Chronique Narcisse (T1) : sur la mer et au-delà
Scénario et dessin de Chanouga
Public conseillé : adultes/adolescents
Style : Aventure maritime Paru chez Paquet, le 23 avril 2014
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L’histoire
Sur le bord de l’océan, un enfant rêveur prépare une maquette de bateau pour la lancer sur les flots. Narcisse, le gardien du phare, s’intéresse à lui, certain que le jeune homme a entendu, lui aussi, l’appel du large. En attendant que l’orage passe, il l’invite à se réchauffer chez lui. Ce n’est pas un ogre, comme le croient les gens d’ici, mais un voyageur, qui se languit de la mer. Devant un thé chaud, l’homme commence à raconter sa vie…
1850, à Saint-Gilles sur vie, le jeune Narcisse, 12 ans à peine, lutte contre son père pour lui faire accepter son envie dévorante : devenir marin. Devant l’insistance de sa femme, le père accède à sa demande et l’accompagne, le lundi 12 mai 1850, sur les quais du port des sables d’Ologne. Entre les mains du patron du sloop « L’Eugénie », Narcisse commence alors son apprentissage de mousse, entre travail et roulis permanent. Mais ce n’est pas le cabotage qui le passionne, mais le grand large, le bout du monde qui l’appelle impérieusement…
Ce que j’en pense
Avec ce premier tome de Narcisse, le jeune auteur de BD Chanouga signe son deuxième album (après « De Profundis »). Amoureux de la mer et du voyage, il prend à bras le corps une histoire réelle (celle de Narcisse Pelletier) un jeune mousse, qui, suite à un naufrage, viva 17 ans chez « les sauvages » du Cap Flattery (extrême Nord Australien). Basé sur la documentation existante, Chanouga invente un grand récit d’aventure, en s’authorisant de remplir les « blancs » de son imaginaire.
Il nous offre un album qui glorifie la mer et les voyages. Amoureux de l’onde, il sait partager sa passion et nous faire vivre, à travers « Narcisse », une grande aventure maritime, digne de Conrad, Melville ou Stevenson.
Romantique et Maritime, ce premier tome de « Narcisse » a pour moi beaucoup d’attrait. Chanouga y traite des thèmes (la vie en mer, l’aventure) qui me parlent. Ses dialogues et situations, sans fioritures, rappellent la verve d’un Conrad : Simple, direct, mais profond.
Malheureusement, sa jeunesse, en tant qu’auteur, se fait sentir. Chanouga a du potentiel, mais son découpage, à l’emporte-pièce, est dur à suivre. Il gagnerait à améliorer la fluidité de son récit, qui m’a posé quelques problèmes.
Le dessin
« Narcisse » ne se résume pas à un scénario un peu confus. La maîtrise graphique de son auteur est magistrale. Très à l’aise dans les ambiances maritimes, Chanouga s’en donne à coeur joie. Il enchaîne de grandes cases immersives qui imposent une ambiance lourde et prégnante. Pour un peu, on sentirait l’iode en tournant les pages. Durant toute ma lecture, malgré les difficultés du découpage, j’ai été plongé dans son dessin où se mélangent « bleus » de mer et du ciel aux « marrons » de la peau, de la terre et du bois. Avec cet univers coloriel limité, Chanouga invente mille nuances qui s’entremêlent et se disputent les planches. Le résultat est ma-gni-fi-que et mérite largement qu’on s’y attarde.
Pour résumer
Avec ce premier tome de « Narcisse », Chanouga nous livre un récit semi-réel, d’un mousse au destin fascinant. Entre Conrad et Melville, c’est un album d’aventure maritime profond, porté par un dessin de toute beauté. Même si le découpage et les dialogues manquent encore de fluidité, gageons que Chanouga saura reprendre le cap pour une suite plus mature, mais toujours aussi belle.