Hier, alors que j’errais rue de Seine, marchant sans but, au petit bonheur, j’ai croisé un homme portant deux boîtes, une poignée dans chaque main. De ces boîtes ouvertes, sortaient les têtes de deux magnifiques perroquets, l’un gris et l’autre multicolore, une vision digne d’un gravure du XIXe siècle! Plus loin, dans un renfoncement, un clochard coiffé d’un chapeau mou et ressemblant un peu à Michel Serrault, insultait les « salopes connasses »… Au croisement avec le boulevard Saint Germain, surgit un homme obèse, les yeux exorbités, comme effaré par je ne sais quel drame… Derrière, venant du passage clouté, apparut une minuscule mémé poussant une voiture d’enfant…. Poursuivant mon chemin, j’ai pu admirer, dans la vitrine d’un libraire, un volume joliment dédicacé par Cocteau… Et une biographie de Mandel par Sarkosy (écrite par un autre) avec cette étiquette mentionnant un « envoi » de l’ex président… En face, une somptueuse librairie que je ne connaissais pas (nouvelle? ça alors!) exposait des merveilles reliées en parchemin et que je ne pourrai jamais m’offrir… Et j’ai continué, comme ça, jusqu’à Montparnasse…
Marcher, en pensant à autre chose et en admirant une jolie fille, en saisissant une bribe de conversation, un regard, en croisant – souvent! – une femme qui pleure, un enfant souriant… Paris, toujours… 40 ans d’errances derrière moi… Combien de temps me reste-t-il?