Tout le monde connait le rôle joué par le concierge dans la qualité de services que peut attendre un client séjournant dans un hotel : il est primordial. Le fait que ce personnage arbore les fameuses « clefs d’or » est un label qui n’est pas à la portée de n’importe qui, mais une reconnaissance internationale qu’on ne retrouve que dans dans les grands établissements. Le concierge d’un palace est parfois aussi important que le Directeur Général et tout aussi prestigieux que le chef étoilé qui y officie, c’est le contact direct avec le client, celui à qui l’on s’adresse pour tout service.
Ce métier, car ça en est un, nécessite une formation pointue et une présentation irréprochable, outre le fait d’être polyglotte, le concierge doit avoir un bon carnet d’adresse et être en mesure de répondre à toutes les demandes des clients, mêmes les plus originales. Il inspire la confiance et impose le respect. Dont acte.
Depuis quelque temps, s’est développé un phénomène, qui s’est approprié l’appellation de Conciergerie de Luxe et qui officie de manière quasi illégale dans le paysage touristique national. Je dis bien quasi, car cette « profession » n’est pas répertoriée en tant qu’ entreprises touristiques, telle que définie dans l’article 20 de l’accord cadre Vision 2010.
Ce type d’entreprises apparemment ne sont pas domiciliées au Maroc et sont organisées en réseau à travers le web. Les contacts sont des téléphones à l’étranger ou des mobiles. Pas d’adresses au Maroc, pas de RC, pas de patente, pas de CNSS, rien qui puisse les identifier et pourtant, elles arrivent à générer un grand chiffre d’affaires car elles s’adressent à une clientèle de haute contribution qui ne regarde pas à la dépense et qui recherche avant tout une grande discrétion.
Les services qu’elles proposent sont très diversifiés. Cela va de la réservation d’hôtels, de maisons d’hôtes, de riads, de voitures de luxe, à la privatisation de restaurants, de hammam, de salons de bien être en passant par la mise en contact avec des entités en tout genre pour services divers et variés. Le reportage que vous pouvez visionner en fin d’article, est assez éloquent sur leurs champs d’activité.
Il faut dire que la nature a horreur du vide et si ce métier se développe de plus en plus, c’est qu’il y a une véritable demande, surtout lorsqu’une destination veut se positionner dans le segment du luxe. C’est le cas de Marrakech avec sa panoplie de palaces et de haut lieux de distraction, qui ne peuvent se passer de ce type de prestataires.
L’agent de voyage réceptif marocain ne peut plus se positionner dans ce segment, alors il le subit et tente tant bien que mal de trouver sa place, en ce rapprochant justement de ces fameuses conciergeries de luxe. Ce qui n’est pas aisé, car étant elles mêmes des intermédiaires, elles rechignent à solliciter leurs services préférant traiter en direct et se confectionner par la même occasion, un carnet d’adresses.
Jusque là, rien d’anormal, sauf que par moment elles empiètent sur le champ des agences de voyages qui elles sont réglementées et ne peuvent pas faire tout et n’importe quoi. Alors, lorsqu’on parle de compétitivité des acteurs, et sans vouloir pousser au protectionnisme à outrance, il faudrait une plus grande vigilance afin que nouveaux arrivants ne chassent définitivement les anciens.
Pour cela, il faut une véritable prise de conscience de la part des réceptifs qui doivent absolument se remettre en question, innover et surtout s’organiser pour continuer d’exister. C’est dans ce cadre, que la commission crée au sein du comité de pilotage mis en place lors de la dernière réunion Ministère/CNT, doit œuvrer en urgence.