Forteresse de Jodhpur
Jodhpur, c'était la première ville où j'ai déroché. Dois-je attribuer tout le mérite à l'ambiance, aux citoyens, ou était-ce seulement le temps qui faisait son oeuvre?Il faut dire que mon auberge était située à l'extérieur de la zone très touristique. Outre les chauffeurs de rickshaw, on ne sentait pas particulièrement la pression d'acheter ou de consommer.
En matinée, je me suis rendu à la forteresse pour visiter. Pour l'audioguide, beaucoup moins cher que le guide humain, il faut laisser une pièce d'identité. On insiste pour mon passeport. Sur la pancarte à l'entrée, on dit qu'un permis de conduire fera l'affaire. J'insiste à mon tour. Permis de conduire ce sera.
Pour une fois, l'audioguide vaut vraiment la peine. C'est que la forteresse n'a jamais été prise par l'ennemi. Notamment, ses portes ont été installées de façon à empêcher l'ennemi de l'enfoncer en prenant un élan. Des pics ont aussi été installés à la hauteur de la tête des éléphants, pour que ces grosses bestioles ne puissent pas défoncer la porte.
De la forteresse elle-même, la vue sur la ville est magnifique. Et si la place centrale paraît loin, on peut tout à fait s'y rendre à pied sans se fatiguer. On économise sur le transport et on découvre le quartier par le fait même.
Je suis donc descendu à travers les escaliers et les petits passages pour aboutir dans les méandres du marché. Là, les étals sont nombreux, le bruit intense, mais la fourmilière ne semble pas avoir été créée uniquement pour les touristes, ce qui constitue un avantage certain.
En me promenant un peu, je suis arrivé place de l'horloge, où tout le monde converge. Difficile toutefois de s'arrêter tranquillement dans un coin pour toiser la foule, comme j'aime souvent le faire. Je me suis imprégné du brouhaha et je suis finalement remonté pour retourner vers l'auberge.
Près de la forteresse, un gamin d'une dizaine d'années, seul, un peu sale, s'est approché. Il montrait mon appareil photo, mon sac, les points d'interrogation dans les yeux. Il voulait que je lui montre mes photos. Étonnant comment on laisse les enfants seuls avec des étrangers, parfois.
De retour à l'auberge, j'ai assemblé mon baluchon et l'un des propriétaires, Punit, a entrepris de m'accompagner jusqu'à la gare. Il a négocié le rickshaw pour cinq fois moins cher que le meilleur prix que j'aurais pu obtenir. Et la gare était loin!
Punit a acheté mon billet de bus pour moi. Je voyagerais dans un vrai bus indien. Comme toujours, le numéro sur le billet ne servait à rien. Mon siège était déjà pris. Je me suis installé à l'arrière à côté d'un jeune Indien de 17 ans.
Il était particulièrement heureux de pratiquer son anglais. Il m'a expliqué la vie dans cette partie du Rajasthan. Qu'il voulait étudier le commerce en Allemagne. Qu'il me visiterait au Canada dès qu'il aurait assez d'argent. Il posait des questions sur la vie en Occident aussi. Ne comprenait pas toujours le sens des réponses.
Avant de me quitter, il s'est assuré de m'avoir bien ajouté sur Facebook. Il m'a recommandé des médicaments pour mon rhume qui empirait.
Une fois la noirceur tombée, je suis descendu à la gare d'Ajmer, où un taxi m'attendait pour me mener à Pushkar. Constatation, les toilettes des gares indiennes sont probablement les choses les moins propres au monde.
À Pushkar, une soupe aux légumes, un thé au citron et un pain naan à l'ail n'ont pas suffi à calmer ma toux, qui empirait encore.