De Ludmila Shtern
Traduit du russe par Kristina Karatcheva.
Aux Editions Intervalles
Sur amazon.fr à partir de 18,05€
""Bye Bye Leningrad" pose un regard particulièrement original et sans complaisance sur la vie quotidienne en Union Soviétique et dans les Etats-Unis d'Amérique de la seconde moitié du XXème siècle. Ce livre, en partie autobiographique est à la fois un roman d'apprentissage et un roman picaresque. "
Et bien, voilà le quotidien de Tanyana Darguis et de sa famille, dans une Union Soviétique aux méthodes pour le moins rigides, censées protéger ses valeureux camarades citoyens.
De sa naissance à Leningrad à son installation à Boston, Tatyana nous emmène à la découverte d'un pays où le KGB n'est jamais très loin de vous, où dès l'école, une hiérarchie rigide et implacable vous remet vite dans le rang et où la moindre insolence et suspicion de révolte sont assommées à coup de menaces sur votre vie personnelle et professionnelle, doublées d'un enfermement sommaire en cas d'insistance.
Autant dire que lorsque enfin, la porte de l'immigration s'entrouvre vers le plus grand pays de la liberté (NDLR : entendre les Etats-Unis d'Amérique), pas question de tergiverser. On prend parents, enfant et bagages (NDLR : enfin, le peu qu'il en reste après le dépouillement légal institué) et on s'en va !
Bienvenue en Amérique !
Ici le café coule à flots, les gens sont sympathiques, ouverts et bienveillants. Ici, tout est possible ! Ou presque ! Car, si l'Union Soviétique imposait un style de vie austère et cloisonné, les États-Unis ne sont pas en manque de bizarreries et autres conventions, qui déroutent notre belle héroïne. Et vite de s'apercevoir qu'ici, un immigré, russe (ou autre), même en étant supra-diplômé et expert scientifique, se retrouve vite démuni et sans emploi.
Ici, personne ne vous attend.
L'idéologie communiste effraie de potentiels employeurs et si la langue anglaise est charmante, il n'est pas aisé d'en saisir les subtilités dans une conversation dite du quotidien. Ajoutez à cela des mœurs et comportements de grands enfants perdus dans leur vie d'adulte et vous comprendrez que Tatyana et les siens soient un peu déroutés.
Heureusement, cette famille a de la ressource et de l'espoir. Que ce soit en Union Soviétique ou aux États-Unis, ils ne se laissent pas abattre. L'humour et l'amour qui les unit sont plus forts que tout.
Pour nous conter cette improbable aventure qu'aura été sa vie, Ludmila Shtern use d'une finesse de style mêlant humour et émotion. Au fil de l'histoire de cette héroïne à taille humaine, on rit, on sourit et parfois on soupire, le cœur serré par tant d'aberrations et de bêtises.
"Bye Bye Leningrad" c'est plus qu'un roman, c'est un partage de vie, qui laisse longtemps son empreinte, comme un sourire sur les lèvres et c'est tant mieux.
Téri Trisolini