Ce n’est certes pas un livre à mettre entre les mains de Christine Boutin, Laurent Wauquiez, Henri Guaino ou autres militant anti choix. Ils trouveraient dans les mémoires du génial auteur américain Edmund White bien des passages qu’ils utiliseraient pour démontrer que les gays ne sont que des obsédés sexuels prêts à tout pour un moment de plaisir ou assouvir leur libido.
Ce livre totalement impudique et vrai est bien sûr toute autre chose que la seule vie sexuelle de l’auteur de tant de best sellers dont son dernier et magnifique roman « Jack Holmes et son ami. » Mais, c’est à l’honneur de cet auteur, mythique pour bien des gays de ma génération, que de ne rien cacher même sa face la plus obscure. Celle que nous avons tous mais que nous cachons.
Ne l’oublions pas, Edmund White fut un des premiers auteurs connus à oser dire non seulement son homosexualité mais aussi, ce qui est rare, sa séropositivité. Il fut d’ailleurs l’un des créateurs du GMHC (Gay Men’s HealthCrisi), le 1er organisme de lutte contre le sida aux Etats-Unis, bien avant la création d’AIDES en France.
Dans ses mémoires, Edmund White nous donne toutes les clés de sa vie et surtout de l’inspiration de son œuvre romanesque. De ses psys, à sa mère, en passant par ses tapins ou encore Genet, auquel il consacra une biographie très remarquée, rien n’est oublié.
Le titre « Mes vies » s’applique à merveille à cet auteur iconoclaste et néanmoins à succès qui revendique son identitité sans en faire un étendard. Ceux qui aiment son œuvre adoreront ses mémoires même si l’impudeur de certaines scènes pourront gêner les âmes les plus sensibles. Mais nos vies ne sont-elles faites que de beau et de pudique ? Assumons, comme White, notre face obscure. Un livre à lire absolument ! Vraiment. Absolument…