Un nouveau mécanisme antidépresseur et une nouvelle approche thérapeutique de la dépression nous sont suggérés par ces chercheurs de l’UT Southwestern Medical Center. Leurs conclusions, présentées dans la revue Molecular Psychiatry, sont remarquables à plus d’un titre: D’une part par l’identification de l’action limitante de la ghréline, l’hormone de la faim sur l’ampleur de la dépression mais aussi par la compréhension de l’importance du processus de régénération neuronal dans l’hippocampe sur la réduction de la sévérité de la dépression après une exposition prolongée au stress et enfin, par la preuve de l’efficacité de nouveaux composés.
Cette équipe de médecins-chercheurs américains identifie ici un mécanisme clé dans le cerveau déclenché par la ghréline, l’hormone de la faim, également connue pour son effet naturel antidépresseur. Une étude du MIT, publiée dans la même revue avait déjà évoquée son implication dans les mécanismes dépression/antti-dépresseur indiquant que la ghréline augmente en cas de stress mais peut également à certains niveaux prédisposer le cerveau au syndrome de stress post-traumatique (SSPT).
Cette nouvelle étude précise le rôle de la ghréline et identifie une nouvelle voie thérapeutique puissante pour la dépression, sous la forme d’un médicament neuroprotecteur nommé P7C3.
La ghréline limite l’ampleur de la dépression après une exposition à long terme au stress, explique ici le Dr Jeffrey Zigman, professeur agrégé de médecine interne et de psychiatrie à l’UT Southwestern, et co-auteur de l’étude. Produite dans l’estomac et les intestins, la ghréline, présente des effets antidépresseurs naturels qui se manifestent lorsque ses niveaux augmentent en raison de la restriction calorique ou d’un stress psychologique prolongé, avait démontré, dès 2008, l’équipe du Dr Zigman. Dans cette nouvelle étude, l’équipe montre, sur l’animal, la capacité de la ghréline à stimuler la neurogenèse ou formation de nouveaux neurones dans l’hippocampe (Voir visuel ci-contre), une zone du cerveau qui régule l’humeur, la mémoire et les comportements alimentaires mais joue également un rôle clé dans la réduction de la sévérité de la dépression après une exposition prolongée au stress.Booster le mécanisme d’action de la ghréline par des composés neuroprotecteurs : Les chercheurs ont ensuite regardé si des composés, réputés neuroprotecteurs pouvaient reproduire »en mieux » ce processus constaté avec la ghréline. Les composés P7C3, découverts en 2010 par une équipe de l’UT Southwestern, étaient déjà connus pour leurs capacités neuroprotectrices dans la maladie de Parkinson, la sclérose latérale amyotrophique (SLA) et les lésions cérébrales traumatiques. Ils ont regardé leur impact dans le traitement de la dépression et montrent un effet tout aussi antidépresseur par le même processus de promotion de la neurogenèse. P7C3 des montre ainsi efficace à améliorer rapidement la neurogenèse et à un niveau beaucoup plus élevé que la plupart des médicaments antidépresseurs actuellement disponibles.
Les chercheurs suggèrent que les patients souffrant de dépression liée au stress chronique ou avec des niveaux de ghréline modifiés ou une résistance à la ghréline -comme c’est le cas dans l’obésité et l’anorexie mentale- pourraient être particulièrement sensibles à un traitement avec ces nouveaux candidats-médicaments neuroprotecteurs. L’équipe poursuit ses recherches, les élargissant à tous types de troubles dépressifs, dysthymie et trouble bipolaire inclus.
Source: Molecular Psychiatry 22 April 2014 doi:10.1038/mp.2014.34 The P7C3 class of neuroprotective compounds exerts antidepressant efficacy in mice by increasing hippocampal neurogenesis
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