Coup de coeur pour Bundi

Publié le 25 mars 2014 par Bourlingueur @jonathancusteau

Bundi

J'ai aimé Varanasi d'emblée. Pour le chaos, l'histoire, la tradition. Il y a quelque chose dans sa frénésie. Mais j'hésite encore à lui donner le titre de ville favorite du Nord, surtout après mon passage à Bundi.
Bundi, c'est ce genre de petite ville où on omet de s'arrêter. Dans le Lonely Planet, on lui consacre quelques paragraphes, rien de plus. Et quand on est pressé, on cherche souvent à rentabiliser un séjour en visitant plusieurs attractions dans un court laps de temps. Contourner Bundi serait une grave erreur.

En même temps, ce qui fait le charme de cette petite ville, c'est justement parce que les touristes n'y abondent pas trop. Que les marchands n'ont pas encore pris l'habitude du harcèlement.
Pour mon premier petit-déjeuner, je me suis installé sur la terrasse, face au lac, pour profiter d'un semblant de soleil. Le repas est arrivé subito-presto pendant que des serveurs chassaient les singes qui rôdaient.
Quand est venu le temps d'explorer, j'ai pris la mauvaise direction. Je me suis aventuré là où les Blancs ne vont pas souvent. Sur le pas de leur porte, les Indiens me regardaient passer, m'envoyaient la main en même temps qu'un namaste. Rien de plus. Pas besoin de connaître mon nom. Pas besoin de savoir d'où je viens...
Étrange quand même ce sentiment de pouvoir se promener librement sans se faire harceler.
Je me suis donc dirigé, une fois mon erreur constatée, vers le palais abandonné. Le roi n'ayant pas d'héritier, il a légué ses avoirs à l'État, qui laissent le tout à l'abandon. Faut quand même payer pour entrer, s'entend, et on tente de nous louer un bâton de bois pour effrayer les singes, si jamais on voulait poursuivre l'ascension dans la montagne, vers le fort abandonné.
Dans le palais, les oiseaux ont élu domicile. Il y a quelque chose de particulier à voir un endroit aussi noble être laissé à lui-même, sans trop d'entretien.

Une partie de la forteresse

Peu de gens poursuivent vers le fort, si bien que je n'ai croisé qu'un couple d'Australiens qui redescendaient alors que je grimpais.
Les singes, quoique nombreux, n'ont même pas montré les dents. J'ai pu passer, mon bâton à la main, sans devoir faire la moindre menace. D'ailleurs, j'avais choisi de ne pas emporter de bâton. Mais puisque j'en avais trouvé un abandonné...

Hello to the Queen

J'ai passé au moins deux heures à me promener dans le fort désaffecté. Pas un chat. Pas une âme qui vive. Que des bâtiments qui perdent lentement leur bataille contre la végétation. Et le calme. Je me suis assis là. J'ai regardé la nature d'un côté, la ville de l'autre, et les voitures miniatures qui circulaient sur la route à flanc de montagne.
Après avoir écouté le silence relatif, je suis redescendu. J'ai opté pour l'exploration des environs, sortant de la portion « fortifiée » pour voir les marchés de locaux. Je me suis aussi aventuré vers le puits le plus célèbre, le Raniji-ki-Baori qui, selon moi, ne vaut ni le coût d'entrée, ni le détour. Il est infesté de chauve-souris et n'a rien de particulier à offrir.
En rentrant, je me suis arrêté au Energy Café, recommandé par les gens de mon agence. L'endroit est excellent pour manger et pour relaxer... mais il ne faut pas être pressé. La vue est exceptionnelle sur le palais et le fort.
Je n'avais pas dîné et j'étais complètement affamé. Un groupe de quatre Israéliens m'a invité à m'asseoir avec lui. J'ai aussi fait la connaissance de Vicky, un jeune Indien qui possède son agence de voyage... mais qui préfère passer du temps au restaurant avec les touristes. Je n'ai pas fait affaires avec lui, mais j'aurais tendance à recommander son agence, Sanmati Tour n' Travels.
Ensemble, nous avons mangé de la pizza, des bouchées de poulet, et nous avons commandé le plus gros Hello to the Queen que j'aie vu... Ce dessert, composé de bananes, de crème glacée, de chocolat, de biscuits et de caramel, nous l'avons partagé à six... et il en est resté.
C'était un de ces moments qui font que voyager vaut la peine. Mais puisque la plupart des hôtels ont un couvre-feu, j'ai opté pour mettre un terme à la soirée. En fait, si on active la sonnette, on nous laissera probablement entrer dans l'hôtel après le couvre-feu... Mais j'étais un peu nerveux.
En quittant, j'ai goûté à la logique indienne. Un homme, propriétaire ou employé d'un autre hôtel, m'a salué... « Nice to meet you. You are very smart » qu'il me dit. Un peu estomaqué par cette constatation un peu trop rapide, je demande pourquoi je suis brillant. « Because you're handsome! ».
Eh ben oui! Voilà. Logique!
Je n'ai pas poussé la conversation plus loin. Je suis rentré et j'étais heureux de constater que la porte de mon hôtel n'était pas verrouillée.