D'une réputation fantasque, le déluré personnage surprend par un ton qui oscille entre mélancolie, malice et frivolité. Le timbre apposé sur l'ensemble du disque se confond ainsi avec nuances dans une humeur lo-fi aux ondées psychotropiques. On repense au dernier Connan Mockasin pour la sonorité kitch des cordes de guitare ou aux Beatles pour cette sensibilité pop épidermique comme sur l'entêtant "Passing Out Pieces". Salad Days semble ainsi se définir comme le parfait atelier d'un artisan, qui n'a guère à forcer son talent pour produire en série des morceaux à la sagacité mélodique probante malgré leur éphémérité. S'il est vrai que Mac DeMarco lâche la purée un peu vite, c'est que la plupart des pistes relèvent du petit orgasme auditif.
Réussir à frapper l'oreille par la voie de la torpeur et de l'indolence n'est pas chose aisée, mais le trublion réussit en l'espace d'une demie heure à matérialiser une oeuvre aux mélodies aussi enivrantes que désarmantes. Profitant d'un songwriting moins disloqué que sur son dernier essai, 2, Salad Days affirme une certaine maturité dans la direction ordonnée aux morceaux. "Brother" vous poussera ainsi dans le vice de la paresse avec une déliquescence certaine tandis que "Chamber of Reflection" tourne au ralenti à la manière d'une boule à facette, douce glissade érotique vers le laisser- aller.
En Bref : Mac DeMarco confirme avec Salad Days tout son savoir faire pour composer des ballades insolentes de facilité, esquissées par une guitare sèche achetée pour une bagatelle. La preuve que le talent ne s'invente pas.