Il y a un texte qui aurait dû faire l’unanimité à l’assemblée nationale : celui sur la protection des sources journalistiques. Il n’est pas très difficile de saisir que seule une réelle impunité peut garantir des enquêtes journalistiques fiables et surtout l’apparition de scoop.
Mais la loi votée aujourd’hui est bien loin de cela. En prétextant encadrer le droit d’enquête judiciaire, elle en renforce en fait le pouvoir. Ainsi, dans une pompeuse dénomination parlant d’ « impératif prépondérant d’intérêt public », on donne le droit à la justice d’enquêter au sein des rédactions et auprès des journalistes. Et ben… Tout pouvant relever de cela grâce aux lois anti-terroristes, ou sur le secret défense, on ne peut plus vraiment parler de « protection des sources » !
Mais Rachida Dati précise que « le secret des sources des journalistes est protégé afin de permettre l’information du public sur des questions d’intérêt général ». Elle est comique non ? Parce que si l’on s’en tient à sa définition, les journalistes vont devoir parler de la météo et des chiens écrasés. Car dans quoi classe t on une affaire comme Clearstream ? Le crédit Lyonnais ? Les comptes supposés de Chirac ? Et bien pas dans l’intérêt général justement ! C’est énorme comme phrase et lourd de sens.
On interdit pas les perquisitions. Mais simplement maintenant elles devront être faites par un magistrat. Et le journaliste aura le droit de refuser la saisie d’un document. Ce n’est pas une avancée, loin de là, juste le minima de la directive européenne sur le droit des journalistes.
Mais le pire dans tout cela, c’est qu’a aucun moment le texte ne définit ce qu’est une source !!! On protège ce que l’on ne définit pas ! C’est tout simplement hallucinant ! C’est donc bien du vent que vient de nous pondre la ministre de la justice.
Sans secret des sources, il faudra s'en tenir aux communiqués et à l'information officielle, surveillés par les communicants et professionnels du marketing. Cette phrase est tirée d’un commentaire sur un article du Nouvel Observateur. Et elle est lourde de sens car très juste.
Le but de cette loi est bien, encore une fois, de restreindre les libertés, et d’ouvrir un brèche vers un état de plus en plus dur.