Voici une lecture originale, pour celles et ceux qui aimeraient savoir à quoi ressemblent les années de prépa scientifique, ou plutôt ressemblaient, car Patrice Urvoy, qui nous livre ici six ans de sa vie, passa les concours en 1964. 1962 – 1968 : Six ans pour grandir est un récit autobiographique axé sur les années de prépa et celles passées dans l’ancienne école Polytechnique.
Nous avons tous gardé des souvenirs impérissables de ces années là. La Taupe, puis l’école d’ingénieur, correspondent à une période de la vie où l’adolescent se transforme lentement en jeune adulte. Vues de l’extérieur, ces années peuvent sembler atrocement douloureuses – que n’a-t-on parlé de l’enfer des prépas? Pour moi, comme pour Patrice Urvoy pourtant, la taupe passa comme une lettre à la poste, et les concours ne furent qu’une sorte de formalité de fin de cycle. A l’heure où l’on remet en cause l’existence même des grandes écoles, ce petit détour du côté de LLG ne ferait pas si mal à nos réformateurs.
La seconde partie du livre, consacrée aux trois années passées à l’école polytechnique, sont particulièrement instructives. Elles retracent la vie dans l’ancienne école, à la montagne Sainte-Geneviève, et j’y ai découvert une forme toute différente de celle que j’ai connu sur le plateau, vingt ans plus tard. Rythme inversé tout d’abord, avec une année de service en fin de cycle alors que nous commencions, bizarrement, par cette césure dans notre rythme scolaire, césure que j’ai eu bien du mal à surmonter. Et puis, il y a cette implantation parisienne, tout à fait différente de ce que j’ai vécu à Palaiseau.
Bref, voici un petit livre sans prétention, qui se lit très bien au format Kindle, qui évoquera de nombreux souvenirs à certains et fera découvrir l’envers du décor à ceux qui croient – encore – que les X sont des individus différents des autres.