25-27 Avril 2014
Paramount Pictures Studios
Los Angeles
Pour sa seconde édition, la foire très parisienne jusque dans le nom - PARIS PHOTO - investit les studios de la Paramount en plein coeur de la ville de Los Angeles. Ironie du sort pour une ville qui a construit sa réputation il y a cent ans sur l’industrie du cinéma? Si aujourdh’ui Hollywood est moribond, la photographie prend position sur un débat éternel qui la faisait passer pour un art fade, morne et facile, du fait de son immobilité, par rapport aux longs-métrages qui déploient en quelques bobines l’art du récit, la science de la lumière, soit l’équation du divertissement.
Mais à l’heure où le digital s’est imposé sur la pellicule, révolutionnant ainsi l’approche de la photographie et du cinéma, les deux arts retrouvent une complicité farouche - et Paris Photo LA en est l’exemple idéal.
La foire est dispersée sur 3 zones - deux hangars géants (ou deux Grand Palais miniature) dans lequel les stands prennent pied sur le décor des films qui y sont normalement tournés - et l’espace du New York reconstitué. Ce dernier est en fait un terrain d’un hectare de surface sur lequel ont été construits des faux immeubles, des fausses bouches de métro, et des faux commerces simulant des rues de New York. C’est à l’intérieur de cette ville en carton pâte que sont réparties un tiers des galeries, notamment celles qui vendent des livres d’artistes, en grande représentation cette année. Paris Photo L.A. c’est un plaisir pour un collectionneur qui fait alors son marché comme le personnage d’un drame dans lequel la photographie serait l’héroïne.
(tapis rouge et librairies d'artistes dans le NY de Paramount Studios)
Une héroïne en crise? La question reste ouverte. Si la sélection présentée reste largement classique (toutes les légendes y sont représentées: de Diane Arbus à Guy Bourdin) et sans audace majeure (terrain de collection et de grande consommation oblige), une tendance est largement présente. En effet beaucoup de travaux ici testent les limites de la photographie, surtout à cette heure de crise esthétique. Depuis Sam Falls déjà, le petit prince de la photographie que le tout L.A. s’arrache, on savait qu’on pouvait faire des photographies sans utiliser d’appareil. Le soleil californien brille assez fort pour laisser l’empreinte d’objets de toute sorte creuser leurs formes sur les surfaces et, à la manière de Man Ray, créer des images qui oscillent entre naturalisme et abstraction. La photographie qui se passe d’appareil (Soo Kim chez Angles Gallery / Gregory Scott chez Edelman Gallery / Thomas Ruff chez Gagosian Gallery / Alan Belcher chez The Apartment) est l’audace principale de cette édition qui, en 2014, réunit 43 % de galeries américaines.
La volonté de faire entrer cet art dans une nouvelle dimension est manifeste et Paris Photo convoque ainsi deux icônes impliquées dans la culture de Los Angeles pour parrainer artistiquement la foire. Dennis Hopper, dans un premier temps, à qui la galerie Gagosian rend hommage en exposant ses photographies. David Hockney, dans un second temps, qui a peint en 1995 la célèbre BMW exposée à l’entrée même du premier hangar - prolongement du mécénat que la marque de voiture offre à Paris Photo depuis 11 ans. Paris Photo ancre définitivement sa programmation dans une culture propre à l’Ouest américain, et joue les illusionistes en faisant osciller le médium entre fantasme californien et classicisme formel.
À noter aussi: l’exposition des archives photographies de la L.A.P.D. et le cycle de conversations inauguré par Philippe Vergne, nouveau directeur du MOCA.
Los Angeles devient un terrain fertile pour le marché de l’art contemporain.
A venir en Avril 2015 la FIAC à Los Angeles.
David Hockney, Art Car, 1995