Avouons-le, la Social TV est souvent associée aux 15-34 ans, notamment grâce aux nombreuses stratégies digitales proposées par les chaînes pour les programmes de divertissement et de téléréalité. La consommation des réseaux sociaux reste également très liée à cette même catégorie d’âge, mais de récentes études ont démontré que non, la Social TV n’est plus l’apanage des « jeunes »…
Médiamétrie : Les chiffres parlent d’eux-mêmes
De par des évidences sociologiques, comme le fait que cette catégorie regroupe un grand nombre de retraités, les 50 ans et plus sont d’importants téléspectateurs. Cependant, personne ne se doutait de leur consommation de la télévision de manière délinéarisée. Ainsi, l’étude Global TV de Médiamétrie nous apporte des éclairages conséquents : le replay, ou télévision de rattrapage, est en constante progression. Ainsi, en 1 an, 4,7 millions de personnes ont regardé la télévision en replay. Près de 4 personnes sur ces 10 nouveaux consommateurs ont plus de 50 ans. C’est la catégorie qui progresse le plus mais qui reste en deçà de la consommation des 15-24 ans.
Comme l’indique Médiamétrie, 1 français sur 5 de plus de 50 ans, soit 20%, regarde la télévision
autrement que sur l’écran principal, contre 2 français entre 15 et 24 ans sur 3, soit 64%. Une autre donnée importante fournie par Médiamétrie concerne le support de visionnage : logiquement, c’est l’ordinateur qui remporte les suffrages avec 12,6% des 50 ans et plus qui l’ont utilisé pour visionner un programme (contre 4,2% pour la tablette et 2,3% pour le smartphone). Ces chiffres s’expliquent par un taux d’équipement différent, puisque les 50 ans et plus possèdent plus facilement une tablette qu’un smartphone.
Analyse : Des pratiques en évolution
Si ces chiffres illustrent pleinement l’ampleur du phénomène du second écran, ils laissent supposer l’avenir de la Social TV. En effet, ils témoignent de la connectivité toujours plus grande des foyers français. Aussi, la consommation délinéarisée semble petit à petit ne plus devenir un fait générationnel mais être pleinement intégrée dans le quotidien des français. Et avec elle vient toute la richesse de la Social TV, dans les choix narratifs des programmes qui s’accompagnent de véritables stratégies (utilisation des réseaux sociaux, contenus additionnels proposés, gamification…) y compris dans les dénouements des programmes (ceux où on peut choisir la fin, les divertissements où on devient le jury…) appuyées souvent par les réseaux sociaux, mais de plus en plus également par les évolutions technologiques.
Les télés connectées représentent ainsi un avenir de plus en plus ciblé sur nos envies et nos profils. L’analyse permet également d’envisager l’inévitable prise en compte de stratégies Social TV dans l’éditorialisation des contenus. Si à l’heure actuelle les grandes marques de divertissement (« The Voice », « Danse avec les Stars », « La France a un incroyable talent »…), et les inévitables téléréalités ont été pionnières dans la Social TV (elles restent le genre phare des 15-24 ans) et le sont encore comme en témoigne la proposition de M6 pour « Rising Star », d’autres genres plus adaptés séniors ne sont pas en reste comme le prouve notamment le grand succès, y compris digital, de l’émission de Laurent Ruquier « On n’est pas couché », le samedi soir sur France 2. Twitter a bien été intégré dans le programme comme en témoigne la sélection de questions Twitter à l’antenne. Le programme est par ailleurs souvent dans les meilleures audiences sociales de France 2. Cette même chaîne s’est d’ailleurs beaucoup impliquée dans la Social TV avec « Apocalypse » récemment, un programme pourtant plus éloigné des préoccupations des 15-24 ans.
Ainsi, non seulement les séniors actuels rattrapent leur retard et se mettent à être connectés, mais il convient de ne pas oublier que les 15-24 ans d’aujourd’hui vieilliront également. Et il sera acquis pour eux depuis de nombreuses années qu’il est difficile de faire vivre un programme uniquement via le petit écran. Le digital