'est au tour de The Watch d'investir la scène.
The Watch naît des cendres de The Night Watch, un album, ' Twilight', en 1997, avec déjà le caméléon Simone Rossetti ( en fermant les yeux, tu entends Peter Gabriel anno 1973) comme chanteur charismatique.
1998, des funérailles dans l'intimité et résurrection en 2000 avec une identité raccourcie, The Watch!
Plusieurs albums, le dernier 'Tracks from the Alps', une reconnaissance internationale, ils sont sur le même échelon que ces autres incarnations de Genesis, The Musical Box, mais aussi d'innombrables modifications au niveau line-up.
En 2014, The Watch = Simone Rossetti - vocals, flute (2000-present)/Marco Fabbri - drums, percussion (2007-present)/Giorgio Gabriel - guitars (2007-present)/Valerio De Vittorio - keyboards (2009-present) et Stefano Castrucci - guitare double manche ( basse et guitare), comme Mike Rutherford (2013-present).
L'intitulé de l'affiche est quelque peu fallacieux car les Italiens ne se contenteront pas de la lecture de Foxtrot, ils interpréteront d'autres titres de Genesis et quelques compos personnelles calquées sur l'oeuvre des Britanniques.
'Damage Mode' sur leur album de 2007, 'Vacuum', ouvre et, effectivement, on peut parler de mimétisme, c'est Genesis.
Simone est étonnant, osseux, grave, légèrement guindé, un personnage incarnant une figure tragique! Ses comparses confectionnent l'archétype du prog des mid-seventies, un nappé de claviers/mellotron majestueux, des lignes de guitare Steve Hackett et une base rythmique tout en puissance et retenue à la fois.
Soignies plane.
La seconde plage toujours signée The Watch, 'Devil's Bridge' et ses magnifiques sonorités de clavecin et envolées vocales grandiloquentes, confirme tous ces propos.
Trois notes, Soignies ayant reconnu 'Watcher of the Skies' défaille.
'Can-Utility and the Coastliners', les arpèges d'Hackett, la basse profonde de Rutherford, le drumming sobre de Collins, le jeu racé de Tony Banks et, survolant le tout, le timbre magique de l'archange soulignant son propos de lignes de flûte subtiles...l'extase!
Sur le nouvel album des Transalpins, 'Atlas', mêmes motifs, mêmes techniques que Genesis.
Retour vers Foxtrot pour le théâtral 'Get'em out by Friday'.
Une nouvelle plage issue de 'Vacuum', 'Shining Bald Heads' et ses changements de rythmes soudains dégage fougue et préciosité.
This track comes from 'Trespass', merci, Messieurs, tu as toujours eu un faible pour 'The Knife'.
Rideau!
Premier rappel.
Giorgio seul en piste l'interlude Renaissance, 'Horizons', qui précède le plat de résistance 'Supper's ready' que Simone en maître d'hôtel stylé annonce en français...Le dîner est prêt.
A table pendant plus de 20': plats raffinés, vins délicats, service impeccable.. tous les convives debout pour ovationner l'équipe!
Second rappel.
'Firth of Fith' sur 'Selling England by the Pound'.
Ce titre mettant un terme à une Convention d'un très haut niveau!
photos: focale 2.8 - photos "Carpet": michel