Cachez cette folie que je ne saurais voir, Hysteria à la galerie Baudoin Lebon

Publié le 29 avril 2014 par Lifeproof @CcilLifeproof

Voyage express à Paris pour une interview (mais je vous en reparlerai une prochaine fois) pendant le week-end de Pâques, j’en ai profité pour aller voir l’une ou l’autre expo et des amis dont Ophélie-lifeproof, ça faisait longtemps. En allant voir cette dernière, je suis passée par la galerie Baudoin Lebon qui présente actuellement l’exposition Hysteria – Les planches du Dr Charcot à la Salpêtrière.

Albert Londe, document du service photographique de la Salpêtrière, 1893

L’hystérie, souvent considérée comme un mal touchant les femmes, est montrée ici grâce aux planches photographiques du Dr Charcot à la Salpêtrière. Même s’il est évident que l’hystérie touche autant les hommes que les femmes, le terme a été galvaudé et son étymologie limitée à son aspect féminin. Le mot hystérie vient du médecin grec Hippocrate et est dérivé du grec hystera signifiant utérus, d’où l’impression qu’il s’agit d’une névrose uniquement féminine. Platon disait d’ailleurs à ce propos : « L'utérus est un animal qui désire engendrer des enfants. Lorsqu'il demeure stérile trop longtemps après la puberté, il devient inquiet et, s'avançant à travers le corps et coupant le passage à l'air, il gêne la respiration, provoque de grandes souffrances et toutes espèces de maladies. » (source wikipédia).

Albert Londe, document du service photographique de la Salpêtrière, 1893

La galerie Baudoin Lebon présente jusqu’au 10 mai prochain les planches montrant des crises d’hystérie des photos des patients du Dr Charcot. Ce dernier, médecin et neurologue français, a officié à la Salpêtrière à Paris et est connu pour ses travaux sur l'hystérie et l’hypnose. La photographie, considérée comme plus parlante que des dessins ou gravures, a accompagné les recherches des médecins de la Salpêtrière qui s'est doté d'un service spécifique. Les photographies présentées à la galerie Baudoin Lebon, sont d'Albert Londe qui gérait ce service. On y voit des femmes et des hommes en pleine crise hystérique, faisant de grands gestes expressifs qu'ils ne maîtrisent pas ou encore on les voit essayer de prendre une position et ne pas réussir à la tenir, d'autres sont sages, sous hypnose la crise s'est arrêtées, plus de gestes, plus de violence, simplement une obéissance à la voix du médecin, à la voix de celui qui a hypnotisé, une certaine apathie, une absence de soi-même.

Albert Londe, document du service photographique de la Salpêtrière, 1893

Les photographies présentées nous plongent dans l'univers des expérimentations de Charcot à la Salpêtrière, remarquables, elles ont valeur de documents montrant comment les malades étaient présentés, traités, quels étaient les symptômes, etc. Il n'est pas question ici de composition plastique ou artistique mais de trace, de science, de recherches, de soins à la fin du 19è siècle. À voir ne serait-ce que pour cela, parce qu'on peut voir ce que l'on ne connaissait pas et que, par ses photographies, on est emmené au bord de la folie, d'une hystérie violente mais surtout lointaine de ce qu'on appelle hystérie maintenant tellement le terme a été galvaudé depuis (pour précision : dans les milieux non médicaux).

Joël Peter Witkin, The Aleph, 2001. © Joël-Peter Witkin

En parallèle de ces photographies d'Albert Londe, la galerie présente trois photographes contemporains : Roger Ballen, Les Krims et Joël Peter-Witkin. Ce dernier étant l'un de mes chouchous, je me suis plutôt attardée sur ses œuvres qui, bien que photographiques, ont la particularité d'être des pièces uniques. En effet, Witkin, pour ses mises en scène, recherche des gens qui ont souvent des déformations physiques (d'où le parallèle avec les planches de la Salpêtrière qui en présentent aussi), il compose son image puis, une fois qu'elle est tirée, il va la retoucher avec des griffures, des ajouts de peinture, etc. et en faire ainsi une épreuve unique.

Roger Ballem et Les Krims, quant à eux sont présentés afin de montrer comment la folie contemporaine peut s'exprimer avec violence ici aussi.

Cécile.

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Hysteria - les planches du Dr. Charcot à la Salpêtrière

Exposition du jeudi 13 mars au samedi 10 mai 2014

8 rue charles-françois dupuis 75003 paris tel +33 (01) 42 72 09 10

fax +33 (01) 42 72 02 20 [email protected] www.baudoin-lebon.com