L’histoire : Elle est
entrée dans une boutique de téléphonie sur le boulevard Voltaire. Elle a fait mine de s’intéresser aux nouveaux portables, a obtenu le numéro du vendeur et s’en est allée. Elle l’a rappelé dès le
lendemain, lui a dit qu’elle voulait le revoir. Ilan ne s’est pas méfié. Il avait vingt-trois ans, la vie devant lui…
Comment pouvait-il se douter qu’en rejoignant cette jolie fille dans un café de la porte d’Orléans, il avait rendez-vous avec la mort ?
« 24 JOURS », c’est l’horrible histoire vraie du meurtre d’Ilan Halimi. Ces «24 JOURS » représentent la tragique période au cours de laquelle la mère
d’Ilan, Ruth Halimi, a vécu un calvaire insupportable. Cela se passait en 2006 et personne dans la communauté juive n’a oublié ce drame. Emilie Frèche en a fait un livre et aujourd’hui Alexandre
Arcady en a tiré ce film.
Quand j’ai appris que deux films allaient sortir sur Ilan cette même année, ma première réaction a été : «Pourquoi 2 ? Pourquoi la même année ? 8
ans, c’est trop tôt, trop douloureux encore ». Je suis allée à reculons debut avril à la projection presse, j’avais peur de ne pas
surmonter l’insupportable. Pleine d’appréhensions à l’idée de voir l’horrible souffrance de ce garçon, je n’avais pas envie de prendre en pleine figure l'immense chagrin de cette
famille et de voir se matérialiser sur un écran l’inoubliable marque indélébile qui est encore dans le cœur de tous ceux qui ont suivi le calvaire d’Ilan. D’habitude, je n’aime pas les films dont
je sais d'avance la fin (surtout quand elle est aussi atroce) et je me suis persuadée que je n’écrirais qu’un article sur le professionnalisme des acteurs, sur la qualité du scénario et sur
le talent (ou pas) du réalisateur.
Alors, je vais commencer par cette partie-là. Le casting est excellent. J’étais pourtant convaincue que Zabou Breitman ne serait pas crédible en mère sépharade, que
je n’arriverais pas à y croire. Erreur totale : Zabou (qui a remplacé au pied levé Valérie Benguigui trop malade pour jouer le rôle de Ruth Halimi) est tout simplement «énorme». Excellent
choix finalement. Jacques Gamblin en flic plein de bonne volonté mais se trompant du début à la fin de l’enquête, est également excellent. Sylvie Testud, en psychologue soi-disant spécialisée
dans ce type d’affaires, qui mène dans le mur cette enquête si mal gérée, s’en sort également admirablement. Que dire de Syrus Shahidi qui incarne Ilan ? Ruth Halimi a donné son avis sur ce
choix pour que ce Français d’origine franco-iranienne devienne l’image de son fils au cinéma. Ce jeune acteur est très bon dans le rôle, même si on ne le voit que peu dans le film (et pour
cause). Quant au travail d’Alexandre Arcady, il est respectueux et ne sombre jamais dans le trash ou dans le pathos, évitant au spectateur l’atroce, l’insupportable. Il montre le piège tendu à
Ilan, la souffrance d’une famille, la conduite de l’enquête mais évite tout ce qui aurait pu heurter.
Pour la promotion du film, Alexandre Arcady n’a cessé de répéter qu’il n’a obtenu aucune subvention ni aucune aide financière des télévisions comme c’est le cas
d’habitude pour tous les autres films. Cela ne l'a pas arrêté et il l'a fait quand même pour que l’on se souvienne toujours d’Ilan Halimi, pour le devoir de mémoire.
Qui ira voir le film le 30 avril en salle ? « 24 JOURS » n’aura-t-il qu’un public «communautaire » ? J’espère bien que non. Parce qu’à côté
de ce drame, il y a un autre drame : celui de l’indifférence des voisins, du regard détourné de tous ceux qui savaient et qui auraient pu permettre à Ilan (qui n’avait que 23 ans) d’être
vivant aujourd’hui et d’avoir une vie normale. Ne serait-ce que pour cette prise de conscience-là, il serait bon que ce film soit vu par tous, pour que la société d’aujourd’hui qui a engendré les
monstres qui ont tué Ilan, prenne peut-être conscience que se taire ou tourner la tête, c’est être complice.
En-dehors de la bande-annonce que je vais vous passer comme à l’accoutumée, j’ajouterai la très courte interview d’Alexandre Arcady par Brice Toussaint sur I-télé parce que j’ai trouvé que
c’était la plus honnête et la plus professionnelle de celles entendues durant la promotion du film. Et comme le dit Brice Toussaint (et avec mes mots à
moi), je ne peux que souhaiter que vous serez nombreux à aller voir ce film qui sort en salle ce mercredi.
http://www.itele.fr/chroniques/invite-bruce-toussaint/alexandre-arcady-24-jours-est-un-film-miroir-qui-est-le-reflet-de-notre-societe-80782
La bande-annonce