L'appartement - 8/10

Par Aelezig

Un film de Gilles Mimouni (1996 - Espagne, Italie, France) avec Vincent Cassel, Monica Bellucci, Romane Bohringer, Jean-Philippe Ecoffey, Sandrine Kiberlain

Superbe.

L'histoire : Max va épouser Muriel mais pour l'instant doit partir en voyage d'affaires à Tokyo. Dans un restaurant, il croit reconnaître la voix puis la silhouette de son ex-compagne, Lisa, qui a brutalement disparu de sa vie deux ans auparavant. Il veut alors absolument la retrouver, pour savoir ce qui s'est passé, pourquoi elle est partie. Il fait semblant de partir au Japon et consacre ces quelques jours de liberté à suivre les pas de Lisa, sans jamais pouvoir l'atteindre. Lorsqu'il la voit enfin, dans son ancien appartement, ce n'est pas Lisa ; c'est une autre, qui a la même silhouette, les mêmes cheveux noirs, les mêmes vêtements, la même voiture... Bientôt, il n'essaie plus de comprendre, car la belle inconnue entreprend de le séduire.

Mon avis : J'ai vu récemment le remake américain, que j'ai bien aimé, Rencontre à Wicker Park, un joli thriller romantique. Cela m'a donné envie de voir l'original, et je ne regrette pas ! Il est supérieur, plus noir, plus tourmenté, plus mystérieux, et la fin est très différente. Là où les Américains ont juste fait un joli film sentimental, plutôt bien fichu, avec du suspense, comme un thriller, Mimouni lui a fait un tourbillon gothique (le vieil appartement Art nouveau, les deux filles toujours en noir, la fatalité) qui insiste particulièrement sur le destin. Tout se mélange, tout se croise, y compris les personnages qui se "ratent" sans cesse au hasard des rues, des magasins, des bouches de métro... Quand ça ne veut pas, ça ne veut pas, disait ma grand-mère !

La dernière partie est particulièrement prenante, toutes les portes ouvertes livrent enfin leurs secrets, et à coup de flash-back on comprend tout : on reprend les mêmes scènes, celles du début, mais vues par un autre personnage ; tout se brouille, on a peur de ne plus rien comprendre, mais tout se dévoile et tout s'enchaîne... et l'on ressort rincé ! Comme si le destin s'était acharné avec une infinie malice à croiser et décroiser les vies et les coeurs de quatre personnes qui n'avaient rien demandé.

Brillant.

Le couple Cassel / Bellucci est magnétique. C'est sur ce tournage qu'ils se sont rencontrés puis aimés. Ils sont fabuleux. Mais Romane et Ecoffey sont également parfaits.

Un vrai beau film, à la fois sombre et romanesque. Assez français, en somme ! Pas étonnant que les Américains y ont mis beaucoup d'édulcorant ; notre sens de la tragédie est séculaire ; eux ils en sont restés à l'American Dream. Ce qui n'est pas un défaut.

Le film a été un peu boudé en France, un comble ! Il a par contre reçu un Bafta à Londres.

Pour l'anecdote : Passionnée d'architecture, vous le savez, j'ai tout de suite été saisie par l'immeuble où habite Lisa, une petite merveille Art nouveau. J'ai surfé un bon moment sur Internet pour le retrouver : il est situé rue Eugène Muller à Paris ! Dans le film, l'appartement lui-même est également Art nouveau, magnifique... mais là je n'ai rien pu retracer. Parfois les films utilisent une façade, mais l'intérieur d'un autre immeuble... Si quelqu'un a des infos sur l'appartement proprement dit, je suis preneuse (pour mon blog Architecture) !